Glossaire

A

AJNA

Foyer d’énergie situé entre les sourcils ; troisième œil ; le 6ème des 7 chakras, situé en réalité au centre du cerveau/thalamus.

AKASHA

Éther, la plus subtile et omniprésente des manifestations matérielles.

ASANA

Posture confortable, siège, 3ème des 8 parties du Yoga.

ASHRAM

Lieu de retraite monastique dirigé par un gourou ou un maître dépositaire d’un enseignement traditionnel.

ÂTMAN

Âme, Esprit, Brahma individualisé.

AVATAR

(lit. Venir de l’extérieur) une incarnation du Seigneur Suprême en forme humaine. Par ex. : Christ, Krishna, Rama, Zoroastre.

AVIDYA

Ignorance.

B

BAN MARG

Lavoie de gauche. Voir chapitre sur la transmutation d’énergie.

BARDO

Étape intermédiaire entre la mort et la renaissance pendant laquelle il est possible d’atteindre l’illumination si l’on a fait les pratiques tibétaines appropriées.

BHAKTI YOGA

Yoga de la dévotion.

BHAJAN

Chant sacré, musique dévotionnelle.

BINDU

Forme inférieure de Prana.

RAHMACHARYA

(lit. Vivre en Brahma) fréquemment employé pour désigner l’abstinence sexuelle ou celui qui la pratique.

BRAHMAN

Absolu duquel tout émane, Ultime réalité.

C

CHAKRAS

(lit. Roues – symbole de la loi bouddhique). Foyer d’énergie psychique du corps ; en Occident, on les appelle plexus.

CHELA

Disciple.

CHILLUM

Pipe cylindrique en terre utilisée pour fumer l’herbe – ganja/char.

D

DHARMA

Loi universelle.

DYANA

Autre terme pour méditation, identification ave le Soi.

G

GASHO

Mot d’origine Zen signifiant prosternation, révérence à un être qui reconnaît le Bouddha dans tous les êtres vivants.

GELUGPA

École du bouddhisme tibétain dont le chef spirituel est S. S. le Dalaï Lama XIV.

GOPIS

Laitières, servantes de ferme séduites par le vacher joueur de flûte, le Seigneur Krishna.

GOUROU

Guide ou précepteur spirituel.

H

HATHA YOGA

(Ha : Soleil, Tha : Lune). Travail sur le corps, yoga du contrôle de l’esprit qui prend le contrôle du corps pour point de départ.

HRIDAYAM

Cœur spirituel.

I

IDA

Nerf subtil se trouvant à gauche de shushuma (le canal de kundalini dans la colonne vertébrale). La nadi solaire. Voir pingala.

ISTA DEVATA

Un dieu personnel (Ishvara) qui reçoit les prières et qui protège le chela sur la Voie.

J

JAPA

Répétition cadencée du Nom de Dieu qui se fait généralement avec un mala.

JNANA YOGA

Yoga de la connaissance, voie du jugement et de la raison.

K

KAGYUPA

École ascétique des bouddhistes tibétains «bonnets rouges», de la lignée de Milarépa dont l’actuel chef spirituel est S. S. Gyalwa Karmapa XVI. La France compte déjà 9 centres Kagyupa.

KARMA

(lit. Action) Loi de cause à effet. Propagation apparente de l’énergie sous forme de pensées, paroles et actions.

KARMA YOGA

Réalisation par l’action. Service désintéressé. (Sat Seva).

KINHIN

Méditation marchée, pratiquée dans le bouddhisme Zen.

KIRTAN

Répétition chantée des Noms de Dieu.

KOAN

Exercice de méditation basé sur la question ou le paradoxe pratiqué par les maîtres du Zen Rinzai.

KUNDALINI

Énergie canalisée à la base de la colonne vertébrale et qui s’élève ensuite comme un serpent à l’aide de divers exercices de yoga pour ouvrir tous les chakras de la conscience.

L

LOVE

Prononce le NOM et sois libéré, on ne possède pas l’amour quand on est l’amour.

LAMA

Gourou.

M

MAHAMUDRA

L’union des opposés, la Voie du Milieu, le Grand Symbole.

MAHAYANA

Grand Véhicule du bouddhisme tibétain, chinois et japonais.

MAITHUNA

Pratique du yab-yum (pratique sexuelle où la femme est assise en face de l’homme).

MALA

Chapelet de 108 perles plus une perle-gourou, utilisé pour la japa et les récitations de mantras.

MANDALA

(lit. Cercle). Arrangement de lignes, de couleurs, de formes géométriques et psychométriques utilisé comme véhicule de méditation.

MANTRA

Mot, syllabe ou phrases induisant des états de conscience en rapport avec les chakras concernés.

MAYA

Le monde phénoménal.

MERU

La Montagne du Centre.

MOUNI

Sadhu qui pratique le silence comme Upaya.

MOXA

Libération.

MUDRA

Position des doigts, des mains ou des membres permettant de diriger le trajet de Prana.

MUHLBANDH

Fermeture du sphincter anal.

N

NAD YOGA

Le yoga du son intérieur (de nadi : vaisseau psychique).

NADI

Vaisseau psychique.

NIRVANA

Unité avec le Tout et chaque chose, avec tout et rien, état au-delà de karma.

NIRVIKALPA SAMADHI

La super conscience la plus haute, au-delà de la forme où il n’y a plus de distinction sujet/objet.

NYINGMAPA

École tantrique du bouddhisme tibétain dont le chef spirituel est S. S. Dudjom Rinpoché ; ses pratiquants ne sont pas nécessairement moines.

O

OJAS

La forme la plus élevée de Prana.

OM (AUM)

Somme totale de toute énergie, cause première, vibration fondamentale.

P

PADMASAMBAVA

Posture du lotus complet où les jambes sont croisées, les pieds reposant sur les cuisses.

PANDIT

Érudit.

PINGALA

Canal du nerf subtil de droite, nadi solaire. Voir Ida.

PRAJNA

Sagesse intuitive suprême.

PRANA

Énergie vitale diffusée dans l’univers.

PRANAYAMA

Contrôle de Prana par le contrôle de la respiration.

PRASAD

Nourriture consacrée.

R

RAM(A)

Avatar solaire incarné dans le Satya Yuga.

RINPOCHÉ

(lit. Le Précieux) Titre donné aux Tulkus et Hauts Lamas.

ROSHI

Maître ou guide Zen.

S

SADHAK

Aspirant spirituel faisant Sadhana.

SADHANA

Voie, travail ou expérience spirituels.

SADHU

Travailleur à plein-temps o, Saint homme.

SAMADHI

Unité de l’Esprit, union absolue du sujet et de l’objet.

SAMSARA

Cycle répétitif des naissances-morts-renaissances.

SANYASI

Celui qui a renoncé. Moine mendiant en robe ocre.

SAT CHIT ANANDA

Être-Connaissance-Félicité complète. Notre vraie nature.

SATSANG (SANGHA)

Communion ou communauté des pratiquants (Sat Gourou, Sat Sang, Sat Seva : Guide pur, Compagnon pur, Service pur).

SATTVIC

Pur.

SATYA YUGA

L’Age d’Or de la Pure Vérité.

SIDDHI

Pouvoir occulte.

IVA

Le destructeur de l’ego représenté comme un danseur, incarné en Shankara, Bhagavan Ramana Maharshi.

T

TAO

La voie et la VOIE.

TANTRA YOGA

Yoga de l’utilisation des sens pour aller au-delà des sens, souvent appelé Voie Rapide.

TAPASYA

Austérité, pénitence, purification par le feu.

TRATAK

Discipline visant à fixer et «groquer» un objet ponctuel comme la flamme d’une bougie, une fleur, le Soleil.

U

UDYANABANDH

Fermeture de l’intestin grêle.

UPAYA

Méthode.

V

VAIRAG

Dissolution des désirs mondains.

VAJRAYANA

La Voie de Diamant du bouddhisme tibétain.

VISHARA ATMA

Qui suis-je ?

VISHNOU

Le préservateur, incarné en Rama, Krishna, Bouddha, Jésus.

Y

YOGA

Joug, union, aplanir le chemin pour permettre à Dieu de se réaliser.

Z

ZAZEN

Être à l’état naturel, cessation de l’activité conceptuelle

ZENDO

Lieu où se pratique zazen.




Table des matières





Dédié à ceux qui désirent la vivre…


Introduction


Nous offrons ce livre avec humilité. Nous l’offrons avec une conscience compassionnée de notre propre condition – et de la vôtre. Nous voyageons tous vers l’illumination, et devons, à chaque étape, partager le fruit de nos découvertes avec ceux qui veulent entendre – partager fait partie du travail. Nous sommes tous en chemin.

« Un voyage de mille lieues débute avec un pas »

— Lao Tseu.

Mais où commencer ? La réponse est simple : tu commences simplement là où tu es.

« Il suffit de s’engager sur cette Voie pour la voir partout. »

— Hermès Trismégiste.

Alors tu comprends l’inévitable processus de l’évolution de la conscience… quotidiennement, lentement, le nuage de l’illusion devient de plus en plus transparent… jusqu’au moment où brille la lumière.

Ce manuel ne concerne ni plus ni moins que la vie de tous les jours. D’abord tu «fais» Sadhana (travail sur la voie spirituelle) dans un cadre limité du temps et de l’espace, en allant à l’église le dimanche, ou en te défonçant le samedi soir, ou en méditant chaque matin. En fin de compte, il apparaît que Sadhana, c’est tout ce que tu fais.

Attention : « Si tu n’as pas de place dans ton salon pour un éléphant, ne choisis pas tes amis parmi les cornacs… » Mystique Soufi.

Ce manuel contient une grande variété de techniques. Car les besoins de chacun sont différents et chacun se trouve à une étape différente de la voie. Mais il en est comme de tout livre de recettes : chacun prend ce qui lui convient. En écoutant ta propre voix intérieure, tu sauras où tu te trouves aujourd’hui, et quelle est la méthode la plus efficace pour te conduire à la lumière.

« Que le Soleil brille sur toi longtemps
Que tout l’amour t’entoure
Que la pure lumière intérieure te conduise chez toi. »

Incredible String Band

Être prêt

Phrases-clés

« Il y a un temps pour tout, un temps pour toutes les choses sous les cieux. »

— L’Ecclésiaste.

« Que celui qui a des oreilles entende.

— Jésus.

« Ouvrir une noix encore verte est pratiquement impossible, mais laissez-la sécher et le moindre coup fera l’affaire.

— Ramakrishna.

« N’est-ce pas alors une erreur que de précipiter le temps de l’éveil ? Lui-même a donné la réponse : il veut savoir. Concernant le reste du chemin, le plus grand maître ne pourra pas même faire un seul pas pour son disciple : il doit faire en lui-même de chaque étape du développement de la conscience. Voilà pourquoi il n’aura aucune connaissance pour laquelle il n’est pas mûr.

— De Lubicz.

« Un chasseur ne comprendrait pas qu’il est mal de tuer.

— Hari Dass Baba.

« Je découvris que la difficulté majeure de la plupart des gens était de réaliser qu’ils venaient vraiment d’entendre des idées nouvelles : c’est-à-dire des choses des choses qu’ils n’avaient jamais entendues auparavant. Ils persistaient à traduire ce qu’ils entendaient dans leur langage habituel. Ils avaient désespéré de croire qu’il put y avoir du nouveau. »

— Ouspensky.

« Mais l’homme du commun ne reçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu car elles ne sont que bêtises pour lui. De même il ne peut les connaître car elles sont spirituellement discernées. »

— Saint Paul.

« S’il veut travailler sur lui-même, il doit sacrifier sa tranquillité. Garder les deux n’est possible en aucune façon. L’homme doit faire son choix. Mais en choisissant, le résultat n’est souvent qu’un leurre : l’homme tente de se leurrer. En paroles il choisit le travail, mais en réalité il se refuse à perdre sa tranquillité.

Une telle reconnaissance est la chose la plus difficile pour un homme qui se croit capable de décider en toutes choses. »

— Ouspensky.

« Je souhaiterais pouvoir rejoindre les Solitaires au lieu d’être Père Supérieur et d’avoir à écrire des livres. Mais je ne souhaite pas avoir ce que je souhaite, bien entendu. »

Abbé John Chapman.

« On peut dire qu’il y a une règle générale pour tout le monde. Afin de pénétrer ce système sérieusement, les gens doivent être déçus, tout d’abord par eux-mêmes, c’est-à-dire par leurs pouvoirs, puis alors par les vieilles habitudes. Un homme, s’il est un scientifique, devra être déçu par la science. S’il est religieux, il devra être déçu dans sa religion. S’il s’agit d’un politicien, il devra être déçu par la philosophie. S’il s’agit d’un théosophe, il devra être déçu par la théosophie. S’il est occultiste, il devra être déçu par l’occultisme. Et ainsi de suite. »

— Gurdjieff, d’après Ouspensky.

« Il est temps maintenant pour nous de sortir du sommeil. »

— Saint Bénédict.

« Le monde, ou la vie extérieure, n’est pas une vallée de larmes pour ceux qui en jouissent, mais pour ceux qui ont une connaissance d’une vie supérieure. L’animal jouit de la via animale, et l’intellect des sphères intellectuelles, mais celui qui a entamé son retour reconnaît son existence terrestre comme un fardeau et une prison. Avec cette reconnaissance, il se charge de la croix du Christ. »

— Jacob Boehme.

« En vérité je te le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu… Á moins de naître d’eau et d’esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né d’esprit est esprit. »

— Jésus.

« Nous sommes nés dans le monde de la nature, notre seconde naissance est au monde de l’Esprit. »

— Bhagavad Gita.

« Si tu ne te convertis et ne devient pareil à un petit enfant, tu n’entreras pas au royaume des cieux. »

— Jésus.

« Je vous ai mené jusqu’ici et j’ai été votre guide. Ici même j’enlèverai la coiffe de l’autorité qui fut une couronne d’épines pour celui que j’ai souvenance d’avoir été. Très loin au fond de moi, là où le souvenir de ce que je suis reste sans nuage, un petit enfant se réveille et fait pleurer le masque du vieil homme. Un petit enfant qui cherche père et mère, qui cherche comme vous aide et protection, une protection contre ses plaisirs et ses rêves, et de l’aide pour devenir ce qu’il est sans imiter personne. »

— René Daumal.

« Mais je m’étais vu, ou plutôt, j’avais vu en moi-même des choses que jamais je n’avais vues auparavant. Il ne pouvait y avoir de doute là-dessus, et bien que je redevins par la suite celui même que j’avais été, je ne pouvais m’empêcher de savoir que cela avait été, et je ne pus rien oublier. »

— Ouspensky.

« Aussitôt qu’un homme est disposé à rester seul avec Dieu, il est seul avec lui où qu’il soit… à la campagne, dans la forêt ou à la ville. L’éclair jaillit d’est en ouest, illuminant l’horizon entier et frappant où il lui plaît, et au même instant l’infinie liberté de Dieu jaillit dans les profondeurs de l’âme de cet homme et il est illuminé. À cet instant il découvre qu’au lieu d’être, comme il lui semblait, au milieu de son voyage, il est déjà arrivé au bout. Car la vie de Grâce sur terre est le début de la vie de Gloire. Bien qu’il soit un voyageur du temps, il a ouvert ses yeux pour un instant dans l’éternité. »

— Merton.

« Demande et il te sera donné, cherche et tu trouveras, frappe et on t’ouvrira. Car celui qui demande reçoit, celui qui cherche trouve et à celui qui frappe on ouvrira. »

— Jésus.

Gourou et maître

Question : J’ai lu dans plusieurs livres saints qu’il fallait un gourou, un guide spirituel, pour réaliser un état illuminé. Si cela est vrai, que dois-je faire pour en trouver un ?

Réponse : À certaines étapes du voyage spirituel, une accélération de l’esprit est produite par la grâce du gourou. Quand tu te trouves aux étapes où tu as besoin d’un tel catalyseur, il sera là. Il n’y a vraiment rien que tu puisses faire toi-même en ce qui concerne les gourous. Ça ne marche pas comme ça. Si tu vas chercher un gourou quand tu n’es pas prêt pour le trouver, tu n’obtiendras pas ce que tu cherches. Par contre, si tu es prêt, le gourou sera là précisément où tu te trouves et au moment opportun.

Tout ce que tu peux faire c’est purifier ton corps et ton esprit. Chaque étape de ta purification te rendra sensible à de nouveaux degrés de perception. À la fin tu parviendras au niveau où le gourou t’attend. Personne ne manque jamais de recevoir la grâce du gourou au moment où il est prêt.

Question : Est-ce que tout le monde a un gourou ?

Réponse : Oui. Cependant il n’est pas certain que tu rencontres le gourou sur le plan physique dans cette vie. Ce n’est d’ailleurs pas nécessaire. Puisque la relation gourou-chéla (disciple) ne se trouve pas sur le plan physique, le gourou peut agir sur toi intérieurement. Tu peux le rencontrer en rêve ou par vision ou simplement ressentir sa présence. Quoi qu’il en soit, ce n’est qu’à la suite de nombreuses purifications que tu vas honorer ces rencontres plutôt que leur préférer des manifestations plus grossières. Il y a de nombreux saints qui ont atteint l’illumination sans jamais rencontrer leur gourou dans une forme physique.

Question : Comment saurai-je me purifier sans la conduite d’un gourou ?

Réponse : Détends-toi. Tu es guidé. En fait, le prochain message qu’il te faut dans la course au trésor se trouve exactement où tu es quand tu en as besoin. Le message peut aussi prendre la forme d’un maître, d’un amant, d’une mascotte, d’une pierre, d’une substance chimique, d’un livre, d’un sentiment de détresse, d’une maladie ou du regard de la personne que tu croise dans la rue.

Question : Quelle différence y a-t-il entre le maître et le gourou ?

Réponse : Un maître indique la voie, un gourou est la voie. Au cours de ton éveil tu auras des milliers de maîtres. À travers leurs enseignements le gourou attend en te faisant signe de l’au-delà.

Question : Nombreux sont ceux qui se prétendent gourous. Dois-je suivre l’un d’eux ? Et comment choisir parmi eux ?

Réponse : Tu ne choisis pas de suivre un gourou. Ça ne se passe pas comme ça. En cas de doute, ne choisis personne. Quand la manifestation correcte de ton gourou apparaîtra, tu le sauras de tout ton cœur. C’est une reddition qui n’est pas une reddition. C’est inévitable et totalement contraignant.

Ceci dit, il est bien possible que l’être que tu reconnaîtras par la suite comme ton gourou vienne à toi et te dise : je suis ton gourou et qu’alors tu résistes. Simplement parce que tu n’es pas prêt. Honnêtement, tu ne peux pas faire autrement, ne t’en fais pas. Quand tu seras prêt, il sera de retour. Sois détendu, aie confiance dans le processus…

Question : Avec quelle sorte de maître devrai-je étudier ?

Réponse : Écoute ton être intérieur. Si tu te trouves au point où tu te sens le besoin d’instructions pour calmer ton esprit ou remettre ton corps en forme, alors tu seras sensibilisé aux maîtres qui pourront t’instruire dans ces pratiques particulières. Souvent, tu trouveras un maître qui dispense cet enseignement sans pour autant qu’il suscite en toi beaucoup d’amour ou de confiance. Honore-le comme ton maître, apprends ce que tu peux et poursuis ta route. Surtout, fais confiance aux messages qui te viennent de ton cœur et de ton intuition.

Ce voyage est un voyage intérieur. Le charisme d’un être impur tel un Hitler resterait sans influence sur une autre personne si celle-ci est honnête avec elle-même et totalement fidèle à sa voix intérieure. Il y a un endroit dans tout être humain où il sait exactement «de quoi il retourne»  à tout instant. Alors si tu doutes de ton prochain pas, il te suffit d’écouter. Si tu doutes encore, attends. Tu sauras bien quand le moment sera venu pour toi de poursuivre.

Exercice

  1. Purification avec gourou Rinpoché.

    Considère un être d’amour et de pure lumière (que tu peux nommer Padmasambhava, celui qui apparaît du Lotus) qui est assis au milieu d’un lac, devant toi, sur une fleur de lotus. Il est devant toi et légèrement au-dessus… de façon que tu lèves ton regard vers lui à un angle de trente degrés. Il pénétrera ton cœur quand tu te seras suffisamment purifié.

    1. Ayant bouché ta narine gauche, expire trois fois profondément par ta narine droite. Visualise l’air rejeté en rouge foncé comme étant tous tes maux et tes attachements corporels.
    2. Bouche ta narine droite et expire trois fois profondément, cette fois par la narine gauche. Visualise l’air rejeté en bleu-gris comme étant toute ta colère et tes obstacles mentaux.
    3. Expire ensuite trois fois par la bouche. Visualise l’air en violet comme la paresse qui retarde ta progression, l’inertie et… souffle-la.
    4. Visualise maintenant qu’à partir d’ajna (le point entre les sourcils) de Padmasambhava et directement à ton ajna, un rayon perçant de lumière blanche brûle son chemin en toi et purifie des péchés et des fautes commises par le corps (le son associé à ceci est OM).
    5. Visualise ensuite un rayon de lumière rouge du chakra de la gorge (point d’énergie) de Padmasambhava venant directement au centre de ta gorge. Ce rayon purifie des fautes associées à la parole et des mensonges (le son associé au chakra est AH).
    6. Puis visualise un rayon de lumière bleue venant du cœur de Padmasambhava en ton cœur. Ce rayon te purifie des fautes commises dans l’ignorance et des pensées erronées (c’est-à-dire des pensées qui entretiennent l’illusion). (Le son associé à ce rayon est HUM).
    7. Laisse à présent ce rayon bleu devenir une large avenue de lumière bleue : alors tu verras Padmasambhava descendre cette avenue et entrer directement dans ton cœur. Là il s’assiéra dans ton hridayam (cœur spirituel). Son mantra est : Om Ah Hum Vajra Gourou Padma Siddhi Hum. Il signifie : Gourou trinitaire (le non manifesté, manifestation possible et manifestation) porteur de la foudre, à la compassion insoutenable et au pouvoir infini, qui réside en mon cœur. Dire son mantra, c’est le garder en son cœur… jusqu’au moment où lui et toi deveniez un.
  2. Les quatre vœux du Boddhisattva (à dire trois fois).
    1. Je prends la résolution d’atteindre l’éveil pour le bien de tous les êtres vivants.
    2. Je veux trancher toutes les racines des passions illusoires.
    3. Je veux ouvrir l’ultime porte du Dharma.
    4. Je veux réaliser la voie suprême du Bouddha.

Phrases-clés

« Gourou, Dieu et Soi sont Un

— Ramana Maharshi.

« Fais taire tes pensées et concentre toute ton attention sur ton Maître que tu ne vois pas mais que tu sens.

— H. P. Blavatsky.

« L’influence du Gourou est gênée par l’activité mentale, la confiance en ses propres efforts et par toutes espèces d’efforts de la conscience égocentrique.

— Sathya Sai Baba.

« Quelle est la nature de la grâce du Gourou ?
Elle est au-delà de la pensée et du mot.
Comment peut-on dire alors que le disciple réalise son Être véritable en vertu de la grâce du Gourou ?
C’est comme un éléphant se réveillant en voyant un lion en rêve.
Il suffit de l’apparence d’un lion en rêve pour réveiller l’éléphant. De même un seul regard de grâce de la part du Gourou suffit à réveiller le disciple du sommeil de l’ignorance et lui donner la Connaissance du Réel. Cela est sûr et certain

— Ramana Maharshi.

D’un Gourou désincarné à son disciple : « Enfant, tu dois méditer davantage, ton regard n’est pas encore sans faute. J’étais assez touché, dans l’éther, par l’agitation de ton esprit inquiet

— Babaji.

Ainsi l’implorai-je avec ferveur : « C’est mon plus grand désir de pouvoir effectivement faire l’expérience de votre gracieuse sagesse. Je vous en prie, exaucez mon vœu. » En ces jours-là, Shri Ramana ne parlait guère et cependant il répondit gentiment : « est-ce le corps devant moi qui désire obtenir ma grâce ? Ou bien la conscience en lui ? S’il s’agit de la conscience, ne se considère-t-elle pas à présent comme le corps en faisant cette demande ? Si tel est le cas, laissez d’abord la conscience connaître sa véritable nature. Elle connaîtra alors automatiquement Dieu et ma grâce. Cette vérité peut être réalisée maintenant, ici même. »

— Le journal de Ramana Maharshi.

« L’eau de pluie tombe sur le toit de la maison, coule à terre par des gargouilles grotesques figurant chacune une tête de tigre. On a l’impression que l’eau vient de la gueule du tigre, mais en réalité elle vient du ciel. De même, les enseignements qui nous viennent des lèvres des sages semblent être donnés par ces mêmes hommes, alors qu’en réalité ils proviennent de Dieu

— Ramakrishna.

« La grâce du Gourou est comme un océan. Celui qui vient avec une tasse n’en retirera qu’une tasse. Aucune mesquinerie de la part de l’océan. Plus le vase est grand et plus on pourra recevoir. Cela dépend entièrement de soi

— Ramana Maharshi.

Renoncer

Il se peut que tu conçoives le renoncement comme un acte extérieur, telle une résolution de nouvel an, ou le fait de quitter la famille et amis pour aller vivre dans une grotte. Mais le renoncement est beaucoup plus subtil, plus difficile, et bien plus durable que cela.

Dans le voyage spirituel, le renoncement signifie non-attachement. Se libérer de l’attachement consiste à rompre le lien qui t’identifie à tes propres désirs. Les désires persistent, ils font partie de la danse de la nature. Mais celui qui a renoncé ne pense plus qu’il est ses désirs.

« Quelle nécessité y a-t-il de laisser tomber entièrement le monde ? Il suffit à l’attachement au monde.

— Ramakrishna.

Un sadhak (celui qui fait Sadhana) voit clairement que ses désirs créent son propre voile d’illusions. Bientôt les désirs disparaissent d’eux même. Ce processus est le commencement de vairag (la dissolution des désirs mondains). À mesure qu’un désir est dissout, lui succède une forme plus subtile. De même celle-ci doit être abandonnée. À la fin, seul le désir de félicité subsiste. Et celui-là même doit être écarté. Tant qu’un désir te retient ou te pousse, tu es comme une flamme qui vacille dans le vent. Mais plus tu approches de ton centre, en brisant l’identification avec le désir, plus tu deviens calme, comme la bougie dans un abri que nul vent ne dérange.

Souviens-toi, tu ne peux te passer du désir, ni l’abandonner, ni même essayer de t’en défaire. Cependant, à mesure que grandisse ta sagesse et ton engagement dans la Sadhana, les désirs vont simplement s’éclipser.

« Tu ne peux pas arracher la peau du serpent, c’est lui qui s’en défait quand le moment est venu

— Hari Dass Baba.

Lorsque tu te dégages de tes attachements et trouves la quiétude, tu deviens capable de voir de plus en plus clairement que tout est… la Voie. Et mieux tu comprendras, plus tes actions seront en harmonie avec la Voie… avec sa Volonté.

Alors tu comprendras vraiment : pas ma volonté, mais la Tienne, Seigneur.

Phrases-clés

« Le désir est un piège, l’absence de désir est Mona (libération), le désir est le monde, le désir est le créateur, le désir est le destructeur.

— Hari Dass Baba

« N’amassez point de trésors sur terre, où la teigne et la rouille corrompent, où les voleurs percent et dérobent. Mais amassez des trésors dans le ciel, car où est ton trésor, là aussi sera ton cœur.

— Jésus

« Quand un pickpocket rencontre un saint, il ne voit que ses poches.

— Hari Dass Baba

« Partout où je regarde, je ne vois que mes propres désirs.

— Hari Dass Baba

« Là où se trouve le corps, les aigles s’assemblent.

— Jésus

« Trois renoncements sont inscrits sur chapeau de la pauvreté : renonce à ce monde ; renonce au suivent ; renonce à renoncer.

— Poète Soufi

« Quand tu n’as rien, tu n’as rien à perdre ; maintenant tu es invisible, tu n’as aucun secret à cacher.

— Bob Dylan

« L’abeille qui tombe dans le miel y perd l’usage de ses ailes ; ainsi l’âme s’agrippe aux douceurs spirituelles gâche sa liberté et fait obstacle à la contemplation.

— Aurobindo

« Il se meut en pleine conscience dans le flot cosmique. Dans son mouvement, il ne perd que ses limitations. Il peut emporter en essence toutes les expériences et toute la compréhension qu’il a acquise.

— Collins

« L’essence de la civilisation ne consiste pas à multiplier les désirs, mais se trouve dans leur renonciation volontaire et délibérée.

— Gandhi

« Sors-le, lâche-le, laisse-le aller, chante-le, jette-le. Suivre la voie complétement est certainement une sainte chose mais, hélas, nombreux sont ceux qui traînent en route pour voir et sentir les beaux tournesols dorés ou qui saisissent les mains de l’éternité, ou qui pratiquent la félicité extatique, ou la circulation de la lumière ou qui n’atteignent ni la perception ni la non-perception ; à force de traîner, tu pourrais rester coincé pendant des kalpas… tu ne peux ni avancer, ni reculer, ni rester en place. Vas-y ! Bouge ! Bouge ! Bou…

— Bhagavan Dass

« Voilà pourquoi je vous dis : ne vous souciez pas pour votre vie, de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous serez vêtu. La vie n’est-elle pas plus que la nourriture ? Et le corps plus que le vêtement ?

— Jésus

« Celui qui son père et sa mère plus que moi n’est pas digne de moi.

— Jésus

« En laissant aller, tout s’accomplit,
le monde est à ceux qui laissent faire
tandis que celui qui s’acharne
n’aura jamais rien au monde

— Tao Te King

Tapasya

Le renoncement le plus direct paraît être la suppression pure et simple de la satisfaction de ses désirs. Ainsi, si l’on est préoccupé par la nourriture et les gratifications orales, on jeûne. Si l’on est travaillé par le sexe, on laisse tomber les rapports, et ainsi de suite. Cette technique est appelée tapasya ou « cristallisation par le feu ».

« Si un homme est satisfait et suit complaisamment tous ses désirs, il n’y aura jamais de lutte intérieure en lui, aucune «friction», aucun feu. Mais s’il se confronte aux désirs qui l’entravent, afin d’atteindre un but précis, il crée alors en lui un feu qui transformera graduellement son être intérieur en un tout unique.

— Ouspensky

Le combat systématique qui s’engage dans la pratique des austérités, si cela est vu comme faisant partie de la Sadhana, est une puissante confrontation intérieure. Cela te montre clairement où tu en es. Par exemple, si tu as l’habitude de te lever à 8 h, essaye alors de te lever régulièrement à 4 h. (Bouddha et tous les êtres élevés enseignent que le meilleur moment de la journée pour travailler sur soi-même se situe entre 4 et 7 heure du matin) Ou encore, si tu apprécies un lit moelleux, dors sur un matelas à même le sol.

Mais en ce qui concerne toutes formes d’austérité, il est bon de garder ces deux avertissements à l’esprit :

  1. Les austérités peuvent contribuer à fortifier ou mettre en valeur l’ego. L’orgueil d’une grande souffrance et le masochisme en sont deux exemples.

    « Autre chose à sacrifier, c’est la souffrance. On ne peut pratiquer si l’on n’a abandonné la souffrance. Rien ne s’acquiert sans souffrance et pourtant il faut commencer par sacrifier la souffrance

    — Ouspensky

  2. Les austérités excessives (par rapport au degré d’évolution spirituelle de l’individu) ne sont que démonstration de la volonté de l’ego, et peuvent endommager le corps et l’esprit de façon à rendre une future Sadhana difficile sinon impossible dans cette vie.

    « Et même dans ses résolutions, qu’il agisse avec prudence, sans aller trop loin, sans quoi il risquerait de briser le vase en grattant la rouille avec trop d’empressement.

    Règle pour l’Abbé Ch. 64

Deux exemples :

Il existe une méthode de méditation dans laquelle le sadhak est assis en lotus dans le désert et fixe directement sans ciller, du lever jusqu’au coucher. Bien sûr, la plupart de ceux qui tenteraient l’exercice se brûleraient la rétine et deviendraient aveugles. Cette pratique est donc réservée à ceux qui sont évolués au point où l’esprit est totalement rassemblé, pour pouvoir garder les yeux ouverts en direction du Soleil, sans jamais pourtant le «regarder».

Le Pranayama, qui suppose le contrôle de la respiration comme véhicule de prana (ou force vitale) inclut dans ses formes avancées, l’arrêt de la respiration pour des périodes de temps de plus en plus longues.

Cependant, on n’accède à ces degrés très délicats du Pranayama qu’après des purifications considérables du corps et de l’esprit ; à ce stade, en effet, la respiration s’arrête d’elle-même sans que le sadhak ait conscience de la retenir.

On cite le cas d’un débutant trop zélé qui s’injecta des agents chimiques pour renforcer sa «volonté» et… qui satura les mécanismes autorégulateurs de son organisme, pour atteindre un Pranayama de plus en plus profond. Et il mourut ! Quitter son corps de cette manière apparaît comme une forme subtile de suicide, qui nous laisse avec davantage encore de travail à accomplir, mais sans support pour progresser jusqu’à la prochaine.

De tels exemples nous font espérer rencontrer un maître vraiment bon, sage et paternel qui nous imposerait une discipline. Mais cet espoir n’est généralement qu’une démission, car à ce point, pratiquement tout ce qu’un maître pourrait nous enseigner, nous le savons déjà !

On a tellement de possibilités en soi pour s’en sortir… (Plus tard, lorsqu’on a suffisamment progressé sur la voie de la purification, et qu’un maître devient vraiment indispensable, il apparaît).

Quand on entreprend n’importe quelle tapasya, on est généralement accablé par la quantité d’ego qui s’infiltre. L’orgueil, l’apitoiement, l’envie de descendre en marche parce qu’on ne voit plus de but, la confusion, l’impression de lenteur… tous ces démons de l’ego et beaucoup d’autres encore s’insinuent pour déjouer nos efforts. Ils réussiront mille fois et tu abandonneras la tâche avec dégoût. Mais mille te une fois, tu y reviendras parce que tu sentiras que tu es en bonne voie. C’est ainsi qu’on progresse. Chaque fois que tu trébuches et tu tombes, par exemple en cédant au plaisir, relève-toi aussitôt. Quand nous tombons, nous avons cette tendance à rester assis par terre, à ressasser notre impuissance et notre culpabilité.

« Quel que soit le poids de la faute, si l’on cessait de se lamenter : «Hélas, je suis un tel pécheur, comment atteindrai-je la libération ?» Et que l’on rejette l’idée même de faute, en poursuivant avec foi, on parviendrait assurément à s’amender

— Ramana Maharshi.

Une autocritique n’est en fait que la danse de l’ego. Laisse passer et accepte. Après tout, si nous en avions terminé nous n’en serions pas là… Accepte simplement de te trouver là où tu es ici et maintenant, et vas-y à fond.

Voici pour suivre des exercices pour ceux qui se sentent prêts à entreprendre quelques austérités, afin de progresser éventuellement dans la joie.

Exercice

  1. Prends l’habitude de garder le silence quelques heures chaque jour. C’est plus facile si l’on ne sort pas, ou si l’on est entouré de gens qui comprennent ce qui se passe. (En Inde, si tu es au silence, tout le monde comprend tout de suite : «Ah Mouna» et on te respecte. En occident, soit c’est reçu comme une manifestation d’hostilité, soit comme une incapacité pour laquelle tu es à plaindre. L’une et l’autre réaction te rendent le travail plus difficile.) Au début, tu pourrais souhaiter rester seul durant ces quelques heures. Par la suite tu pourras te sentir tout à fait à l’aise avec des gens sans avoir à parler.

    Bientôt tu te sentiras capable d’établir une journée de silence par semaine. Quelques communautés spirituelles ont adopté une telle journée de silence dans leur programme, au plan collectif ; dans beaucoup d’endroits, les repas sont pris en silence.

  2. Si tu désires entreprendre de plus longues périodes de silence, tu pourras envisager d’utiliser une ardoise. Certain en portent avec un cordon autour du cou, auquel est attaché également un morceau de craie. Ainsi tu peux communiquer tout ce qui est d’importance pratique. Quoiqu’un peu encombrant, c’est un excellent moyen de démontrer aux autres leur propre verbosité. Le fait d’avoir à écrire chaque message amène très vite à une grande concision, pour atteindre l’essence de ce qui doit être communiqué. C’est de cette manière que Hari Dass Baba a mené à bien de nombreuses tâches pendant quinze ans sans parler. Les effets de cette modeste tapasya se manifesteront très rapidement par un calme accru de l’esprit, par une énergie plus grande et par la faculté précieuse de mieux savoir écouter.

D’autres exercices concernant tapasya se trouvent dans d’autres chapitres de ce livre de recettes.

Phrases-clés

« Préservez vos pouvoirs. Les aspirations sensuelles renouvelées chaque jour ne font que saper votre paix intérieure ; elles sont comme des ouvertures dans un réservoir qui laissent les eaux vitales se perdre dans la terre sèche et désertique du matérialisme. L’impulsion puissante et active du désir malsain est le plus grand obstacle que l’homme oppose à la joie. Parcourez le monde comme un lion pleinement maître de soi ; ne laissez pas les crapauds de la faiblesse des sens vous mener par le bout du nez.

— Sri Yukteswar

« Dans cet endroit, je réalisai que les gens craignent le silence par-dessus tout, que notre tendance à parler provient du fait que nous sommes sur la défensive et qu’elle est toujours fondée sur une répugnance à reconnaître quelque chose, un refus de se comprendre. Dès qu’une personne est assez calme, c’est-à-dire un peu éveillée, elle perçoit les différentes intonations et commence à distinguer les mensonges d’autrui.

— Ouspensky

« Plus tu en parle, plus tu y pense et plus tu t’en éloigne ; cesse de parler, cesse de penser et il n’est rien que tu ne pourras comprendre

— Seng-ts’an

« Noyez tous sons dans Mon Silence afin d’entendre Ma Parole parmi les mots. »

— Meher Baba

« Le monde entier est la proie des mots
Et personne ne peut faire sans mots.
Mais seul celui qui est libre des mots
Comprend vraiment ce que veulent dire les mots »

— Sahara, Trésor de Chants, v. 88

« Réconcilier le conscient avec l’inconscient, rendre la conscience symbolique, c’est réconcilier les mots avec le silence ; c’est laisser entrer le silence. Si le conscient ne connaît que les mots et pas le silence, l’inconscient demeure inconscient.

— N. O. Brown

« Je me suis engagé à veiller sur mes actes et pour ne point pécher par ma parole, j’ai gardé ma bouche ; je suis devenu muet, j’ai connu le silence, préservant ma paix même contre les bonnes choses.

— St Bénédict

« La quiétude est maître des morts.

— Tao Te King

« Ceux qui parlent ne savent pas, ceux qui savent ne parlent pas.

— Tao Te King

« Celui qui parle la vérité ne dit presque rien.

— Porchia

« N’éparpillez pas vos trésors. L’exubérance est un bon stimulant de l’action mais la lumière intérieure se connaît dans le silence et la concentration. »

« Éphrem le Syrien a dit : «Une bonne parole est d’argent mais le silence est d’or pur».

Way of a pilgrim

« Je ne mangeais pas et ils me dirent que je jeûnais
Je ne parlais pas et ils me dirent que j’étais mouni.

— Ramana Maharshi

« Ô seigneur, tu ouvriras mes lèvres et ma bouche clamera Ta louange.

— La Bible

Dormir

Exercices

À mesure que l’on progresse sur la voie, on aura besoin de moins en moins de sommeil. Commence juste là où tu es. Dors ce qu’il te faut. Cependant quelques conseils te seront utiles :

  1. Se coucher tôt et se lever tôt. La plupart des occidentaux ont des soirées très remplies et très animées. En entrant dans la vie yogique, des activités telles que le cinéma, la télévision, les sorties en général cessent de représenter pour toi un grand intérêt. Alors le changement d’horaire devient facile. Si tu as l’occasion de vivre sans électricité pour un certain temps, tu remarqueras le lever et le coucher du soleil et tu pourras adapter ton propre rythme à l’ordre naturel des choses. Que tu sois d’un tempérament matinal ou nocturne importe peu, harmonise simplement ton rythme peu à peu.
  2. Dormir sur une surface assez dure, un matelas sur le sol peut suffire, et encore… Au début cela pourra te paraître inconfortable mais le corps s’y adapte très vite et tu découvriras que la façon de dormir et la nature de ton sommeil changent selon la surface sur laquelle tu dors.
  3. Dormir sur le dos ou sur le côté. Le côté gauche est souvent recommandé parce qu’il te fait respirer par la narine droite. (ce qui est plus utile à ce moment-là) La plupart du temps nous utilisons plus une narine que l’autre et le yoga enseigne la science des respirations alternées. (c’est la narine opposée au côté sur lequel tu dors qui reste plus ouverte)
  4. Garder la colonne vertébrale aussi droite que possible, c’est-à-dire dormir sans oreiller ou avec un coussin très peu épais.
  5. Méditer quelques minutes avant de s’allonger.

Façons de dormir

Dès que tu es allongé, détends progressivement ton corps des pieds au sommet de la tête. Éprouve le poids de ton corps tout au long de ce cheminement. Perds cette habitude de ‘‘laisser l’esprit occupé’’ lorsque tu t’endors. Fais le vide. Si tu utilises un mantra, il est bon de le répéter en laissant toutes autres choses de côté. À mesure que tu progresse dans ta Sadhana, tu sauras rester plus conscient dans les périodes de transition entre l’état de veille et les états de sommeil. Tu resteras le témoin de ces transitions entre plans de conscience, à partir de la calme niche créée par le mantra (point de Vue-Témoin).

La première partie du sommeil est l’état de sommeil profond. C’est un état sans rêve, où tu es immergé de nouveau dans l’unité de l’Unique. Par cette réunification dans l’Unique, tu te trouves accordé avec la source du prana et rafraîchis en absorbant une grande quantité d’énergie vitale. (Des parallèles ont souvent été faits entre cet état, le Nirvikalpa Samadhi et le premier bardo). Ce n’est qu’après un long voyage sur ce sentier que tu seras en mesure de rester conscient au cours de ce sommeil profond. Alors, tu ne dors plus, mais tu passes la nuit en te fondant de plus en plus profondément dans l’unité de l’esprit (Samadhi).

Lorsque ton être a été suffisamment rafraîchi dans ce sommeil profond, tu reviens peu à peu au plan physique, traversant différents plans de conscience, pour finalement «se réveiller» dans le langage habituel. Ces différents plans de conscience sont connus en Occident comme «état de rêve». En fait, ces «rêves» sont des expériences que nous faisons sur d’autres plans que le plan physique. Ces expériences ne s’interrompent jamais, mais lorsque notre attention est toute entière attachée au plan matériel, nous en venons à être totalement coupés des informations qui nous parviennent en permanence de ces autres plans.

Il est arrivé à tout le monde d’être interrompu au milieu d’un rêve par la sonnerie du réveil ; parfois nous arrivons à terminer le rêve sans tout à fait nous rendormir. C’est-à-dire que nous gardons à l’esprit le fait que le réveil a sonné mais nous pouvons nous maintenir dans un état mi- éveillé, mi- endormi pour terminer ce rêve.

En psychanalyse, les patients sont souvent entraînés à faire de même. De la même manière dès le début de la Sadhana, il est possible de rester conscient du processus de rêve.

Dès que tu sais comment utiliser un mantra pour te centrer, ou que tu développes la conscience-témoin, il te devient facile de voir les rêves se dérouler. Avec un minimum de pratique, tu t’aperçois que le fait de dormir sur une surface dure rend le sommeil plus léger et qu’il t’est possible de t’éveiller dès que tu émerges du sommeil profond. Il est utile de laisser courir le mantra pendant la durée des rêves. Bien que tu sois parfois acteur dans ces rêves, si tu es identifié avec le mantra ou la conscience-témoin, tu peux regarder l’ensemble comme au cinéma… te regarder comme étant un des acteurs.

Ceci est donc une technique pour développer la connaissance de soi sur d’autres plans que celui qui nous est familier. Le principal avantage de ce branchement sur d’autres plans de conscience que le plan physique est de s’apercevoir que l’état de veille n’est qu’un plan de conscience parmi d’autres. Ni plus, ni moins. Dès que tu sais cela, et que cette connaissance fait partie de ta vie d’instant en instant, ces exercices avec les rêves ne seront plus nécessaires, ils ne feraient qu’encombrer ta tête avec davantage d’illusions. Dès lors, il est préférable, aussitôt sorti du sommeil profond, de te lever et de t’asseoir en méditation en restant, autant que possible, libre de toute pensée.

Manger

Notre corps est le temple où nous vivons et où nous travaillons vers l’illumination. Certains environnements extérieurs contribuent davantage que d’autres à la connaissance (du moins au cours des premières étapes de l’éveil) et il en est de même pour l’environnement intérieur, le corps lui-même. Lui aussi peut être un «endroit propre et lumineux».

Dire que «nous sommes ce que nous mangeons» est sans doute trop simpliste, mais c’est un germe de vérité. Ce que nous mangeons modifie les cellules de notre corps, les organes et leur fonctionnement. À un autre niveau, on peut dire que les vibrations de ce qui est absorbé affectent les vibrations de l’organisme en entier.

Il est impossible de changer radicalement la façon de manger dès le début de la Sadhana sans déranger le corps. Mais au moins tu peux veiller à ce que tu manges et la façon de manger. Pour l’essentiel, voici quelques règles pour le sadhak :

  1. Ne mange pas trop. Après le repas, l’estomac du yogi contient la moitié de nourriture, un quart d’eau et un quart d’air
  2. Nourris-toi d’aliments légers, sains, et non trafiqués, que tu pourras digérer facilement. On aimerait établir le régime parfait pour la Sadhana mais les controverses quant aux «bons» et «mauvais» aliments montrent à l’évidence que le système idéal n’existe pas.

    Le flot d’informations contradictoire peut dérouter le débutant. Mais cette confusion est aussi instructive si elle conduit à une étude sérieuse de la nourriture, et sur l’essence même du problème. En fait une large part de la controverse provient du fait que certains ne peuvent concevoir que le sadhak ait besoin de différentes nourritures aux différentes étapes de son cheminement. Au début, quand on abandonne les traditionnels plats de viande, on se tourne vers les céréales complètes comme le riz ou le blé, avec les légumes, le poisson, les fruits, le miel plutôt que le sucre, les noix et les produits laitiers. Plus tard, lorsque le corps s’est purifié, on peut abandonner certains de ces aliments si l’on trouve qu’ils entravent la Sadhana en produisant des mucosités ou des vibrations qui affectent la méditation. Enfin, si l’on s’engage dans une vie contemplative, on peut se contenter de fruits et de noix. Un régime aussi simple n’est cependant encore qu’une étape. À la fin l’homme est capable de vivre de seule lumière.

    Chaque être humain est un transformateur d’énergie. Nous absorbons l’énergie (prana) sous diverses formes, nous la transformons, puis la redistribuons sous d’autres formes. Les êtres dont la conscience est entièrement liée au plan physique considèrent que la nourriture, l’eau et l’air sont les sources principales de leur énergie. Mais à mesure que l’on évolue, on réalise que d’autres sources d’énergie nous sont accessibles. Pour finir, on peut envisager de transmuer tout ce que l’univers contient en énergie utilisable. La science occidentale moderne, avec la relation dégagée par Einstein entre la masse et l’énergie, confirme ce principe : «Ce qui nous apparaît comme une masse n’est qu’un immense agglomérat d’énergie. Quand la masse est brisée, il en résulte une décharge d’énergie. C’est ainsi que l’on arrive à la fission nucléaire».

  3. Abstiens-toi le plus possible des aliments forts (épices, piments etc…). freine sur les stimulants tels que le café, le thé et les alcools. Certaines épices sont utiles à la digestion mais elles doivent être utilisées en petites quantités.

    Pour arriver à se passer des épices, il faut changer notre motivation concernant l’alimentation. La plupart des Occidentaux sont très sensuels et passent beaucoup de temps à chatouiller leur palais avec des plats variés et recherchés. Le type du gourmet résume toute cette démarche. Le sadhak, par contre, réalisant que toute gratification sensorielle l’asservit davantage au désir, essaye dès le début d’abandonner les plaisirs de la table en faveur de son objectif spirituel. Mais ce n’est pas une règle absolue. Dans les premiers temps, il est déjà utile de simplifier son régime (serait-ce par exemple en prenant le même menu chaque jour) en le rendant aussi agréable que possible à l’aide de condiments doux et inoffensifs. Si pareille monotonie peut sembler fade au début, on développe très vite une nouvelle sensibilité du goût et une telle sensation de légèreté de corps et d’esprit que l’on compense largement ce qui a été abandonné.

  4. Sois très attentif aux vibrations qui concernent l’origine, la préparation et la consommation de la nourriture. La plupart de nous avons tellement peu de sensibilité dans ce domaine que l’on comprend à peine de quoi il s’agit. Mais ceux qui ont fait Sadhana depuis un certain temps déjà, ou ceux qui ont vécu auprès d’êtres très avancés et très purs considéreront comme évidentes les règles suivantes :
    1. S’abstenir des aliments qui supposent une forme de violence (tuer) ; au bas de l’échelle se trouve la viande, qui a nécessité la mort d’un animal possédant un certain degré de conscience, aussi rudimentaire soit-elle. L’animal a donc connu la peur et son système a été envahi d’adrénaline et d’autres substances chimiques provenant des glandes endocrines qui sont loin de favoriser la méditation. À l’autre extrémité de l’échelle sont les fruits tombés de l’arbre qu’il suffit de ramasser. La question de savoir quelles nourritures comportent cette violence envers l’ordre naturel des choses (légumes, céréales, lait…) peut ouvrir un débat. Mais nous ne ferons qu’attirer l’attention sur ce sujet.
    2. Les aliments qui supposent une cuisson doivent toujours être préparés avec un mantra et/ou de l’amour. Les vibrations du cuisinier s’associent en effet à la nourriture tandis qu’elle est sur le feu. Voici le mantra sanskrit que l’on peut employer : OM ANNAM BRAHMA RASO BISHNUR BHOKTA DEBO JANARDANAHI AWAEM GYANTWA TO YO BHUNKT ANN DOSHORN LIPYATE.

      Ce qui veut dire : la nourriture est Brahma, son rasa (jus) est Vishnou. Le monde entier (l’Être de Vie) l’utilise. Garder cette pensée à l’esprit dissout les mauvaises vibrations associées à cette nourriture.

    3. Pour manger, l’état d’esprit idéal est le calme. Comme dit le proverbe Soufi :

      « Si tu manges avec colère, ta nourriture se change en poison. »

  5. Enfin, tu consacres ton repas avant de manger. La nourriture devient alors prasad. Consacrer signifie aussi Offrir. Autrement dit, manger est aussi une partie du travail spirituel… Sadhana. En Occident, on dit parfois le Bénédicité avant de se mettre à table, c’est une forme de consécration. Si c’est là ton habitude, continue mais désormais écoute ce que tu dis.

    Voici une formule de consécration extraite de la Gita :

    BRAHMAPANAM-BRAHMA HAVIRE

    BRAHMAGNI-BRAHMANA HOFA

    BRAHMAI-TAN-GANTABAYAM

    BRAHMA-KARMA-SAMADHINAH

    GURU BRAHMA-GURU VISHNU-GURU DAWVO MAHISH WARA

    GURU SAKSHAT

    PARAM BRAHMA TUS MA EE

    SHRI GURU VEY NA MAHA

    OM SHANTI SHANTI SHANTI

    Traduction : « Ce rituel est Brahma. La nourriture est Brahma. Celui qui offre la nourriture est Brahma. Le feu (la faim) est aussi Brahma. Tout Karma est Brahma. Celui qui sait cela peut aller à Brahma. Je fais l’offrande de cette nourriture au Guru qui est le Créateur, le préservateur et l’agent de la transformation. Au Guru qui est toute énergie et le Soleil au-delà de tout. Je touche les pieds de lotus du Guru. OM Paix, Paix, Paix. (Juste avant OM SHANTI SHANTI SHANTI… tu peux par exemple ajouter une mention pour les êtres que tu souhaites honorer en offrant de la nourriture).

    Il est certain que la nourriture offerte avec un cœur pur est reçue en essence. Dans une nouvelle de J. D. Salinger intitulée «Teddy», un enfant raconte comment il a compris pour la première fois de quoi il retourne :

    « J’avais à peu près six ans et regardais ma petite sœur dans sa chaise d’enfant qui buvait son lait ; alors je vis que c’était Dieu qui coulait en Dieu, si vous voyez ce que je veux dire. »

    Peut-être trouves-tu que c’est un bon mantra de penser que «Dieu coule en Dieu», si tu vois ce que je veux dire.

Phrases-clés

Et Dieu dit : « Je t’ai donné toutes les plantes qui portent des graines et tous les arbres portant des graines dans leurs fruits afin que cela te serve de nourriture. Et à toutes les bêtes de la terre et à tous les oiseaux des cieux, et à tout ce qui rampe sur la terre et à tout ce qui a reçu le souffle de vie, j’ai donné toutes les plantes comme nourriture

— Genèse.

« Quand tu es à table, ne parle à personne, garde les yeux baissé, et pense à la sainte table, à la nourriture qui y est servie, qui est Dieu lui-même, et aux convives qui sont les anges.

— Ste Thérèse d’Avila.

La complainte de l’estomac : un jour on venait de célébrer la fête à l’Ashram. Beaucoup furent indisposés par la quantité de nourriture qu’ils avaient absorbée. Après quelqu’un raconta la Complainte de l’estomac, selon le poète tamil, Avvaiyar :

« Tu ne passeras pas même un seul jour sans nourriture, et jamais n’en pourras prendre pour deux jours en une seule fois. Tu n’as pas idée des soucis que tu me cause, misérable estomac ! Je ne peux m’entendre avec toi ! »

Aussitôt Bhagavan répliqua avec cette parodie qui est la plainte de l’estomac envers l’ego : « tu ne me donnes pas même une heure de répit, à moi, ton estomac. Jour après jour, et à toute heure tu manges continuellement. Tu n’as pas idée des souffrances que tu me cause, ego perturbateur ! Je ne peux m’entendre avec toi !

« Khumba-karn, le frère gigantesque de Ravana, obtint comme faveur de Brahma d’être pris, après chaque repas, d’un sommeil si long et si profond, qu’il ne se réveille que pour satisfaire à nouveau son vorace appétit. »

— Ramayana.

Étudier

L’étude, comme les mantras, est une technique pour se rapprocher des grands principes (les idées les plus hautes) des êtres évolués. En tant que membre d’une culture qui mise sur l’accumulation des connaissances, tu voudras sans doute lire ce qui s’écrit sur la conscience évoluée. Tu trouveras des livres sur l’histoire du mysticisme, la biographie des prophètes des grandes religions, les curricula d’obscures écoles de pensée, les écrits et les paroles des grands mystiques, des études sur l’apport du mysticisme pour l’homme moderne, et des livres sur les différentes méthodes. Cette lecture va te procurer un contexte pour les expériences personnelles. Elle démontre qu’il y a toujours eu des mystique au cours de l’histoire, que les commentaires d’observateurs extérieurs à l’expérience mystique sont relativement médiocres, et qu’en dépit des différences d’expression que l’on trouve d’un mystique à l’autre, la similitude des expériences est étonnante. Ces écrits peuvent se classer en quatre catégories selon le degré d’évolution de leurs auteurs :

  1. Les êtres réalisés ou illuminés. La plupart ont très peu écrit ; ce sont leurs disciples qui ont transmis le message. (Les Évangiles)
  2. Les chercheurs spirituels qui sont bien en chemin et qui partagent leurs intuitions, leurs méthodes, etc…
  3. Les pandits, intellectuels, scientifiques, qui travaillent à exprimer les expériences mystiques par des modèles et des expressions intellectuellement sophistiquées. (Le voile est encore épais pour la plupart d’entre eux bien qu’ils aient souvent eu leur propre expérience dans laquelle ils peuvent ancrer leurs écrits).
  4. Les écrivains professionnels qui font du mysticisme une description objective, superficielle et tout à fait extérieure. Ils cherchent les «faits».

Une fois terminée cette lecture générale, il devient pour toi évident qu’il te faut maintenant «aller voir par toi-même» si tu veux transformer ta conception de l’univers avec…

  1. Ceux qui savent, et…
  2. Ceux qui travaillent sérieusement sur eux-mêmes.

Ainsi tes lectures se limiteront très vite à ces deux catégories d’auteurs.

La seconde étape de l’étude est souvent appelée réflexion. Elle est décrite dans le passage suivant tiré de l’Autobiographie d’un yogi de Yogananda.

« La scène se passe dans un ermitage de la forêt du Bengale Oriental… Dabru Balav avait rassemblé ses disciples autour de lui dans la solitude des bois. La sainte Bhagavad Gita était ouverte devant eux. Après s’être concentrés sur le passage durant une demi-heure, ils ont fermé les yeux. Une autre demi-heure passa. Le maître fit un bref commentaire, sans bouger, ils ont encore médité une heure. Finalement le Gourou leur demanda :

«Comprenez-vous maintenant cette strophe ?»

«Oui, maître.» Essaya l’un d’entre eux.

«Non, pas tout à fait. Cherchez la vitalité spirituelle qui donna à ces mots le pouvoir de rajeunir l’Inde de siècle en siècle.»

Une autre heure s’écoula silencieusement. »

Exercice Quotidien

Choisis un passage, une phrase ou quelques paragraphes, dans l’un des livres contenant les paroles d’un être réalisé (par ex. la Bhagavad Gita, le Tao Te King, les Évangiles, l’évangile de Ramana Maharshi, ou celui de Ramakrishna, le Yi King, etc…). Lis attentivement ce passage, relis-le et relis-le encore. Puis laisse tes pensées s’y attacher. Paraphrase-le. Observe de quelle manière il s’applique à toi-même et aux autres. Observe s’il diffère – et de quelle manière – de ta manière habituelle de penser. Étudie toutes ses implications, etc… En quoi cela concerne ton propre voyage ? Relis-le encore. De quelles lois naturelles est-il le reflet ? Puis, demeurant assis, tranquille, laisse ton esprit s’unir à lui. Fais le vide. Une demi-heure par jour n’est certainement pas de trop pour se consacrer à cet exercice.

Asanas

« Puisqu’un homme vit dans un corps, il traite celui-ci par un effort juste, une vigilance et une concentration appliquées ; il dépasse ainsi les souffrance produites par les sensations qui proviennent du corps. »

— Dhammapada.

Le mot asana est parfois est parfois rendu par «facile, confortable» et parfois par «posture». Il s’agit d’une position dans laquelle on peut rester un long moment.

« Demeurer longtemps immobile, sans effort, est une asana »

— Yoga Darshana.

« Le but de la posture physique est atteint lorsque les réactions du corps sont éliminées et que l’esprit se dissout dans l’infini. »

— Daniélou, citant Yoga Darshana.

On travaille sur le corps pour des raisons tout à fait évidentes.

Premièrement, ce corps est le moyen par lequel on évolue sur le plan physique, dans cette incarnation.

Deuxièmement, avant qu’on parvienne à calmer le corps, il dissipe sans cesse notre attention et contrarie la concentration d’esprit à laquelle on aspire.

Troisièmement, travailler avec les énergies du corps et savoir les faire monter le long de la colonne vertébrale requiert une sensibilisation nerveuse dont on n’a pas idée. Jusqu’à ce que tu saches écouter ton corps, tu ne peux le contrôler efficacement au point qu’il t’aide dans ta Sadhana plutôt que te nuire.

Et quatrièmement, un yogi réalise que le message de son être pénètre toutes ses manifestations ; ainsi il recherche une puissant concentration qui apparaît lorsque son corps, aussi bien que ses pensées, sont dirigées vers l’état de réalisation. Joindre les mains en prière ou lever le poing vers quelqu’un sont des gestes qui engagent aussi des pensées et des sentiments ; le corps entier s’en trouve affecté. À chaque instant le corps s’exprime en totalité, et quand tu deviens sensible à ces affirmations, les messages du corps deviennent aussi forts que les messages du cœur ou de l’esprit. Chaque mouvement d’un être réalisé est une affirmation parfaite. Il est bon de garder ces idées à l’esprit quand on entreprend de travailler sur le corps (Hatha Yoga). Si ta tête considère le hatha yoga comme une sorte de gymnastique ou de culturisme, tu n’atteindras que ce que tu souhaites… un corps plus harmonieux. Par contre, si tu considères le hatha yoga comme une véritable forme de yoga, alors il t’apportera en un temps relativement court une profonde métamorphose au niveau du calme, de la sensibilité et du rayonnement de ton corps… Tout cela devant facilité ta Sadhana.

Pour pratiquer les asanas, il est important d’avoir un professeur qui soit en mesure de démontrer correctement les postures et de corriger toutes les mauvaises habitudes que tu pourrais développer. Il te serait plus qu’utile de suivre une série de cours pour te mettre dès le début en bonne voie. Cependant, en l’absence d’un professeur, un ami ayant lui-même suivi les cours peut corriger certaines erreurs et cela te sera d’un grand secours. Une précaution à observer cependant : les professeurs de hatha yoga qui n’enseignent que le hatha yoga restent souvent plus près de l’ombre que de la substance. Bien qu’ils soient capable de démontrer les postures, beaucoup de ces professeurs ne comprennent pas eux-mêmes ce qu’implique le terme yoga… c’est-à-dire qu’ils ne pratiquent pas les asanas dans le sens de l’Union avec l’Un. Par conséquent, leurs élèves risquent de se méprendre dès le début en développant un état d’esprit assez médiocre envers le travail. Ces précautions étant prises et si toi-même tu connais les raisons du yoga (particulièrement celle qui fait de chaque posture une forme de prière) tu pourras étudier les méthodes spécifiques de tel professeur, même si tu vois qu’il n’en comprend pas les bases.

En l’absence totale de professeur, il t’est cependant possible de pratiquer régulièrement les asanas et d’en bénéficier. Dans ce cas il te faudra aller doucement et prudemment, sans contraindre ton corps. Écoute les informations qu’il te communique. En étant convenablement centré, tu découvriras un maître intérieur qui te guidera.

Les asanas sont des postures. Une fois que tu es entré dans la posture et que tu adopte l’état d’esprit correspondant, tout y est. Tu deviens une statue dans chaque asana.

L’image de la statue est utile. Peu importe si l’asana que tu pratiques te paraît étrange ou non, dès que tu es dans la posture, tu deviens entièrement centré sur cette posture ; ton corps connaît une position de repos, comme si tu avais toujours été dans cette position… comme une statue.

Aussi, l’état d’esprit pendant la pratique est de la plus grande importance. Ne sois pas identifié avec l’ego qui fait l’asana. Observe simplement le corps qui se place dans la posture. Reste situé à l’intérieur de toi-même au point où rien ne se passe.

Quand le corps est engagé dans l’asana aussi parfaitement que possible, sans forcer, tu mats alors ton corps au «point mort» afin qu’il soit détendu et stable.

Il existe 84 principales asanas sur travaillent les yogis avancés. Une douzaine de celles-ci peuvent être suffisantes pour progresser dans la Sadhana. Ce qui suit est une série d’instructions concernant la pratique des asanas les plus simples :

  1. Trouve un endroit calme pour pratiquer ; il est préférable d’être seul. Une couverture ou un tapis sur un sol plat conviendront.
  2. Les vêtements doivent être légers, souple et très lâches. On peut aussi s’en passer.
  3. La réussite dépend de ta détente, de ton calme et de ta concentration. On commence par se détendre avec la respiration : étendu sur le sol, ouvre les bras latéralement sur l’inspiration, puis croise les bras sur la poitrine en expirant. Laisse la respiration se faire naturellement. Elle s’amplifie à mesure que le mouvement des bras devient plus naturel. Ouvre les bras, croise-les sur la poitrine, ouvre-les à nouveau, pendant une minute ou deux, en respirant par le nez.

    Un autre mouvement de détente est la torsion du corps, on se tient debout, les bras en croix. Il suffit de faire pivoter le haut du corps vers la gauche, en lançant la jambe gauche vers la droite ; alternativement on change de côté, et cela de manière détendue et rythmée pour assouplir le corps.

    Autre préliminaire : allongé sur le dos, les genoux sont ramenés sous le menton et les jambes sont maintenues avec les bras. En roulant d’avant en arrière, totalement détendu, on relâche le dos et on élimine les tensions.

  4. Quelques points importants concernant la respiration : une respiration complète commence par l’abdomen en libérant le diaphragme vers le bas ; puis la cage thoracique s’ouvre latéralement comme un soufflet, enfin, elle se soulève lorsque se remplit le haut des poumons. On effectue le processus inverse pour l’expiration en terminant avec une remontée du diaphragme. L’inspiration se trouve aidée par le mouvement des bras vers le haut, et l’expiration peut être complète lorsque le haut du corps est amené vers les jambes tendues. On entre très facilement dans l’asana si l’on veille à coordonner le mouvement avec la respiration : qu’il s’agisse de se pencher vers l’avant ou d’effectuer une torsion du buste, on peut progresser sans effort en expirant sur le mouvement, puis l’on s’immobilise pour l’inspiration et l’on avance encore avec l’expiration suivante… et ainsi de suite.
  5. Pratique les asanas à ton propre rythme en maintenant calmement l’attention sur ton centre intérieur tout au long de la série.

  6. I. SHAVASANA (Le Cadavre).

    Allonge-toi sur le dos en réduisant la cambrure lombaire et cervicale ; les bras et les jambes sont étendus symétriquement. Détends successivement les pieds, les mollets, les cuisses, le bassin, l’abdomen, le thorax, les bras, le cou et le visage. Laisse aller une dizaine de minutes.

    II. PACHIMOTANASANA (La Pince).

    Étire lentement les bras au-dessus de la tête, soulève ainsi la partie supérieure de ton corps pour t’asseoir très calmement et gardant les talons au sol. Les jambes tendues, tu étires maintenant le dos en descendant les mains vers les pieds. Aide-toi de la respiration.

    En saisissant les pieds si possible, tu progresses pour amener les coudes vers le sol de chaque côté des jambes. Assure-toi que le dos reste plat mais ne force pas. Un fois entré dans l’asana, laisse la respiration se faire et… observe le corps dans son ensemble. Immobile, prends conscience des points d’étirement, de la douleur qui se manifeste en certains endroits. Pour instant, SOIS. Puis retourne, sur l’inspiration, à la position allongée, entièrement détendu à nouveau. Un travail quotidien porte rapidement ses fruits. Tâche de ne pas penser «je prends telle asana», mais contente-toi d’éprouver ce qui se passe. Il est pour cela utile de pratiquer les yeux fermés.

    III. JANU-SHIRSHSANA (La Tête sur le Genou).

    En position assise, les jambes étendues, replie la jambe gauche de façon à amener la plante du pied contre l’intérieur de la cuisse droite. Élève les bras au-dessus de la tête en inspirant, puis dirige-les vers le pied droit sur l’expiration, en étirant le dos d’aussi bas que possible. Progresse avec la respiration pour amener la joue vers le genou droit (la jambe droite est toujours tendue). Après la pause de l’éternel instant, relève lentement le corps dans la position de départ en inspirant. Puis change de jambe et procède de la même manière

    IV. JANU-SHIRSHSANA II.

    Cette fois, au lieu de plier le haut du corps vers la jambe, on amène la jambe tendue vers le torse, le pied au-dessus de la tête afin que le genou touche le front. Maintiens cependant la colonne vertébrale aussi droite que possible.

    Pendant la première semaine, tu ressentiras sûrement quelques douleurs et tu noteras l’existence de quelques muscles que tu ne connaissais sans doute pas. Profites-en pour développer ta persévérance. Pratique chaque jour et sois attentif à ton propre rythme.

    V. BHUJANGASANA (Le Cobra).

    Allongé sur le ventre, place les mains à plat sur le sol à hauteur de la poitrine ; les jambes sont étendues. Commence à pousser très doucement sur les avant-bras pour soulever le haut du corps. Élève d’abord les yeux puis soulève la tête, puis les épaules, puis chaque vertèbre à son tour. La pression se déplace lentement le long de la colonne vertébrale vers le sacrum ; garde le bassin collé au sol. Les yeux sont ouverts et fixent un point situé le plus loin possible au-dessus de la tête. Immobilise le corps dans une posture confortable pour une quinzaine de secondes. Puis effectue lentement le cheminement inverse en posant la tête sur le sol en dernier. Le mouvement peut être répété plusieurs fois ; on inspire en soulevant le corps, l’expiration a lieu en redescendant.

    VI.MATSYASANA (Le Poisson).

    Étant assis sur le sol, croise les jambes sans forcer ; mais tu peux prendre la position du lotus si cela ne t’est pas difficile (chaque pied reposant sur la cuisse opposée, le plante des pieds vers le ciel).

    Place les mains sur le sol derrière ton dos et descends lentement en appui sur tes coudes. Puis le sommet de la tête touche le sol. Cambre le dos. Puis, le poids de la partie supérieure du corps repose sur le sommet de la tête lorsque tu poses les mains sur tes cuisses (ou sur la plante des pieds si tu es en lotus). Garde la posture une demi-minute avant de revenir à la position initiale.

    Tu peux ensuite porter le front en avant sur le sol tandis que les épaules reposent sur les genoux. Les bras sont étendus derrière le dos, la main droite saisit le poignet gauche et les bras sont élevés aussi haut que possible. Reviens lentement à la position de départ et détends-toi.

    VII. DHANURASANA (L’Arc).

    Allonge-toi sur le ventre. Saisis fermement tes chevilles à l’aide des mains. Pousse les pieds vers l’arrière, comme si tu voulais étendre les jambes. Ceci a pour effet de soulever la tête et la poitrine. Soulève également les genoux le plus haut possible jusqu’à ce que les cuisses ne touchent plus le sol. Regarde droit devant toi. Garde cette position sans forcer pendant 15 à 30 secondes avant de redescendre lentement dans la position de départ. Là encore, la respiration peut t’aider considérablement. Tu peux varier cette asana en roulant d’avant en arrière sur ton ventre comme une chaise à bascule. Il est absolument indispensable pour pratiquer tous les asanas d’attendre quatre heure après les repas.

    VIII. ARDHA-MATSYENDRASANA (Torsion).

    Assieds-toi sur le sol, la jambe gauche repliée de telle sorte que, passant sous la jambe droite, le talon du pied gauche soit placé contre la hanche droite. Le pied droit vient alors se placer à plat sur le sol à gauche du genou. Le haut du corps pivote vers la droite et le bras gauche contourne la cuisse droite par l’extérieur ; l’avant-bras s’engage dans le triangle formé par la jambe droite repliée et la main peut saisir le poignet droit dans ton dos. Tourne la tête en regardant par-dessus ton épaule droite. Tourne le plus loin possible mais sans forcer et en utilisant toujours la respiration rythmée. Garde la posture 15 à 30 secondes puis change de côté en modifiant la position des jambes.

    IX. SIMHASANA (Le Lion).

    Mets-toi à genoux sur le sol. Pose les mains sur les genoux, les doigts étendus, le corps légèrement penché vers l’avant. Tire la langue le plus loin possible et dirige le regard vers le pont entre les sourcils. Expire à fond et contracte les muscles de la gorge. Le corps tout entier est aussi contracté que possible comme si t’étais un lion prêt à bondir. Relâche-toi aussitôt pour revenir à la position de départ. Recommence cette asana quatre ou cinq fois.

    X. TOLANGULASANA (La Balance).

    Allonge-toi sur le dos. Les jambes sont réunies. Soulève d’abord les jambes ensuite le tronc jusqu’à former un angle droit ; les bras sont ensuite étirés en direction des genoux. Garde cette position une demi-minute sans forcer. Retourne à la position de détente.

    XI. SARVANGASANA (La Chandelle).

    Étendu sur le dos, soulève doucement les jambes réunies jusqu’à la verticale. Puis tu soulèves également le bassin et, peu à peu, tout le dos pour ne plus reposer que sur les épaules, le cou et la tête. Les mains sont posées à plat contre l’arrière de la cage thoracique, les coudes au sol. Toute la partie du corps qui est élevée est en ligne droite. Maintiens cette position pendant deux minutes (si elle n’est pas inconfortable) en respirant lentement.

    XII HALASANA (La charrue).

    À partir de la posture précédente, amène les pieds très lentement vers le sol, derrière la tête, en maintenant les jambes tendues. Les orteils se posent sur le sol. Corrige la rectitude de ta colonne vertébrale en rapprochant si possible les pieds vers la tête ; le jambes sont toujours tendues et garde cette posture une dizaine de seconde, sans effort.

    XIII KARNA PEEDASANA (L’Araignée – variante de la Charrue).

    Continuant cette dernière posture, plie les genoux jusqu’à ce qu’ils touchent le sol de chaque côté de la tête. Garde à nouveau cette posture une dizaine de seconde. Puis, lentement déroule ta colonne vertébrale pour revenir à la position de détente en sentant chaque vertèbre se poser sur le sol.

    XIV SHAVASANA (Le Cadavre).

    Tu es ainsi revenu à la posture du Cadavre pour une dizaine de minutes. Détends successivement toutes les parties de ton corps comme indiqué précédemment.


    OM TAT SAT

    Mantras

    Les plus grands obstacles que nous puissions rencontrer sur la voie de l’illumination sont nos propres pensées. Les pensées nous divisent. Même la pensée de l’unité n’a rien à voir avec l’Unité. Et les pensées défilent, chacune faisant sa loi à son tour sur notre attention et sur notre identité.

    Toutes les pensées sont-elles dans l’illusion ? – Oui.

    Y a-t-il des pensées meilleures que d’autres ? – De même que plonger dans l’eau est plus facile d’un plongeoir et que traverser le grand océan est plus facile sur un radeau, certaines pensées te seront d’un grand secours pendant ton voyage ; mais au dernier moment, bien sûr, même ces pensées devront être transcendées.

    Quelles sont les étapes du processus pour calmer l’esprit ? – Pense à un lac au fond duquel se cache ce que tu cherches. Tu ne peux voir le fond du lac parce que la surface en est parcourue en tous sens par les vagues, des eaux vagues, des pensées qui fusent de partout, des sens, de la mémoire, des habitudes mentales acquises inconsciemment qui se déclenchent automatiquement. Les causes du phénomène sont trop subtiles pour que ton esprit analytique puisse les saisir.

    Crée maintenant une vague artificielle, ajoute délibérément une nouvelle composante afin qu’une succession de celles-ci, ayant toutes la même direction, apaise le tumulte de ton lac, comme la houle absorbe les eaux tourbillonnantes du rivage… À présent, chaque vague est cette même pensée ; aucune autre ne peut distraire ton attention car tu n’es fixé que sur celle-là.

    Est-ce que cela veut dire que toutes les autres pensées s’arrêtent ? – Non. Les pensées continuent en tant que processus naturel. Mais tu te mets en automatique (fonction inférieure du cerveau). Exactement comme la plupart des gens conduisent leur voiture : sans vraiment prêter attention à tous les détails pendant la conduite, accélérateur, frein, coup de volant… Il s’agit de déjouer un sophisme courant : le cogito ergo sum qui tend à faire croire que les pensées sont l’indice de l’être et qu’on doit donc les entretenir pour se sentir exister.

    Briser l’identification avec tes propres pensées, c’est accomplir ta libération intérieure.

    Tu poursuis donc cette pensée unique jusqu’à devenir un avec elle tandis que toutes les autres pensées défilent comme des nuages dans le ciel. Quand tu arrives au point où cette pensée est à tout moment dominante, au moment de te coucher, en t’éveillant, en marchant, en t’asseyant, en parlant ou en mangeant, alors c’est toute ta vie qui est sur automatique. Tu es alors libre de tout sauf de cette pensée, ensuite, en méditation profonde, tu laisses même aller cette pensée-là.

    Quelles sont les pensées utiles à entretenir ? – Il existe plusieurs sortes de Mantras (phrase) qui peuvent te conduire à différents stades. Certains mantras-racine (beeja) résonnent au fond de toi de façon à ouvrir les chakras (foyers d’énergie). D’autres renforcent la volonté ou permettent d’approfondir la compassion en ouvrant le cœur. Par exemple :

    « Avec un rayon d’amour, je touche le cœur de mon frère (sœur, père, mère, bien-aimé).

    — Herman Rednik.

    ADITYA HRYDAYAM PUNYAM
    SARV SHATROU BINA SHINAM
    (Tout le mal est dissout pour celui qui garde le soleil en son cœur.)

    — Ramayana

    Certains mantras sont là pour t’aider à reconnaître le Plan divin sans te donner quoi que ce soit à faire ; par exemple :

    « Let it be. »

    — McCartney.

    « J’aime la paix que tu Aimes. »

    — Guy Skornik.

    Et celui-ci : TAT TWAM ASI (Toi aussi tu es cela).

    Le mantra peut aussi t’apprendre à écouter attentivement afin que tu comprennes le rôle qui est tien dans la danse sacrée :

    « Ô, Seigneur, pas ma volonté, mais la Tienne. »

    Il existe une série de mantras qu’on utilise pour tous les actes quotidiens comme prendre une douche, se baigner, laver des vêtements, faire la cuisine etc… L’utilité de ces mantras est de t’aider à situer l’acte que tu vas accomplir et t’empêcher de t’identifier avec celui qui les accomplit.

    Par exemple :

    En prenant une douche, tu mets de l’eau dans ta main gauche, tu y mouilles l’annulaire de la main droite, puis, tu touches successivement ta bouche, ton nez, tes oreilles, ton front, ton cœur ; ce qui donne :

    OM VISHNU OM VISHNU OM VISHNU

    OM WAK (bouche) OM PRAN (nez) OM SHAKSHU

    OM SROTRAM OM SHIRAH OM HRIDAYAM

    OM OM OM

    Puis tu continues à chanter OM sous la douche. Ce mantra doit te rappeler que tout émane de l’UN.

    Un mantra pour les toilettes :

    UTTISH THANTU SURAH SERUE YEX

    GANDARV KINNERAH PISACHA-GUHYAKASH

    CHEV MAL MOOTRAM KAROMYA HAM

    Et un mantra pour fumer l’herbe :

    OM SHIVA SHANKARA

    HARE HARE GANGA

    Tu peux inventer d’autres mantras pour tous les actes quotidiens, afin de centrer ta conscience et briser l’identification avec l’ego qui agit.

    « Partout où je regarde, je ne vois que Tao.

    — Guy Skornik.

    Enfin, il y a des mantras universels, mantras pour tous et pour chaque instant, qui te mènent où tu te trouves, au degré suivant, et cela jusqu’au portail final où conduisent tous les mantras. Par exemple :

    OM

    RAMA

    HARE KRISHNA

    GATE GATE PARAGATE PARASAMGATE BODHI SWAHA.

    (Allez, allez, allez au-delà et au-delà, Hommage à Toi)

    OM MANI PADME HUM (lire Fondements de la Mystique tibétaine de Lama Govinda pour l’explication de celle-ci)

    OM TAT SAT

    OM NAMAH SHIVAYA

    Est-ce que l’efficacité d’un mantra dépend d’une transmission ? – Non, pas dans le sens usuel, c’est-à-dire : pas sur le plan physique. Transmettre un mantra veut simplement dire qu’il passe par l’Esprit. Autrement dit : si je travaille avec un mantra qui est si profondément en moi qu’il me mène à l’Esprit, alors je suis parfaitement fondé de le transmettre. La façon dont un autre pourra l’utiliser dépendra de la foi qu’il saura y mettre. Beaucoup de maîtres qui transmettent des mantras attendent de voir que l’élève est «prêt», et qu’il a suffisamment de foi pour le pratiquer utilement.

    Un mantra qu’on achète ou, qui provient d’une source plus ou moins suspecte restera stérile à moins que l’élève soit évolué au point de pouvoir transmuer l’énergie négative.

    « La puissance et l’effet d’un mantra dépendent de l’attitude spirituelle de l’individu, de sa connaissance et de sa responsabilité. Le sabda – ou Son – du mantra n’est pas un son physique (bien qu’il puisse être accompagné) mais un son spirituel. Il ne s’entend pas par l’oreille mais par le cœur, il ne se prononce pas par les lèvres mais par l’esprit »

    — Lama Govinda.

    Peut-on utiliser un mantra trouvé dans un livre ? – Si tu sens que les intentions de l’auteur sont pures et, si tu sens que le livre est dans l’Esprit (s’il te branche vraiment), alors tu trouveras des bienfaits à utiliser ce mantra ; un livre excellent en cela est le Récit d’un Pèlerin russe dans lequel le mantra est la prière du Cœur (Seigneur Jésus Christ, ayez pitié de moi) utilisée par les mystiques Orthodoxes.

    Pourquoi utiliser des mantras en sanskrit ?... Ne vaudraient-ils pas mieux en français ? – Non, car le sanskrit est la racine des langues indo-européennes dont le français fait partie. C’est une langue qui s’est développée consciemment : chaque syllabe résonne dans un chakra particulier. L’utilisation d’un mantra n’affecte pas le pratiquant seulement par sa signification mais également par le son même du mantra. Souvent la transmission du mantra comporte l’enseignement de sa prononciation ; mais si une personne travaille son mantra avec une grande pureté, elle sera capable d’entendre le mantra à l’intérieur/extérieur d’elle-même (dans l’akash ou éther) et elle arrivera à le dire à l’unisson avec les voix qu’elle entend.

    Qu’est-ce qu’un japa ? – Japa est le nom de Dieu utilisé comme mantra ; ex : RAMA. La répétition du nom de Dieu t’amène peu à peu à communier en Lui.

    Comment récit-t-on un mantra ? – Le mantra ne se récite pas. Tu le laisse venir en toi. Par exemple, si tu sens le désir de travailler avec le mantra RAMA :

    1. Considère ce que représente Rama historiquement ; Rama était un Avatar dans le Sat Yuga, la période la plus pure qu’ai déjà connu l’humanité. En ce temps-là, la plupart des êtres étaient Inspirés. Ils reconnurent l’Avatar et l’honorèrent. Le Ramayana raconte la vie de Rama. Il y est présenté comme le fils parfait, le mari, le frère, le père et le roi parfait, c’est-à-dire un parfait karma yogi. Il incarne le fait de vivre la vie quotidienne comme un acte de dévotion. « C’est un être magnifique, au rayonnement intense, d’Amour et de Sagesse, de Compassion et de Puissance. En parfaite harmonie, Rama est l’essence de Celui que tu es lorsque tu réalises ta véritable identité

      — (Âtman)

    2. Considère Rama comme l’Être spirituel, Manifestation de l’éternelle perfection incarnée dans un être humain. Il est pure Lumière, pur Amour, pure Énergie, pure Compassion, pure Sagesse, pure Puissance. Comme le Soleil, il rayonne de lumière, de chaleur et de force de vie. Il est maintenant aussi réel que ta foi le lui permet.
    3. Commence à prononcer son Nom intérieurement. Deux syllabes : RA et MA. Cependant le «A» de MA ne s’entend pas. Écoute attentivement jusqu’à ce que tu entendes le Nom, et laisse-le apparaître comme si tu continuais à parler de cette voix intérieure qui murmure le Nom. Continue un moment.
    4. Après quelques temps, tu remarqueras qu’en plus de la répétition «parlée», le mantra évolue de lui-même il pénètre «sous» la voix puis s’infiltre dans ton cerveau. Encore un peu de pratique et il résonne dans ton cœur.
    5. Poursuis de toute ta conscience jusqu’à cela devienne une profonde habitude. Garde le mantra tout au long de tes promenades. Agis pareillement en toutes choses. Réalise sans cesse que Dieu Est Tout Cela et que tout ce que regardes fait partie de Rama. Celui que tu rencontres est toujours Rama, toujours il vient t’enseigner quelque chose. Tu connais perpétuellement la Perfection, et Tu Es Cela.
    6. Deviens Hanuman (le singe du Ramayana), le serviteur et l’adorateur parfait de Rama.
    7. Si tu souhaites une aide extérieure pour entretenir le mantra dans ta conscience, tu peux te servir d’un mala. C’est un chapelet de 108 perles plus une perle-gourou. En Occident on l’appelle rosaire. Tu fais passer chaque perle entre le pouce et le troisième doigt de la main droite (en Inde on n’utilise pas l’index car c’est le doigt de l’accusation) et de perle en perle tu chemines avec le nom de Rama. Quand tu arrives à la perle-gourou, tu fais demi-tour sans fermer le cercle ; les perles tournent ainsi toujours vers soi. À force d’utiliser les mêmes perles, elles s’imprègnent du prana ou force spirituelle que ta pratique de japa permet de développer
    8. Prends l’habitude de t’endormir en récitant le mantra.
    9. Habitue-toi à ce que chaque émotion forte, positive ou négative, te soit un rappel à la récitation du mantra.
    10. Utilise le mantra pour dissoudre les «trains de pensée» qui s’écoulent continuellement.
    11. Pratique le mantra avec ceux qui sont branchés.
    12. Ne discours pas du mantra avec n’importe qui parce que chaque fois que tu as affaire à quelqu’un qui doute ou qui adopte une attitude cynique, ce doute et ce cynisme résonnent en toi et te touchent à l’endroit où ta foi est la plus faible. C’est aussi la raison pour laquelle les mantras sont souvent transmis secrètement.
    13. Certaines pratiques du mantra ne sont recommandées qu’à raison de quinze minutes matin et soir. Commence ainsi si cela te convient et laisse peu à peu le mantra imprégner ta vie de manière très naturelle. Mais souviens-toi qu’il ne s’agit ni d’essayer ni de «forcer» le mantra avec la volonté de l’ego. Cela pourrait t’en éloigner. En fait c’est le mantra qui te pratique et non l’inverse. Laisse-le t’attirer à lui dès que tu es prêt. Sois simplement un bon instrument entre ses mains.

Phrases-clés

« Quand l’esprit perçoit un objet, il en prend la forme. Donc l’esprit qui pense à la Divinité, manifestant la Dévotion (Ista Devata), devient à la longue, par une dévotion constante, pareil à cette Devata. En permettant à la Devata d’occuper l’esprit longtemps, celui-ci devient aussi pur que la Devata. Ceci est le principe fondamental de la Sadhana tantrique, ou pratique religieuse. »

— J. G. Woodroffe.

« Le monde n’entre en jeu que lorsqu’on oublie le Seigneur. Celui qui garde constamment Dieu à l’esprit, bien que vivant dans le monde parmi ses amis et ses relations, n’est pas de ce monde. »

— Mystique perse.

« Je ne m’aperçois même pas que je marche. Je suis seulement conscient de dire la prière. Quand le froid mordant me transperce, je prie plus intensément et cela me réchauffe aussitôt. Quand la faim commence à me tenailler, j’appelle plus souvent encore le nom de Jésus et mon désir de nourriture me quitte. Je suis devenu d’être à demi-conscient. Je n’ai ni soucis ni intérêts. Je n’accorde aucun regard aux affaires embrouillées du monde. Je ne souhaite qu’être seul, seul pour prier, prier sans cesse. Et ainsi je suis rempli de joie. »

— Récit d’un pèlerin russe.

« En peu de temps, j’eus le sentiment que la prière était pour ainsi dire passée d’elle-même de mes lèvres à mon cœur. Peu de temps après une douce chaleur m’emplit le cœur. »

— Récit d’un pèlerin russe.

« Aucune de ces choses ne m’affligèrent. C’était comme si elles étaient arrivées à quelqu’un d’autre et je les contemplais simplement. La prière m’apporta de la douceur au cœur et me rendit pour ainsi dire inconscient du reste. »

— Récit d’un pèlerin russe.

« Si l’ennemi ne peut nous détourner de la prière par des pensées vaines et des idées coupables, alors il mène nos esprits aux bonnes choses qu’on nous a apprises et nous remplit d’idées magnifiques afin de nous écarter de quelque façon que ce soit de la prière car c’est une chose qu’il ne supporte pas. Ceci est appelé un «vol du côté droit». Il m’apprit donc à ne pas admettre, pendant les périodes de prière, même les pensées spirituelles les plus sublimes. Et si je m’apercevais que la journée s’était passée à affiner la pensée et la parole au lieu d’une constante prière du cœur, alors je devais considérer cela comme une perte du sens des proportions ou un signe d’avidité spirituelle. »

— Récit d’un pèlerin russe.

« Où que tu sois, tu peux élever un autel pour dieu dans ton esprit grâce à la prière. »

— Récit d’un pèlerin russe.

« Libérée des passions sensuelles et entièrement consacrée à l’adoration de Rama, l’âme est transportée de son bien-aimé comme poisson dans un lac d’ambroisie. »

— Tulsi Das.

« Devi, imagine les lettres sanskrite de ces délicieux faisceaux de conscience, tout d’abord en tant que lettres, puis, plus subtilement comme sons et enfin comme sentiment le plus subtil. Puis, le laissant de côté, sois libéré. »

— Reps.

Transmuter l’énergie

Le cosmos entier, sur tous les plans et dans toutes ses formes, est énergie. On appelle cette énergie : prana. Ton corps est une forme de prana, ainsi que ta pensée, tes sensations, et la lumière elle-même. Les formes de prana peuvent se différencier les unes des autres par la fréquence te l’amplitude de leurs vibrations. Les solides sont prana dans sa forme épaisse, la lumière est prana dans sa forme subtile. La forme la plus subtile de prana dans sa fréquence la plus fine est l’Univers lui-même ; la forme de prana la plus haute, celle dont toutes les autres dérivent est la Claire Lumière Blanche : un champ de Lumière homogène qui englobe tout. Chacune des fréquences d’énergie est interchangeable avec les autres, un continuel échange se produit à tout moment, une continuelle transformation d’énergie d’une forme à une autre. Ainsi toutes choses dans l’univers s’interpénètrent intimement.

Au plan où il n’y a que pur prana, un certain nombre d’étiquettes sont interchangeables. Ce plan peut être appelé Pure Lumière ou Pure Conscience aussi bien que Pur Prana ; implications vertigineuses puisque cela veut dire que l’univers est conscience. Cela se vérifie lorsque tu brises complètement ton identification avec le corps, les sens et la pensée et que tu te fonds dans la pure conscience –la conscience universelle. Ce que tu imaginais être «ta» conscience se révèle n’être qu’une partie d’une Conscience plus vaste, voilée par l’illusion du multiple. Une personne qui a rompu tous ses attachements et qui se fond dans cette Conscience est dite résider en SAT CHIT ANANDA : Existence totale, Connaissance totale, Félicité totale. C’est la forme de Samadhi la plus haute. Mais avant d’y parvenir, on doit traverser les stades intermédiaires où on se libère des attachements aux formes grossières de prana pour évoluer vers les plans plus subtils.

Transfert d’énergie.

Jusqu’à l’état final de SAT CHIT ANANDA, l’individu garde son identité propre. Et cet «être» séparé est un conduit par lequel circule l’énergie. Il reçoit prana dans le réceptacle du plan auquel il est attaché. Ainsi, si tu es attaché au corps, tu reçois prana dans sa forme grossière de nourriture, d’air et d’eau. Une partie de prana est absorbée dans l’activité musculaire et la reproduction, cependant qu’une autre partie est transformée plus subtilement en pensée, ou sentiments, et tente de parvenir à l’Esprit de Pure Conscience dans un élan vers des formes plus hautes. Ce domaine subtil de prana se nomme ojas, la forme la plus grossière, bindu.

Celui qui a brisé son identification au plan physique reçoit prana dans sa forme la plus haute. Il peut transformer à loisir le prana des pensées et de la perception en vibrations plus subtiles ou plus grossières. Il peut ainsi, comme le faisait Thérèse Neumann, nourrir son corps de seule lumière et se passer totalement d’autres formes de nourriture. De tels pouvoirs ne sont bien entendu pas nécessaires dans la plupart des cas. Il est plus courant d’en arriver à ne consommer que ce qui est utile, avec plaisir sans doute mais sans attachement. Le soleil émet des vibrations de prana si hautes que la plupart d’entre nous ne pouvons l’utiliser qu’après une sorte de décélération vibratoire par le moyen de plantes, etc…

Quand tu as brisé ces attachements au plan physique, tu peux te servir aussi bien de l’énergie ayant la fréquence vibratoire d’un plan subtil ou astral comme de l’énergie physique et grossière à laquelle tu étais habitué. C’est pourquoi tu éprouves bientôt, en te purifiant, une énergie considérablement plus forte. En fin de course, tu deviens TOUTE énergie. Cependant, même aux stades préliminaires de la Voie, disposer d’un surcroît d’énergie va te poser certains problèmes ; toutes tes réactions habituelles sont fondées sur ta capacité «ordinaire» ; utiliser cette énergie supplémentaire c’est comme brancher sur 230 V un appareil prévu pour le 110 V… Tu t’aperçois bientôt que les canaux de tes activités habituelles ne sont plus adaptés. Un nouveau système de référence est alors nécessaire en ce qui concerne a) qui tu es, et b) comment utiliser l’énergie.

Deux stratégies te sont alors possibles : ou tu supprimes l’accomplissement des désirs encore vivaces en utilisant leur énergie à des actes de purification spécifiques (sublimation), soit tu laisses cette énergie satisfaire le désir, sans jamais perdre une conscience objective du processus total ; ce qui revient à utiliser l’expérience afin de supprimer le désir qui la provoque. Cette deuxième méthode appelée ban marg, ou la Voie de la main gauche est très risquée. La plupart de ceux qui l’utilisent sont conduits à l’échec en créant plus de karma. Malgré tout, c’est une voie si séduisante que les occidentaux la préfèrent même s’ils doivent ensuite enfouir leur échec dans les couches du rationalisme qui les caractérise.

En fait, il s’agit principalement d’abandonner le modèle d’un ego défini. On constate que ce modèle a la vie dure car c’est lui qui entretient le mécanisme de la danse de la nature. En somme, l’ego est satisfait de pouvoir disposer de nouvelles réserves pour combler ses propres désirs. Le plaisir sera de courte durée car il renforce le karma et l’attachement, et conduit bientôt à la perte de ces nouvelles forces.

Toutefois, le fait de puiser de nouvelles énergies pour satisfaire de vieux désirs peut avoir un effet différent si l’affaire est bien menée : on a une chance d’épuiser le désir. Poursuivre la gourmandise au-delà de la satiété, par exemple, amènera le dégoût total et, le désir est purgé. Quand tu étends le processus à un grand nombre de désirs, à mesure que ceux-ci te quittent, tu éprouves un sentiment de vide et de désespoir dans cette vie… Les vieux désirs ne pourront être ranimés. C’est alors que tu te branches sur la longueur d’onde d’un autre plan de conscience.

Utiliser ou non un surcroît d’énergie pour la satisfaction de désirs anciens se définit ainsi : d’un côté, ces désirs sont comblés et sont vidés de leur sens, de l’autre, tu ne cesses de renforcer le mécanisme du désir en aliénant ta liberté toujours plus. Mais chaque désir, aussi pervers puisse-t-il paraître, est un élan vers la lumière (le Diable ne sait pas pour qui il travaille !…)

Autres aspects.

L’activité propre de chacun des quatre premiers chakras sur lesquels tu fonctionne –survie, sexe, puissance, compassion – conditionne ta perception et ton comportement. Si par exemple ton énergie était principalement localisée dans le deuxième chakra, l’existence serait simplement conditionnée pour toi par le sexe et les satisfactions sensorielles. Tes recherches seraient toutes orientées sur d’éventuels partenaires, toutes tes relations seraient axées sur le sexe. Si ton énergie était localisée dans le troisième chakra, ce serait toujours aussi simple : la puissance ; chaque personne ne t’intéresserait qu’en ce qu’elle peut mettre en valeur l’ego. Tu n’éprouverais que haine ou peur envers ceux qui ont pouvoir sur toi. Ton comportement serait tantôt servile, tantôt dirigiste ou, simplement paternaliste. Tu ne pourrais considérer qu’un être soit ton égal mais seulement supérieur ou inférieur à toi d’une manière ou d’une autre. En effet, tu ne saurais voir celui qui te serait semblable dans tel ou tel domaine.

Si tu avais passé la grande barrière (entre le troisième et le quatrième chakra) tu ne connaîtrais alors que des sentiments de compassion et de fraternité dans l’Esprit. Dans une étreinte sexuelle ou dans un contact professionnel ou social, le seul sentiment qui t’animerait serait celui du «nous» de la fraternité. À partir de là tu n’aurais plus le moindre intérêt pour ce qui peut te démarquer en tant qu’entité distincte. Toutes tes actions seraient en parfaite harmonie avec la totalité des forces agissantes dans l’instant présent. Tu vivrais dans le Tao. En réalité, ton comportement ne peut être décrit de manière aussi simpliste ; il est dépendant de tous ces chakras qui opèrent simultanément au niveau du deuxième chakra ; il peut arriver en cours de route que l’élan sexuel de départ se change en vagues d’amour et de compassion. Tu peux aussi te joindre à quelqu’un pour louer Dieu et prier quand un violent désir sexuel – ou une volonté de puissance – prend soudain le relais. Souvent les relations avec un maître spirituel ont pour composantes la puissance te le sexe.

Il est donc nécessaire, dès le début, de bien savoir où l’on en est dans son développement. Toutes ces forces sont toujours présentes. Refuser de les reconnaître n’est d’aucune aide. Comment faire alors ?

Lorsque tu commences à comprendre que les souffrances humaines ne s’estompent qu’à partir du quatrième chakra – au moins – et que tu te sens assez motivé, alors la méthode est directe : change toutes les situations en rapport de compassions. Garde en permanence très haut dans ta conscience un modèle de cette compassion. Et chaque fois qu’un chakra inférieur t’appelle, tâche de ne pas te justifier ni te condamner mais redéfinis toujours la situation dans les termes du quatrième chakra en termes d’amour compatissant envers tous les êtres, toi-même y compris. Si quelqu’un semble vouloir tirer avantage de son rapport avec toi, considère que vous êtes tous les deux des manifestations de l’UN ; plonge dans son regard jusqu’à ce que vous compreniez tous les deux où doit s’arrêter la puissance et où commence l’amour. En traversant ce voile, tu passeras du troisième chakra au quatrième en transmutant l’énergie. Ceci est le divin Travail : rendre sacré ce qui est profane.

Où se situe le risque ? En travaillant sur les énergies des chakras inférieurs, tu fais ressurgir les chaînes d’habitudes qui te gardent prisonnier de ces chakras. Si ta volonté n’est pas assez bien trempée – du désir de t’en sortir – tu te gardes dans l’illusion et accumules d’autant plus de karma.

La stratégie la plus sûre est de se tenir le plus loin possible des feux des chakras inférieurs. Transmute l’énergie si tu t’en approche.

La stratégie qui comporte le plus grand risque est celle qui consiste à provoquer le stimulus qui éveille les énergies inférieures pour tenter de les transmuter par la suite. Sache que la plupart de ceux qui s’essayent dans cette voie restent prisonniers de l’illusion leur vie durant.

Entre ces deux extrêmes si situe la voie que suivent de nombreux occidentaux. Ils organisent leur vie de manière à ne pas rencontrer trop de stimuli se rapportant aux chakras inférieurs mais ne cherchent pas non plus à les éviter systématiquement. Lorsque quelque chose te provoque, fais de ton mieux pour transmuter l’énergie. Reconnais tes propres limites et ne sois pas accablé s’il t’arrive de perdre pied. Alors lentement, patiemment, tu apprends la transmutation. Ceci est la Voie du Milieu : vivre dans la joie la plus vigilante.

Pranayama

Exercices.

L’une des manifestations de prana (la force de Vie) dans le corps est la respiration. En travaillant sur ta respiration, tu peux être en harmonie avec les plus puissantes énergies de l’Univers. De plus, il existe une relation intime entre la respiration et la pensée. Calmer la respiration apporte simultanément le calme de l’esprit. Quand la respiration ou la pensée sont arrêtées, tu te trouves plongé en état de Samadhi, ou super-conscience ; mais ces deux facteurs sont si intimement liés qu’arrêter l’un implique l’arrêt de l’autre.

Pranayama est le contrôle de la force vitale ou énergie ou encore prana par des exercices respiratoires très stricts. L’arrêt complet de la respiration n’est possible que pour un yogi très avancé. Mais il existe des exercices très simples qui apportent dès le début un grand calme : il s’agit des exercices préliminaire à la rétention du souffle par lesquels la kundalini est éveillées (énergie ascendante qui parcourt la colonne vertébrale). Pour les exercices plus avancés, un guide sera indispensable.

Non seulement ces exercices imprègnent la journée de calme et de paix, mais ils modifient la composition chimique du sang. Les yogis avancés ont placé leur respiration entièrement sous contrôle ce qui leur donne la maîtrise des émotions.

Ces exercices peuvent se pratiquer de une à quatre fois par jour, selon l’intensité de la Sadhana, toujours avec l’estomac vide (attendre au moins trois heures après un repas et une heure après une boisson). Beaucoup aimeront pratiquer après la purification matinale ; l’autre moment idéal de la journée est au coucher du soleil, avant le repas du soir. Il est toutefois déconseillé d’absorber de la nourriture tout de suite après.

Alors qu’il est bon d’utiliser la respiration profonde au cours de la journée – à la fois abdominale, costale et thoracique – les exercices suivants concernent la seule respiration thoracique.

  1. Assieds-toi bien droit, en lotus ou sur une chaise, l’essentiel est que la colonne vertébrale soit parfaitement dressée.
  2. Pratique le mulhabandha qui consiste à rétracter l’anus et les parties génitales. Au début il te sera difficile de la maintenir ensuite tu pourras bientôt le garder pendant la durée de l’exercice. Tu peux aussi t’asseoir sur une petite boule de tissus (de la taille d’une balle de golf) de manière qu’elle presse la partie située entre l’anus et les parties génitales.
  3. Contracte légèrement les muscles abdominaux en rentrant les intestins ; cet uddyanabandha est également à maintenir pendant toute la durée de l’exercice. Relâche les épaules et garde le corps souple.

Exercice 1 : SITALI.

Étire le plus possible la langue en formant un «U», les côtés relevés et le milieu en creux. Sers-toi éventuellement d’une glace pour y parvenir. Inspire par la bouche aussi profondément que possible, autant qu’il est agréable, en contractant légèrement les muscles abdominaux. Rentre alors la langue et expire alors par le nez. Imagine pendant l’inspiration que tu nourris ton corps de pur prana ou force de vie, ou lumière ou conscience. Concentre-toi pendant tout la durée de l’exercice sur le foyer situé entre les deux sourcils et dirige prana vers ce point. Dans l’expiration, visualise le rejet de toutes les impuretés du corps et de l’esprit. Pratique cet exercice cinq fois le premier jour en augmentant d’une fois chaque jour jusqu’à 50 par jour et garde ce rythme.

Exercice 2 : BHASTRIKA (ou kapalabhati : le soufflet).

Commence une respiration légère et rythmée en n’utilisant que le nez, sans marquer de pause entre l’inspiration et l’expiration. Garde une intensité et une durée égale dans l’une et l’autre. Une fois l’équilibre obtenu, tu peux graduellement augmenter en amplitude et en intensité. Enfin, la respiration devient plus courte, en «staccato», en marquant un certain impact entre l’inspiration et l’expiration, l’inspiration et l’expiration, etc… Porte ton attention à l’entrée du nez à l’endroit où l’air frappe la cloison nasale pendant l’expiration.

Fais cet exercice environ trente secondes puis détends-toi. Recommence pendant trente secondes. Par la suite tu pourras augmenter le nombre de ces séries jusqu’à trois ou quatre minutes.

Si tu pratiques correctement, tu remarqueras au bout de quelques semaines de nouvelles odeurs, un parfum agréable et doux.

Exercice 3 : NADI SODHAN.

Place la main droite de façon à poser le troisième doigt entre les sourcils, le pouce sur la narine droite et le quatrième doigt sur la narine gauche. Ferme la narine droite avec le pouce, et inspire doucement et uniformément par la narine gauche (4 secondes) puis pince le nez pendant deux secondes. Soulève le pouce pour expirer doucement et uniformément par la narine droite (8 secondes). Après une ou deux secondes, inspire par la narine droite (4 secondes), retiens la respiration (2 secondes) et expire par la narine gauche (8 secondes) ; en d’autres termes, tu changes de narine avant chaque expiration.

Lorsque tu inspires par la narine gauche, tu visualise une charge d’énergie descendant l’Ida (nerf subtil concernant le côté gauche de la colonne vertébrale). Au moment de la rétention de deux secondes, cette charge d’énergie passe, à la base de la colonne vertébrale, du côté gauche au côté droit. Puis, en expirant par la narine droite, cette énergie remonte le long de Pingala (nerf subtil concernant le côté droit de la colonne vertébrale). À mesure que ta purification progresse, ces images deviendront des sensations réelles dans la colonne vertébrale.

Pratique cinq fois cet exercice le premier jour, en augmentant d’une fois chaque jour jusqu’à 50 fois par jour et garde ce rythme.

Si ces exercices te donnent le hoquet ou s’ils entraînent la moindre douleur, il faut tout de suite y renoncer pour te concentrer sur d’autres formes de yoga pendant un an ou deux avant de reprendre pranayama.

Exercices.

« Les entreprises humaines resteront toujours en-deçà de la de la perfection ; en outre, nul ne peut arracher les tendances innées de sa propre nature ; la question est d’arriver leur puissance en force vitale. »

— Ouspensky.

« De même que la faim mais non l’avidité est une chose légitime ; de même l’instinct sexuel est dans la nature des choses mais pour la survie de l’espèce et non pour être l’objet de désirs insatiables. Débarrasse-toi de tes mauvais désirs à l’instant même. Sinon ils t’accompagneront lorsque ton corps astral aura quitté ton enveloppe charnelle. Si la chair est faible, l’esprit doit cependant continuellement rester le maître. Si la tentation t’assaille farouchement, chasse-la par une analyse impersonnelle et une volonté inébranlable. Toutes les passions naturelles peuvent être soumises. »

— Shri Yukteswar.

« Le feu anime l’homme. Un feu sexuel le fait se reproduire. Ces deux feux ne font qu’un à leur source. L’homme peut épuiser le feu dans son plaisir ou le sublimer dans une force divine. »

— de Lubicz.

Énergie sexuelle

Il y a dans le corps sept foyers psychiques appelé chakras. Chacun de ces centres est associé à une expression différente de l’énergie, depuis le premier chakra qui travaille dans la forme la plus grossière jusqu’au septième qui utilise la forme la plus fine de cette énergie. De même qu’un profil de caractère établit les dominantes de la personnalité, de même est-il possible de faire référence aux chakras dans lesquels l’énergie est reçue et distribuée selon les individus.

Chacun des chakras correspond à un domaine particulier. Le premier chakra est associé à la survie, la dualité extrême de la lutte sauvage ; le deuxième est associé à la reproduction et au plaisir sexuel ; le troisième est lié au pouvoir et à la maîtrise. Ces trois premiers chakras sont les foyers de l’énergie la plus couramment employée par l’homme actuel. Ils sont avant tout les centres nécessaires à la survie et au maintien de l’ego.

C’est à partir du quatrième chakra, le chakra du cœur, que l’on accède au domaine où l’ego se transcende ; le quatrième chakra est celui de la compassion, le cinquième celui de la recherche de Dieu ; le sixième (troisième œil) est le centre de la sagesse et le septième enfin, celui de l’Illumination totale : le foyer de l’Union.

En termes d’énergie, la voie spirituelle est l’ascension le long de la colonne vertébrale, c’est-à-dire la transformation et le passage de l’énergie des chakras inférieurs aux chakras supérieurs par une purification et un raffinement constants. Alors, toute utilisation d’énergie qui renforce l’emprise des chakras inférieurs ne peut qu’entraver le progrès spirituel.

Les expériences et les habitudes associées à la convoitise sont du domaine du second chakra. Freud fut le porte-parole des gens fixés à ce chakra, comme Adler s’employa à caractériser le troisième et Jung peut-être le quatrième.

Notre culture occidentale étant dédiée au modèle de l’homme du deuxième ou troisième chakra, notre perception est actuellement limitée à ces domaines. Et les vibrations actuelles de nos sociétés sont assez défavorables à ce cheminement ascendant que pourtant beaucoup ont déjà entrevu. Ainsi, la plupart des gens considèrent comme «normal» d’avoir des ego-désirs en ce qui concerne le pouvoir et le sexe et il nous est difficile de comprendre que ce qui apparaît «normal» à une personne du second chakra n’est pas aussi «normal» pour une personne du quatrième.

Le patient freudien, du second chakra, pense que tout est de nature sexuelle, un stylo est phallique, le pouvoir politique est signe de virilité etc… La religion est même décrite par Freud comme une sublimation de la sexualité.

Une personne du troisième chakra perçoit toutes choses en termes de puissance et de pouvoir et son activité sexuelle s’y trouve rapportée également.

Toutes vues de l’univers, par le truchement du premier, deuxième et troisième chakra sont profanes, c’est-à-dire qu’elles renforcent ou perpétuent l’illusion de la dualité.

Nous proposons deux stratégies pour travailler sur les puissantes énergies du second chakra. La première consiste à empêcher la dispersion en transmutant de l’intérieur ces forces latentes en énergie spirituelle. Ceci nécessite la continence sexuelle et s’appelle brahmacharya. L’alternative consiste à poursuivre l’éveil de ces énergies en les dirigeant, ainsi manifestées, vers les domaines spirituels. Cette technique est connue sous le nom de tantra sexuel.

Brahmacharya.

Brahmacharya, ou continence sexuelle, est le processus spécifique qui consiste à capter l’énergie utilisée par le second chakra pour guider le long de la colonne vertébrale vers les chakras supérieurs. Il s’agit donc de générer ou de capter l’énergie pour la mettre au service de l’illumination. La plupart des brahmacharis convertissent et dirigent l’énergie vers les centres supérieurs sans ressentir de frustration sexuelle. Ils disposent d’une énergie accrue pour s’élever dans la méditation vers l’état de Sat Chit Ananda. Les techniques appropriées sont le pranayama, les mantras, la diète et l’abstinence de stimuli agissant sur le second chakra.

Du point de vue d’un occidental, un tel renoncement doit entraîner la souffrance. Non seulement le brahmachari ne souffre pas mais il éprouve le plus souvent des états de félicité bien plus hauts et bien plus durables que ceux qu’on éprouve par la satisfaction au niveau des chakras inférieurs.

Tantra sexuel.

Dans le Bakti Yoga, le Yoga de la dévotion, la forme la plus accomplie de cette méthode (illustrée par l’histoire de Krishna et des Gopis) est une relation dévotionnelle avec Dieu, semblable à celle de l’amant et de l’aimée. Les gopis (laitières) étaient toutes amoureuses de Krishna, le beau joueur de flûte. Les soirs d’automne, à la pleine lune, il jouait de la flûte au bord de la rivière et appelait les gopis à lui. Alors il se manifestait en 16.000 formes, une pour chaque gopi, et il leur faisait l’amour de la façon désirée par chacune. Ainsi toute l’énergie contenue dans le désir de s’unir – qui est celui de la relation dualiste des amants – est mise au service de l’Union dans l’amour rituel avec Dieu.

Dans la Bhagavad Gita, Krishna dit : « Fais ce que tu fais, mais consacre moi le fruit de tes actes. » tous les actes, l’acte sexuel n’y faisant pas exception.

Pour la pratique du tantra sexuel, la vérité et la confiance sont absolument requises. Toi et ton partenaire devez sentir que tous deux, en toute conscience, travaillez ensemble pour vous purifier et brûler toutes vos impuretés pour devenir UN.

Vous vous accordez pour partager karma. Cela n’entraîne aucun acte particulier, présent ou à venir, mais cet engagement signifie que vous acceptez pleinement ce qui est Ici et Maintenant. C’est intégralement Ici et Maintenant que cela se passe. Tous les désirs sont rapportés à Ici et Maintenant. La communication doit s’établir sans tricherie jusqu’à ce que la paranoïa attachée au plaisir soit remplacée par la voluptueuse chaleur de l’amour.

La pratique commence par une méditation, peut-être le partage d’une graine de cardamome, puis la danse vous entraîne lentement, une danse où chaque souffle, geste, caresse, pensée sont entièrement goûtés (dans le sens de la compassion) par la conscience unique dans laquelle vous communiez. Vous êtes homme tous deux et tous deux femme, il y a là deux corps mais l’acte (comme les deux mains qui produisent le son) est une unité ressentie par une conscience unique.

Le corps du partenaire devient le corps de Rama ou de la Mère Divine. Chaque caresse, chaque baiser, est un acte de dévotion à l’être sacré. Toute l’expérience est un acte d’adoration et l’orgasme lui-même cesse d’avoir une importance primordiale.

Malheureusement, aucun de ceux qui collaborent à la préparation de ce manuscrit n’est assez avancé dans cette pratique pour présenter ce chapitre sous une forme plus complète.

Une femme amena un jour son jeune garçon au Mahatma Gandhi et lui demanda :

« Mahatma-Ji, dites-lui de ne plus manger de sucre. »
« Veuillez revenir dans trois jours. » dit Gandhi.
Trois jours après, la femme revint avec son fils et Gandhi dit au garçon :
« Cesse de manger du sucre. »
La femme demanda :
« Pourquoi nous fallait-il attendre trois jours pour que vous lui disiez cela ? »
Et le Mahatma répondit :
« Il y a trois jours je mangeais encore du sucre. »

Siddhis

« À la quatrième veille de la nuit, Jésus alla vers eux, marchant sur la mer. Quand les disciples le virent marcher sur les eaux ils furent troublés et dirent : «C’est un fantôme !». Et ils poussèrent des cris de frayeur. Aussitôt, Jésus leur dit : «Soyez rassuré, c’est moi, n’ayez pas peur !» Pierre répondit : «Seigneur, si c’est toi, ordonne que j’aille vers toi sur les eaux» Et Il dit : «Viens !» Pierre sortit de la barque et marcha sur la mer pour aller vers Jésus.
Mais voyant que le vent était fort, il eut peur ; et comme il commençait à s’enfoncer, il s’écria : «Seigneur, sauve-moi !»
Aussitôt Jésus étendit la main, le saisit et dit : «Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ?» Et ils montèrent dans la barque et le vent cessa.

— St Matthieu 14-22.

Lévitation ? Voyage astral ? Télépathie, Séparer la Mer Rouge ? Dessécher le figuier ? Déplacer des montagnes ?

Quel rôle jouent les pouvoirs dans le voyage spirituel ?

À mesure que l’on purifie son corps et son esprit, c’est-à-dire qu’on intensifie la concentration de l’esprit, on acquiert de plus en plus de pouvoirs (Siddhis). À chaque étape on a le choix d’utiliser ou non ces pouvoirs.

Si tu cherches les pouvoirs, tu peux les obtenir. En fait, c’est tout là le problème ! À chaque étape de purification, en accroissant la concentration de l’esprit, tous les pouvoirs imaginables deviennent accessibles. Ils sont comme les lions qui gardent les portes des temples intérieurs successifs ; les lions sont de plus en plus féroces. Si tu as un désir autre que celui de l’illumination, tu es de plus en plus à même de le satisfaire. Si tu cherches l’opulence, tu obtiendras ce que tu veux. Si tu veux tel partenaire, tu le rencontreras. Mais le problème est là : chaque fois que ton attention est dirigée vers la satisfaction d’un désir, ce désir augmente son emprise sur toi, ainsi tu ralentis ton voyage vers la lumière. Et tu sais déjà que cette satisfaction ne pourra bientôt plus te suffire, la tentation d’exercer ce nouveau pouvoir t’aura conduit dans un cul-de-sac. On s’aperçoit alors que chaque nouveau pouvoir risque d’apparaître comme une nouvelle séduction de maya.

Certaines personnes justifient cet emploi au nom du service envers son prochain. Toutefois, dans la mesure où elles sont attachées à faire le bien, elles limitent par là leur perception et ne sont pas toujours à même de voir ce qui serait plus utile au prochain. C’est ainsi qu’on peut épaissir encore l’illusion par un excès de zèle qui rend plus difficile l’approche de la vérité.

À notre époque, la plupart des gens ont placé leur foi dans l’intellect de l’homme et le pouvoir de sa raison. D’où la position extraordinaire de ceux qui possèdent des pouvoirs transcendant la raison ; ils sont bien souvent tentés d’en faire état. L’Inde nous fournit quantité d’histoires de yogis qui ont développé certains pouvoirs par une Sadhana intense et qui modifient leur fonctionnement physiologique : le pouls, la chaleur, la résistance au froid etc…L’un d’eux soulève un sac de sable de 50 kg avec son pénis.

La simple règle du jeu que l’on retrouve dans tous les textes mystiques les plus profonds nous rappelle ceci : ce n’est pas ma volonté mais la Tienne Seigneur, pas mon trip mais Ton trip. Si tu te demandes comment utiliser tel pouvoir qui se trouve à ta portée, laisse tomber ! Par contre, si ce pouvoir est nécessaire au déroulement de ton karma, il apparaît naturellement. La seule chose retarderait ton progrès serait de mettre un pouvoir au service de l’ego.

Lorsque tu acceptes de renoncer à la puissance et au contrôle qui sont les tiens aujourd’hui, à mesure que tu te purifies, tu découvres de nouveaux pouvoirs ; finalement, lorsque tu as renoncé à tout, tu détiens tous les pouvoirs. Quand Jésus disait : « Avec un peu de foi vous pourriez déplacer des montagnes », il était totalement dans le vrai. L’humour cosmique est tel que si tu poursuis ta purification dans le but de pouvoir déplacer des montagnes, tu parviendras effectivement au point où cela te sera possible ; mais d’ici là, il t’aura fallu renoncer aussi à être celui-qui-veut-déplacer-les-montagnes pour devenir celui-qui-créa-les-montagnes-et-les-a-placées-là. Quand tu finalement le pouvoir de déplacer les montagnes tu es celui qui les a placées là… et tu n’as pas besoin de les bouger.

On reste incroyablement stupéfait devant un tel plan divin et on éprouve beaucoup de compassion pour le ridicule de notre soif de pouvoir.

Satsang

Ramakrishna fait remarquer que lorsqu’un arbre est tout petit, on le protège des animaux en l’entourant d’un grillage. Plus tard, quand l’arbre a grandi il n’a plus besoin de clôture. Alors c’est lui qui devient abri pour tous.

Il en est de même de la croissance spirituelle. Au départ, quand nous venons d’entrevoir la possibilité de vivre dans l’Esprit, nous sommes encore vulnérables car notre foi est instable. À ce stade, il est important d’être entouré de gens qui partagent notre foi en l’Esprit. Le groupe ainsi formé s’appelle Satsang ou sangha, la communauté des moines sur la Voie. C’est la raison pour laquelle il existe des monastères ou ashrams. Pendant cette période, il est bon d’être entouré de gens essentiellement concernés par les moyens de réaliser l’illumination.

La progression est alors quasi inévitable. S’étant engagé sur la voie de l’éveil, on découvre de nouveaux compagnons. Puis on réalise qu’à part certains engagements karmiques existants – familiaux ou sociaux – on n’a aucune raison de passer son temps avec d’autres que ceux qui aident à la Sadhana. Ainsi, toutes nouvelles relations, qu’elles soient d’amitié, d’alliance, d’affaire sont fondées implicitement d’abord, puis ensuite explicitement, sur ces nouvelles bases.

Lorsque tu es bien établi en ton centre, que ta foi est stable et solide, alors seulement le choix de tes relations n’a plus d’importance. Parce qu’il est devenu évident pour toi que chacun est en route dans l’évolution de la conscience. Les êtres ne sont différents que selon l’épaisseur du voile d’illusion en eux. Mais en ce qui te concerne maintenant, tu vois au-delà de ce voile l’endroit où nous sommes tous UN.

Exercices.

Nos amis nous trouvaient de plus en plus ennuyeux. Gurdjieff dit : « Et ce n’est pas fini… c’est un homme intéressant qui sait bien mentir, vous avez déjà commencé à mourir. Il vous reste encore beaucoup de chemin avant de disparaître car une certaine quantité de sottises émane encore de vous. Mais vous ne pouvez plus tromper aussi sincèrement que par le passé. Car vous avez maintenant goûté à la vérité. »

— Ouspensky.

« Une certaine compagnie est une perte et une autre est un gain ; quand elle est associée au vent, la poussière s’élève au ciel, si elle se joint à l’eau, elle se change en boue et s’enfonce. »

— Tulsi Das.

« Ne vous associez pas, quand vous vous consacrez aux exercices spirituels, à ceux qui ne s’en occupent jamais. Car de telles personnes se moquent de ceux qui adorent Dieu et méditent sur Lui ; toujours ils tournent en ridicule les hommes pieux et la piété. Garde-les à distance. »

— Ramakrishna.

« Je dois maintenant murmurer sans cesse que je n’ai jamais été séparé de toi. »

— Gv.

Être en paix

Ta compréhension de la nature de l’univers se modifie à mesure que tu avances sur le sentier de l’illumination. En changeant de perspective, tu connais de mieux en mieux «ce qui se passe». Cette compréhension accrue s’accompagne d’une plus grande compassion, tu acceptes ce qui est et développe une aptitude à voir le plan divin en toutes choses, même dans tes échecs et ceux d’autrui.

Au cours du voyage, tes compagnons de route se renouvelleront. Certains amis te quitteront à mesure que l’Esprit t’entraînera au-delà des intérêts mondains qui vous avaient liés ; mais de nouveaux amis apparaîtront qui partagent tes nouvelles vues.

Bien entendu, certaines de tes relations te suivront aisément dans ce nouveau domaine et votre entent deviendra plus profonde et plus calme jusqu’à se situer dans l’éternel présent.

Ce changement de compagnon de route est quelques fois une affaire délicate ou éprouvante. On a un choc en s’apercevant qu’un ami de longue date ne ressent pas le moindre intérêt en ce qui concerne l’illumination, l’épanouissement du champ de conscience, la découverte de l’Esprit. On souhaite partager ce trip avec lui comme on partageait les autres trips jusqu’ici. Mais ce désir de le brancher, lui montrer, de l’amener à la lumière n’est qu’un reflet de ton manque de sagesse. Seuls certain peuvent t’entendre. Certains seulement peuvent s’éveiller en cette vie. C’est comme si on voyait un ami se noyer sans pouvoir lui tendre la main. Tu veux tellement FAIRE quelque chose ; mais en vérité il ne s’agit que d’être… Sois aussi droit, ouvert et ICI que tu puisses l’être et, si ton ami est en mesure d’entendre, il entendra. S’il ne peut pas t’entendre, il te quittera. Pas de blâme. L’important est de mettre de l’ordre dans ta maison, à chaque étape du voyage, afin de pouvoir poursuivre.

« S’il t’est donné un jour de pénétrer dans le temple intérieur, tu ne devras laisser aucun ennemi derrière toi.

— de Lubicz.

Si par exemple tu ne t’es jamais très bien entendu avec telle ou telle personne de ta famille, que quand tu penses à elle suffit à te mettre en colère, crée en toi un sentiment de frustration, de regret ou autre, cela montre que tu es encore attaché. Tu restes coincé quelque part. Il te faut maintenant vider le problème avant de continuer. Mais comment vider le problème ? Il s’agit de percevoir ce parent d’une façon nouvelle, avec une compassion totale, de le voir comme toi-même, faisant partie de l’Esprit et se trouvant à telle étape du voyage évolutif, avec tel caractère, et se trouvant être… ce parent. Tu dois voir que tous les êtres sont simplement des êtres, que la personnalité, le rôle et le corps ne sont qu’un emballage. L’attachement ne concerne que l’emballage et aussi longtemps que tu restes à la surface, tu te trouves coincé et tu coinces les autres dans le même attachement. C’est en percevant l’essence, à regarder Dieu en chaque être, que toi et les autres peuvent être libérés. Il n’est pas facile de briser les préjugés que l’on s’est construit en ce qui concerne les autres, et seul un regard de compassion peut amener la libération. En Inde, on dit qu’il faut obtenir la bénédiction de ses parents pour commencer Sadhana. Si ceux-ci ont disparu, on doit re-percevoir cette relation avec eux par l’esprit et le cœur, jusqu’à ce qu’elle soit aussi lumineuse que toute autre relation. Si ces personnes sont encore vivantes, tu peux venir les rencontrer au meilleur moment pour ramener la relation au présent. Si tu réussis à situer cette visite au présent, tu seras libre et tu auras terminé. Que l’autre le soit alors aussi, cela est le fait de son propre karma.

Si ce retour au présent est purement vrai et que vous avez partagé ne serait-ce qu’un moment d’éternité, la bénédiction est obtenue ! Évidemment, les parents n’ont pas besoin de dire « Je te bénis ». La bénédiction est que chacun t’écoute comme son prochain et honore en toi l’étincelle divine. Même un instant Ici Maintenant, une seconde partagée dans l’éternel présent, dans l’amour suffit à nous libérer si on est prêt pour la liberté. À partir de là, c’est ton karma individuel qui détermine la durée de ce haut moment.

Cette remise en ordre ne s’applique pas seulement aux gens mais aussi aux choses telles que la musique que tu préfères, les plats que tu n’aimes pas, les traitements de faveur, les coins obscurs, tous tes jouets etc… Tu repasse tout dans la machine à compassion. Tu dois revoir, du moins en méditation, toutes tes anciennes attaches et les faire défiler dans la lumière de l’esprit. Et ce faisant elles disparaissent… sauf bien sûr si l’attachement est encore assez fort pour t’empêcher de les voir avec la pure compassion. Quand on trébuche ainsi sur le chemin, il en ressort au moins une indication du travail qui reste à faire. Cela oriente la Sadhana qui est le travail sur les désirs par lesquels on trébuche et qui consiste à les amener dans la lumière du mantra ou du témoin, jusqu’au moment où elles disparaissent d'eux même.

La vérité

La vérité te fait monter ; il n’y a aucun doute là-dessus. Les mensonges te rabaissent. Pour mentir à quelqu’un, il faut le voir en tant que «lui» ou «elle» ou «eux», c’est-à-dire comme objet. La distance créée par le mensonge finit par te coûter beaucoup plus. Une fois que tu as compris comment fonctionne le karma, tu sais bien qu’on n’échappe pas aux conséquences de ses actes, à court ou à long terme, des actes accomplis au service de l’ego.

Réfléchis à chacune des citations suivantes. Souviens-toi d’un mensonge envers autrui, ne serait-ce qu’une demi-vérité. Remarque les effets néfastes qui en découlent. Considère ensuite ce qui serait différent dans ta vie si la vérité était connue. Il est utile de rappeler que tout gourou, que tu l’aies rencontré ou non sous sa forme matérielle, SAIT TOUT CE QUI TE CONCERNE… TOUT…Il sait aussi pourquoi tu fais ce que tu fais et il te regarde avec une compassion sans limite. Et tu le regardes dans les yeux ; tout à coup tu sais que tu peux aussi bien vivre dans la vérité. Parce que là où ça compte, dans les choses de l’esprit, tu n’es pas du tout vulnérable. Alors pourquoi la vérité pourrait-elle te blesser ? On pourrait beaucoup réfléchir sur ce point.

Exercices.

« Et qui plus est, fils de Pandu, serais-tu le plus grand pécheur, le beau navire de la vérité te conduirait à travers l’océan de tes fautes. »

— Bhagavad Gita.

« En effet, nous nous sauvons sans cesse pour éviter de nous regarder face à face, et nous troquons la vérité pour des banalités. »

— Récit d’un pèlerin russe.

« Nous commettons nos fautes en secret ; dès que nous réalisons que Dieu témoigne de toutes nos pensées, nous sommes libres. »

— Sagesse des Temps, d’après Sat Sandesh.

« Ce qui rend un homme indigne du temple, c’est la lâcheté qui l’incite à éviter l’expérience de la honte et à rechercher l’oubli. Mais la honte acceptée est le plus grand des trésors. La porte s’ouvrira devant toi lorsque tu auras compris ceci : la seule chose qui soit humiliante c’est l’abandon. La cause d’un tel abandon réside dans le fait de ne pas reconnaître ses fautes ; les voir, au contraire, t’amène dans la puissance de ton Dieu. »

« Si tu refuses de reconnaître ton erreur ou ta faute, elle resserre son emprise sur toi. Si tu la reconnais, elle disparaîtra en conscience. Qui méconnaît cela ne trouvera pas l’entrée du temple. »

— de Lubicz.

« Les illusions sont comme les maîtresses. On peut en avoir beaucoup sans se sentir responsable. Mais la vérité insiste sur le mariage : aussitôt qu’on embrasse la vérité, on se trouve pris dans son étreinte à la fois douce et impitoyable. »

— Rabazar Tarzs.

« … quand elle me surprit un jour à voler des bonbons dans la cuisine, elle saisit mon poing fermé et l’approcha de la lumière ; « Ouvre ta main, enfant, » dit-elle, « et ne sois pas si fier. C’est seulement quelque chose que tu caches dans ta main. »

— Une histoire.

Décrocher

Peut-on commencer Sadhana et assumer ses responsabilités sociales ? Prends un instant de recul pour considérer les problèmes actuels : misère, guerre, pollution, névrose, épidémies… N’est-il pas vrai que l’homme serait mieux à même d’y faire face si sa conscience était plus épanouie ? Mais comment cette conscience peut-elle s’épanouir ?… Par toi-même évidemment !

« Peut-on rectifier un poids incorrect quand notre balance est incertaine ? Peux-tu illuminer ton prochain si tu ne connais pas la lumière ? »

— Ramakrishna.

L’homme est actuellement pris dans un plan de conscience qui se nourrit des œuvres de l’esprit rationnel ; c’est-à-dire, un plan de polarités, bien/mal, gauche/droite, vieux/jeune, eux/nous, homme/femmes… Ne pas être «pris», c’est ne pas être attaché. Cela ne signifie pas qu’on refuse de s’engager, c’est être engagé «sans attachement». Un être évolué est tout aussi capable que tout autre être humain de faire une discrimination entre les composantes de l’Univers (sinon mieux). Cependant il ne s’y arrête pas. Tu peux voir une lumière divine, ressentir de félicité, converser avec les dieux et les déesses et savoir remplir ta feuille d’impôts. Être parfaitement net, c’est rester conscient à tous les niveaux, sur tous les plans, sans attachement pour aucun.

Considérons par exemple la relation entre un groupe «hippie» et un groupe «police» ; si un accrochage a lieu pendant une manifestation pacifique, que se passe-t-il ? … les éléments en présence peuvent augmenter la polarité, accroître la distance à force de considérer l’autre groupe comme «ceux d’en face». Résultat, chacun se renforce pour tenter de «les» battre.

Pourquoi la distance augmente-t-elle entre ces deux groupes ? Parce que tout simplement personne ne veut être «eux». Tout le monde veut être «nous». Et si tu rencontres quelqu’un qui te regarde comme «lui» ou «l’un d’eux», toute ta paranoïa refait surface et à ton tour tu considères l’autre comme «lui» ou «l’un d’eux».

Un tel cycle amène généralement une confrontation violente. Quelle est l’alternative consciente ? Il ne s’agit pas d’éviter les manifestations et les oppositions, mais les protagonistes doivent élargir leur champ de conscience. Cela veut dire que tout en manifestant contre une personne ou un groupe, tu réalises qu’au-delà de vos différences vous êtes identiques. La manifestation est alors comprise comme une forme de communication entre «NOUS» ; et là où ça se passe, il n’y a que NOUS. NOUS, c’est les noirs, les blancs, les vieux, les jeunes, les hommes, les femmes, les Américains, les Russes, les pauvres, les riches, les saints et les malfaiteurs.

Donc la règle élémentaire d’une participation consciente est la suivante : TU PEUX PROTESTER QUAND TU AIMES LA PERSONNE CONTRE LAQUELLE TU PROTESTES AUTANT QUE TOI-MÊME.

Tu peux protester contre toutes ses valeurs, mais en réalité, nous sommes tous LÀ, tous des manifestations de l’Esprit.

Une manifestation «consciente» réduit la polarisation et la paranoïa ce qui permet à tout le monde d’entendre ce que «l’autre» cherche à faire comprendre – la peur en moins. C’est aussi simple que cela (et si difficile). Une révolution consciente est possible.

Ainsi la règle du jeu est que chacun travaille sur lui-même pour trouver le centre «où nous sommes tous» – en soi-même – afin que l’on puisse se rencontrer en cet endroit. Telle est la condition sine qua non de la responsabilité sociale (sans laquelle rien n’est possible).

Et l’aide aux victimes d’une famine, au Bangladesh ou ailleurs ?

C’est un karma yoga. Mais sois toujours sans attachement, pour cela comme pour le reste ; avoir de l’attachement dans ce cas, c’est être identifié au rôle du généreux DONATEUR, et ceci place automatiquement l’autre dans le rôle du bénéficiaire. Ce jeu pourra nourrir quantité d’êtres dans le besoin mais il aggrave les distances entre les hommes. Un être évolué sait qu’il n’y a ni donateur ni bénéficiaire ; il n’y a que des ventres vides, des silos pleins de grain, et un effort nécessaire pour transporter le grain des silos dans les ventres creux : c’est notre grain, notre ventre, notre effort. Quand toute cette énergie a été transférée, l’être évolué réalise que rien ne s’est passé ; les remerciements n’ont aucun sens. Est-ce que ta main gauche remercie ta main droite ?

Croire que la Sadhana n’est possible qu’en marge de la société c’est n’y rien comprendre. Dans un sens il faut décrocher, c’est incontestable, c’est un «lâcher prise» interne et non externe. On décroche de son attachement, on décroche de l’illusion de la distance.

Ceux qui croient décrocher en lâchant telle institution sociale sont assez naïfs. Ils entretiennent d’autant l’illusion qu’ils forment souvent de nouvelles institutions sociales, de nouvelles religions avec leurs nouveaux prêtres, de nouveaux pièges pour s’y croire…

Bouddha dit :

« Tant que tu penses en termes de «celui qui fait quelque chose», tu te gardes dans la ronde de la naissance et de la mort. »

Cela veut-il dire qu’on reste au lit à ne rien faire ? Ce serait tout au plus une autre manière d’agir. En fait, tu es obligé d’agir tant que tu es dans ce corps. Ce n’est donc pas ce que le Bouddha veut dire. Non, ce qu’il enseigne est bien plus trippant : fais ce que tu fais mais ne sois pas identifié avec l’action. «Faire» est une figure de la danse de la nature et, tandis que ton corps et ta tête sont occupés dans l’action, tu demeures en ton centre de calme, ICI…»là où nous sommes tous».

Exercices.

« Un homme ayant pieds et mains liés dans la chaîne interminable de la cause et de l’effet ne peut libérer son prochain. »

— Ramakrishna.

« Ne jugez point afin que vous ne soyez point jugés. Car on vous jugera de même que vous jugez et l’on vous mesurera de la même mesure dont vous mesurez.

Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans le tien ?

Ou comment peux-tu dire à ton frère : laisse-moi ôter cette paille de ton œil, toi qui a une poutre dans le tien ?

Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton œil et tu verras comment ôter la paille de l’œil de ton frère.

— Jésus.

« Celui qui a si peu de connaissance de la nature humaine qu’il cherche le bonheur en modifiant autre chose que sa propre disposition, gâchera sa vie en efforts infructueux »

— Samuel Johnson.

« Plus on gravit l’échelle spirituelle, plus on accorde aux autres leur propre liberté, et moins on interfère dans l’état de conscience de son prochain. »

— Twitchell.

« Je pourrais parler le langage des hommes et celui des anges mais si je n’ai pas de charité, je ne serais qu’une pièce de métal sonore. Je pourrais avoir le don des prophètes, posséder toute connaissance et comprendre tous les secrets, je pourrais déplacer les montagnes par ma foi mais sans charité, je ne serais rien. Je pourrais distribuer tous mes biens et même livrer mon corps au feu mais si je n’ai pas de charité, je ne serais rien. La charité est patiente et bonne, elle ne connaît pas l’envie, elle ne se vante pas, elle n’est pas orgueilleuse ; la charité ne fait rien de honteux, ni d’égoïste, elle ne s’emporte pas, elle ignore la rancune ; la charité ne se réjouit pas du mal mais elle se réjouit de la vérité. La charité permet de tout supporter, elle nous fait garder en toutes circonstances la foi, l’espérance et la patience.
La charité est éternelle ; tandis que les prophéties n’ont de valeur qu’un temps, le don des langues également, la connaissance se perd. Car nous ne connaissons qu’une partie et les prophéties sont incomplètes. Mais, la perfection accomplie, toute vérité partielle s’estompe.
Lorsque j’étais enfant, je parlais, je pensais, je raisonnais comme un enfant ; une fois devenu homme, j’ai abandonné tout ce qui est propre à l’enfant. À présent, je ne connais qu’incomplètement ; alors je connaîtrai complètement, come Dieu me connaît.
Maintenant, ces trois choses demeurent : la foi, l’espérance et la charité, mais la plus grande des trois est la charité. »

— St Paul.

« Brunton à Ramana Maharshi : Maharaj-ji nous donnerait-il son opinion sur l’avenir du monde puisque nous vivons des temps critiques ? M. : Pourquoi vous soucier du futur ? Vous ne connaissez même pas le présent. Occupez-vous du présent et le futur s’occupera de lui-même. »

— Osborne.

« Tant que le monde connaît la beauté comme telle,
La laideur existe aussi.
Si le bien est pris pour bien,
La méchanceté compte aussi. »

— Tao Te King.

« Par passion pour les paires d’opposés,
Pour les doubles pièges de l’Agréable et du Désagréable, Prince,
Toute les créatures vivent en déroute, rares sont ceux qui,
Défaits des péchés, agissant saintement, avertis,
Libérés des opposés et stables dans la foi
S’en remettent à Moi. »

— Bhagavad Gita.

« Si tu le nommes un bâton, tu affirmes. Si tu dis que ce n’est pas un bâton, tu emploies une négation. Au-delà de l’affirmation et de la négation, que l’appellerais-tu ? »

— Tai-Hui

« Ainsi parle celui qui accomplit dans l’obscurité :
Je suis Seigneur, non seulement de la lumière
Mais aussi de l’ombre ;
Car Moi, l’Unique, je suis partout présent. »

— Book of Tokens.

« Moi, le Seigneur, je détruis par l’ombre
Mais par elle je suis aussi créateur.
Les sages le comprennent.
Les sots, trompés par l’apparence extérieure,
Créent un démon de la toile de leur folie. »

— Book of Tokens.

« Considérons le mot : «grok». Son sens littéral qui remonte, je crois, aux origines de la race martienne en tant que créatures pensantes – et qui nous éclaire sur tout leur «état» – est simple, puisque «grok» veut dire «boire». Mais un Martien aurait employé «grok» pour n’importe lequel des centaines de mots anglais que je lui aurais cité ; des mots qui pour nous recouvrent des concepts très différents et même antithétiques. «Grok» peut tous les traduire. «Grok» signifie «peur», «amour», «haine», une véritable haine car dans la «nature» martienne, on ne peut rien haïr à moins qu’on le «groque» au préalable, le comprendre si intimement qu’on se fonde en lui et que lui se fonde en nous – alors on peut haïr. En se haïssant soi-même. Mais ceci implique qu’on l’aime aussi, qu’on chérisse au point de vouloir qu’il reste tel qu’il est, pour tout l’or de la planète. Alors on peut haïr – Et (je crois) la haine martienne est une émotion si noire que celle des hommes n’est, en comparaison, qu’un léger dégoût… «Grok» veut dire : identiquement égal. Le cliché terrien : «ça me fait plus de mal qu’à toi» a un certain goût martien. Les Martiens semblent savoir instinctivement ce que nous avons péniblement appris en physique moderne ; comme quoi l’observateur affecte ce qu’il observe dans le processus de l’observation. «Grok» signifie comprendre, au point que l’observateur une partie de l’observé – se fondre, s’unir, se marier, perdre son identité dans l’expérience du groupe. Le mot recouvre pratiquement tout ce que nous entendons par religion, philosophie et science – ce qui pour nous est aussi éloquent que le nom d’une couleur pour un aveugle… Si je vous hachais menu pour préparer un ragoût, vous et le ragoût, quels que soient les autres ingrédients, «groqueraient» – et, en vous mangeant, nous «groquerions» ensemble et rien ne serait perdu ; la question de savoir qui a mangé n’aurait aucune importance. »

— Patanjali.

« En présence d’un homme en parfait ahimsa (non-violence), aucune créature ne peut éprouver la moindre hostilité. »

— Patanjali.

Gagner sa vie

L’argent c’est «l’énergie de papier». Tu sais que toute énergie avec laquelle tu travailles apporte sa propre vibration. Si ton degré d’évolution te permet de transmuter les vibrations négatives, l’origine de cette énergie t’importe alors peu. Mais la plupart d’entre nous sommes touchés en bien ou en mal par les formes d’énergie que nous rencontrons. Les gens réagissent également à la façon dont tu peux obtenir d’eux l’énergie sur laquelle tu travailles et, comme tout est en tout, nous sommes tous concernés.

La façon dont tu gagnes ta vie ne doit pas contribuer à renforcer la paranoïa et la lutte : un projet malhonnête, une affaire fondée sur l’exploitation en sont des exemples. Ce n’est souvent pas la façon de gagner sa vie qui crée l’illusion de la séparation mais c’est la motivation souvent erronée, avide ou servile dans le travail. Quand tu es engagé, sans trop de concessions, c’est alors ton travail sur toi-même qui fait de ta vocation particulière un véhicule pour démêler l’homme de ses illusions et le faire entrer dans le yoga.

Un mode de vie correct dépend, pour chaque individu, de la totalité des forces qui agissent sur lui. Ces forces (vecteurs) incluent des facteurs sociaux, culturels, économiques, héréditaires et l’expérience. Savoir comment ces forces jouent et se composent pour déterminer la voie à suivre nécessite beaucoup de calme. Plus tu es calme, mieux tu entends.

Il se pourrait, en progressant dans ta Sadhana, que tu éprouves le besoin de changer d’occupation. Peut-être te suffira-t-il de modifier ta façon de travailler et de te rapporter à ta nouvelle compréhension des choses, plus on est conscient, mieux on sait mettre n’importe quelle activité au service de la lumière pour la diffuser. Il se peut que le prochain être vrai que tu rencontres soit un chauffeur de bus, un docteur, un tisserand, un agent d’assurance, un musicien, un professeur ou occupe l’un des milliers de rôles qui font tourner la société moderne – les innombrables parties du corps du Christ. Tu le reconnaîtras immédiatement parce que vous esquissez – ne serait-ce que lui tendre un peu de monnaie en montant dans l’autobus – fortifiera ta foi en la divinité de l’homme. C’est aussi simple que cela.

Karma Yoga

Suivre par exemple l’enseignement de Krishna en ce qui concerne l’action (selon la Bhagavad Gita) c’est faire ce que l’on fait, mais consacrer les fruits de l’action à Krishna. Chaque acte quotidien est une offrande à Krishna.

En se rappelant que Krishna est synonyme de Conscience Suprême, d’Amour, de Témoin Éternel, de l’Esprit et qu’il est en même temps notre Moi le plus profond, nous comprenons qu’en lui offrant nos actes, nous mettons l’action au service de la Conscience suprême. Chaque pas devient alors un mouvement d’éveil.

Karma Yoga, c’est utiliser ce qui fait la vie quotidienne pour accomplir l’Union. C’est à la fois le yoga le plus accessible te le plus difficile de tous. Difficile parce qu’il se sert d’une action que l’ego accomplit en principe pour assurer sa survie. Il faut convertir ou dépasser cette motivation, cette emprise et l’offrir au service du Moi (ou Soi supérieur) qui transcende l’ego.

Pour accomplir karma yoga, il suffit de garder à l’esprit le principe suivant : introduire un troisième élément dans toute situation. Si, par exemple, tu retournes ton jardin, il y a toi et il y a le jardin auquel s’ajoute alors ce troisième facteur : un observateur fictif qui te regarde faire. Toute l’action se déroule pour toi à travers son regard. C’est aussi simple que cela. Par cette méthode, tu arrives à te libérer de l’identification avec celui qui retourne son jardin. Tu vois juste les sillons se faire creuser.

Le seul risque en ajoutant un troisième élément est de projeter sur lui certaines motivations ou certaines valeurs. Aussi tu choisis pour tenir ce rôle un être illuminé, tes Krishna, Rama, Bouddha ou Christ ; un œil universel au-delà de tout, qui comprend toutes choses comme elles sont. En te regardant retourner ton jardin, il perçoit toute l’action dans son sens cosmique… caque sillon est le premier et le dernier. Cet Œil connaît les raisons de ton acte, toutes les pensées qui défilent dans ta tête en même temps, ton histoire passée et future, l’état des choses quand le jardin sera retourné. Et de ce point de vue, il a une compassion totale, une parfaite appréciation de tout ce qui est en jeu. Le fait de considérer l’action avec un tel recul te libère de la mauvaise passe égocentrique : «je bêche mon jardin».

Il existe de nombreuses techniques pour introduire systématiquement ce Regard dans ta vie. D’une manière dévotionnelle, tu offres, comme il le suggère Lui-même, tout le fruit de toutes tes actions à Krishna. Tu entretiens en toi-même une manifestation de Dieu, un gourou auquel tu offres chaque action dans un service plein d’amour. Il réside soit dans ton cœur soit au-dessus de ta tête, sur ton épaule ou encore, il se trouve «de ce côté-là».

Tu peux aussi entretenir comme Témoin une pensée de ton cru qui exprime l’Unité des formes et des actions ; ce peut être, continuellement, « Tout est la Mère Divine. », « Je ne vois que Tao. », ou le japa OM OM OM ou RAMA RAMA RAMA, ou TAT TWAM ASI ou OM TAT SAT. Tous ces mantras peuvent te rappeler sans arrêt que tout est UN, et que l’illusion tend à faire croire que quelque chose arrive, comme le fait de retourner son jardin.

Une autre technique dont le but d’introduire systématiquement le Regard est le rappel à soi ; voici en quoi consiste le Témoin :

Le Témoin.

Georges Gurdjieff, le philosophe mystique russe, démontrait que si l’on met un réveil à sonner pour se lever de bonne heure le lendemain matin, celui que nous sommes au réveil est assez différent de celui qui s’est endormi la veille. À la limite on pourra s’étonner : « quel est ce %X**!! qui a mis le réveil ? ». Un instant de réflexion te montre le nombre de rôles que tu joues en une seule journée et qui tu es d’un moment sur l’autre est en perpétuelle transformation. Il y a toi-la-colère, toi-la-gentillesse, toi-la-paresse, toi-l’avidité, des centaines de «toi» différents. Gurdjieff fait remarquer que l’un de ces «toi» peut engager quelque chose que les autres «toi» devront payer pendant des années et même le reste de cette vie.

Chacun de ces «toi» reflète une identification à un désir, un sentiment ou une pensée. Puisque le travail consiste à briser ces identifications, il faut donc travailler efficacement chaque jour à faire de chaque «toi» un objet pour l’isoler – ce n’est pas si facile.

Il existe une technique dans laquelle on adopte le rôle de témoin, et on conserve ce rôle à l’exclusion de tous les autres.

Qui est le Témoin ?

  1. C’est une partie de l’esprit rationnel. En tant que tel, il n’est utile que jusqu’à un certain point, le point où tu passes la «porte». Quand tu passes la porte, tu te fonds à l’Un, à l’Éternel Témoin, la conscience de Bouddha. (on différencie ce Témoin du démon rationnel).
  2. On peut considérer le Témoin comme un Œil, ou le «Je» qui voit tout, bien qu’il ne regarde rien ; il n’agit pas, il prend seulement acte de ce qui se passe.
  3. Le Témoin ne porte pas de jugement, il ne mesure pas tes actes, il les enregistre. Ainsi, quand tu agis par désir, en mangeant par exemple quelque chose qui n’est pas sattvic (qui aide la Sadhana), il t’arrive peu après de le regretter ; mais lorsque le Témoin apparaît, il récapitule simplement :
    1. Il a mangé telle ou telle chose.
    2. Il n’est pas content de lui.

Ainsi le Témoin a noté l’existence de deux «toi», l’un étant du désir et l’autre de la répression. Ce point est important car les trois quart des gens sont attentifs à une voix intérieure qui porte des jugements de valeur ; par exemple : «je fais si bien de faire comme ça» ou «je suis incroyablement méchant», etc… Ce genre de faux témoins doit aussi faire l’objet de l’attention du Témoin «neutre». Le Témoin ne se soucie même pas de ton progrès spirituel, il ne fait qu’enregistrer ce qui se passe.

Apparition du Témoin.

  1. On adopte d’abord le Témoin quand on comprend intellectuellement le besoin de séparer le Soi et l’Agent. Au début on ne peut garder le Témoin que de loin en loin, lorsque l’esprit est particulièrement calme et dépassionné. Mais on le perd à la moindre distraction, puis on y «revient» pour se rendre compte qu’on avait «perdu».

    Par exemple, tu marches dans la rue et tu te regardes tranquillement marcher. Tu es heureux et tu contemples ce bien-être… et tout va bien. Et soudain c’est une rencontre, quelque chose t’irrite, immédiatement le témoin est balayé. L’adrénaline se déverse en toi, et tu ne conçois plus que la colère. Alors c’est le «coléreux-moi» qui seul existe, et ce n’est que beaucoup plus tard que tu te souviens de ta tentative de «rappel».

    Tu te promets de ne plus te laisser surprendre. C’est méconnaître le pouvoir de séduction des autres «toi» !... Tu te remets en marche, de nouveau tu te rappelles en marchant. Mais une nouvelle situation apparaît en quelques minutes qui à nouveau te fait perdre ton centre, tes glandes endocrines sécrètent, la colère ressurgit. Cette fois peut-être arriveras-tu à te ressaisir : tu te «réveilles», c’est-à-dire que tu réalises ta situation. Ce n’est pas facile alors de se défaire du «toi-la-colère» sans lui laisser la possibilité de se manifester (c’est comme essayer d’arrêter le cours de l’acte sexuel). Tu tentes alors de justifier un moment cette colère : «Après tout, je suis dans mon droit.», juste ce qu’il faut pour être identifié au «toi-coléreux», imbu de sa légitimité. Voilà ce qui se passe tout au long de milliers d’expériences.

  2. Par la suite, tu remarques plus vite tes pertes de témoin, même si elles sont toujours aussi fréquentes. C’est alors que le fait même de «t’endormir» (perdre le témoin), peut te «réveiller». Une grande étape est accomplie. Avec le temps, ce processus devient de plus en plus subtil.

    Tu es toujours dans la rue. En état de rappel. Et cette même se produit qui t’irrite. Cette fois, avant même que la colère s’enclenche, le témoin se fait entendre : «tiens, tiens, la colère n’est pas loin…» cette constatation suffit souvent à court-circuiter l’énergie de la colère et elle se résorbe aussitôt. Cela veut dire que le temps entre deux réveils est devenu de plus en plus court. Tu perds de moins en moins le témoin – devenant mieux centré en lui – qui observe sans discontinuité le déroulement de ta vie.

    En surface cette méthode ressemble à ce que la psychologie appelle «mécanisme de défense par dissociation». Une fille va dans un club de danse mais personne ne l’invite ; elle prend une distance par rapport à son désir : «de toute façon je n’ai pas très envie de danser». Mais cette défense apparaît précisément à cause de son envie de danser. Elle se dissocie de son désir pour éviter d’être blessée. C’est un simple mécanisme de défense inconscient et cela n’a rien à voir avec la pratique du témoin que tu adopte quand tu es déjà détaché du désir de danser. Toi seul sais où tu en es.

  3. Un effet secondaire de la méthode peut se manifester au début : on peut craindre que la pratique du témoin retire tout le sel de l’existence. En effet, il est assez difficile de s’abandonner au subtil plaisir du palais quand le témoin observe durant tout le repas : «il mâche, il goûte, il avale, etc…». ça paraît tellement froid ! Et dans un sens ça l’est. Il est bon, arrivé à ce stade, de se remémorer certaines phrases tellement employées : « On doit d’abord mourir pour renaître » ou « Tout renoncer pour tout connaître ». souviens-toi que le sacrifice d’une satisfaction sensorielle n’est qu’une étape (difficile, soit), de ta Sadhana. Lorsque tu es tranquillement établie dans le témoin, tu es à même de passer la porte suivante «pour de bon».

    Tu t’aperçois aussi, en brisant de plus en plus vite cette identification aux rôles, que tu es propulsé dans l’état d’éveil. Cela veut dire qu’en visant toujours d’avantage dans le témoin, tu vois comment les lois de la nature se manifestent dans tous les aspects de la vie et qu’elles ne concernent pas seulement le corps ou la personnalité. Tu découvres le plan causal. Mais l’expérience de voir «tout ce qui se passe» pourrait aussi te monter à la tête si tu ne poursuivais pas la pratique du témoin. Tu pourrais tomber dans un autre jeu égocentrique, jouer «l’œil de Dieu» qui ne serait en réalité que le tien. C’est ici que les intellectuels accrochent car ils répugnent à limiter le pouvoir des idées en s’appliquant au rappel – pratique qui leur est pourtant nécessaire pour quitter l’état de celui-qui-sait-individuellement – pour se dissoudre dans l’Océan de la Toute-connaissance.

  4. Le témoin est toujours Ici et Maintenant. Il vit chaque instant de la vie, il n’existe que dans l’instant. Il est bon de savoir que ce Regard, quelle que soit la méthode employée, n’est jamais qu’un sorte de béquille temporaire. Le procédé est par nature dualiste. Quand tu auras brisé l’identification avec l4acteur et que tu seras purement devenu le témoin, le serviteur de Krishna par exemple, tu pourras accéder à l’étape ultime où serviteur et maître, témoin et rappelé, ne font plus qu’Un. Le moyen est dualiste mais le but est au-delà de la dualité. Cette méthode n’est que le vaisseau fidèle qui te permet de traverser l’Océan du samsara (illusion). Une fois débarqué sur l’autre rive tu n’as plus besoin de navire.

Exercices.

« Quoique tu fasses, que tu manges, que tu donnes, que tu offres en adoration, que ce soit une offrande à moi, quelle que soit ta souffrance, offre-la moi également. Ainsi tu te libères des liens du Karma qui produit autant de mauvais fruits que de bons ; quand ton âme est unie dans le renoncement, libre, tu viens à moi.

— Bhagavad Gita.

« Quand on entreprend quelque chose, on tend vers un certain résultat avec des moyens définis, en appliquant une certaine énergie. Si l’on est en même temps complètement détaché du résultat, on a consacré le fruit de son travail.

— Gandhi.

« Il est sage, en effet, celui qui voit l’inaction dans l’action et l’action dans l’inaction. Même s’il est pleinement engagé dans l’action, il demeure dans la tranquillité de l’Âtman.

— Bhagavad Gita.

« Mais l’État d’Immortalité et d’Amour Suprême n’est possible que dans l’abandon de la réalité objective du monde telle qu’elle apparaît aux sens et à l’intellect égocentrique te par le renoncement conséquent aux attachements, par le service ininterrompu de l’amour.

Narada Bhakti Sutras.

« Étudier le Bouddhisme, c’est étudier Soi-même. Étudier Soi-même, c’est aller au-delà de Soi-même. Aller au-delà de Soi-même c’est être illuminé par toutes choses. Être illuminé par toutes choses, c’est libérer le corps et l’esprit, et le corps et l’esprit d’autrui. L’illumination ne laisse aucune trace et cette absence demeure perpétuellement.

— Dogen Zenji.

« Si tu es attentif, ton propre cœur connaît la réponse.

— de Lubicz.

« Un art de vivre qui nous permet d’utiliser chaque activité (du corps, de la parole et de l’esprit) comme une aide sur le sentier est indispensable. »

Yoga tibétain et Doctrines secrètes.

« Comment l’âme libérée vit-elle dans le monde ? Elle vit comme un martin-pêcheur. Car cet oiseau plonge dans l’eau sans mouiller son plumage ; il se débarrasse de quelques gouttes par un mouvement d’ailes.

— Ramakrishna.

« Au début, quand il m’arrivait de retomber dans le péché, j’avais l’habitude de pleurer et d’enrager contre moi-même et contre Dieu d’en avoir souffert. Plus tard, je n’osais plus que demander « Pourquoi m’as-tu encore traîné dans la boue, toi mon compagnon ? », et cela même finit par me sembler insolent et présomptueux ; je ne pouvais que me lever en silence, le regarder du coin de l’œil et me purifier.

— Aurobindo.

« Toutes les passions expriment des impulsions vitales naturelles et c’est l’animal en nous qui les fait surgir. Le sage est conscient de cela, il sait leur donner un nom et les utiliser comme tu conduirais ton âne. Mais les sages sont rares et l’égoïsme trouve des milliers de raisons pour justifier ces impulsions et leur donner des noms sonnants. Les passions de l’homme sont des impulsions de la vie qui ont été perverties – avec tant d’ingéniosité qu’il est extrêmement difficile de découvrir, sous leurs complications, la puissance presque divine qui est à leur source.

— de Lubicz.

« Ce que vous recevez dépend entièrement de ce que vous donnez.

— de Lubicz.

« Mais il apprit davantage de la rivière que Vasudeva ne lui enseigna. Il apprit continuellement. Par-dessus tout, il apprit comment écouter avec un cœur tranquille, avec patience, l’âme ouverte, sans passion ni désir, sans jugement, sans opinion.

— Hesse.

« Aussi longtemps qu’on croit être l’acteur de quelque chose, on ne peut se libérer de la ronde des naissances et des morts.

— Bouddha.

« Si tu peux servir une tasse de thé correctement, tu sais tout faire.

— Gurdjieff.

« Ch’ing, le maître menuisier, sculptait du bois pour faire un support d’instrument de musique. Quand elle fut achevée, l’œuvre apparut d’une facture surnaturelle. Le Prince de Lu lui demanda : « Quel est le mystère de votre art ? »

« Aucun mystère, Votre Excellence. » répondit Ch’ing. Et pourtant, il y a quelque chose. Quand je me prépare à faire un tel support, je me garde contre toute diminution de mon pouvoir vital. Je réduis d’abord man esprit à la quiétude absolue. Trois jours passés dans cette condition et je deviens totalement insouciant des bénéfices que m’apportera mon travail. Cinq jours, et j’oublie la renommée que je pourrais en tirer. Sept jours, et je deviens inconscient de mes quatre membres et du cadre physique. Alors, ne pensant nullement à la Cour, mon aptitude se concentre et tous les éléments perturbateurs de l’extérieur disparaissent. Je pars pour une forêt de montagne et je cherche l’arbre qui convient. Il contient la forme voulue que je dégagerai ensuite. Je vois le support avec un œil intérieur et je me mets au travail. À part cela, il n’y a rien. Je fais entrer mon don inné en relation avec celui du bois. Ce qu’on croyait surnaturel dans mon travail n’est dû qu’à ceci.

— Chang Tzu.

Bhakti Yoga

Bhakti Yoga est la forme de yoga la plus immédiatement accessible à tous et en tout moment. C’est le yoga se l’amour et de la dévotion. La méthode consiste à s’immerger par le cœur en union ultime. Cette pratique est dualiste en ce sens où l’on ressent d’abord l’amour pour une personne distincte de soi ; mais cette dualité est dépassée dans le but final car, à ce stade, celui qui aime te celui qui est aimé ne sont plus qu’UN.

C’est un yoga délicat : il est si facile de connaître la joie dans l’étape dualiste qu’on risque d’oublier le but final de l’Union. La vie de Ramakrishna nous offre un excellent exemple : il était tellement remué par Kali, une manifestation de la Mère Divine, qu’il refusa de dépasser le stade dualiste jusqu’à ce que son gourou l’y oblige.

Pour nous ce yoga est également difficile parce que l4occident donne au mot «aimer» une résonnance profane. Ce mot exprime généralement l’attachement à un objet : on aime un plat, une boisson, une voiture ou une personne ; et le mot «amour» a le même sens. Cette civilisation est tellement branchée sur l’action que même l’amour devient une chose à faire. Mais un grand nombre de gens ont pu se rendre compte que l’on ne peut «faire l’amour» si l’amour n’existe déjà. Meher Baba, un saint indien de notre temps qui prêcha l’amour comme véhicule suprême a dit : « L’amour doit jaillir spontanément de l’intérieur ; il n’est dû à aucune contrainte personnelle ou extérieure ; amour et contrainte sont inconciliables. Mais si on ne peut imposer l’amour à quelqu’un, il peut se révéler en lui par l’amour lui-même. Car l’amour est essentiellement contagieux. Ceux qui ne le connaissent pas encore l’attrapent au contact de ceux en qui il rayonne. L’amour véritable est invincible et irrésistible ; il va, concentrant sa puissance, transformant tous ceux qu’il touche. » L’objet spécifique du bhakti yoga est en réalité l’Esprit ou la manifestation du Divin – en toute chose et en chacun. C’est l’amour de la Lumière, ou l’amour de l’Amour, ou l’amour de la Force de Vie, ou l’amour de la vérité ou l’amour de la Beauté ; c’est l’amour pour les plus pures manifestations de ces abstractions. Et cet amour peut s’exprimer de différentes façons : par l’adoration et la pitié, par une pure relation de maître à serviteur, par la relation d’amitié ou celle de couple, de parents à l’enfant ou de l’enfant aux parents, etc…

Bien que ces véhicules soient différents d’un rôle à l’autre, le même amour est à la base. Chaque fois, c’est l’Amour lui-même qui est aimé à travers toutes choses, lumière intérieure de chaque être et de chaque chose.

«Tomber amoureux» de quelqu’un, c’est savoir qu’il est la clef de ton cœur, la clef qui ouvre cet endroit en toi où tu es Amour. Quand l’expérience est ressentie mutuellement, la chimie physique de la situation permet à chaque partenaire de «tomber amoureux», de «s’éveiller à l’amour» ou «d’entrer dans l’Esprit». Puisque l’amour est un état d’être – l’état Divin en fait – l’état que nous cherchons tous à trouver, nous risquons de vouloir posséder l’amour et c’est là le danger. On peut essayer de posséder la clef de cet amour – le bien aimé – et bientôt nous découvrons que cela même est impossible. Posséder la clef, c’est la perdre.

Comme dans toutes les voies qui nous rapprochent de la Lumière, il arrive souvent que nous nous attachions davantage au moyen qu’au but final au point d’oublier que c’est le but qui importe. Une relation qui permet un éveil de l’amour ne demeure vivante qu’au prix d’un continuel renouvellement et d’une constante consécration. C’est-à-dire que chaque partenaire doit toujours voir, au-delà du voile de la personnalité et du corps, l’Essence Divine qui réside en chacun. Le voile doit être reconnu comme un voile, comme maya, l’Illusion Divine, la Mère Divine… Et l’on doit aussi adorer ce voile en se gardant qu’il devienne un piège. Cette réalisation est le fruit des plus belles alliances. Joue ton rôle dans la Danse Divine, mais reconnais-la pour telle, et adore ce qu’il y a en elle de Divin. Le chant, la danse, la prière sont les formes traditionnelles de bhakti yoga. Il y a bien des niveaux où tu peux participer à ces rituels. D’abord ils seront pour toi une curiosité et tu resteras observateur. Puis tu te rapprocheras et commenceras à chanter avec les autres. Devenus plus familier avec cette pratique, tu pourras ensuite t’identifier à elle. Alors le rituel sera vivant pour toi et pourra te conduire à la porte de l’unité parfaite. Mais cela signifie aussi qu’on ne peut brûler les étapes. Accepte d’être là où tu en es. C’est à ce stade qu’on peut passer à l’étape suivante.

Chant et musique.

Les chants qui ouvrent le cœur nous sont familiers ; l’Esprit touche de millions de personnes par ses cantiques. En Inde, le bhajan (chanter les chants sacrés) était jusque récemment la principale activité de groupe dans les petits villages. Les hommes se réunissaient le soir, en cercle sur la place, avec leurs chillums ; un harmonium, une série de tablas (tambours), parfois un serangi ou un violon et des cymbales… et chacun à leur tour, ils chantaient un épisode de la vie de Krishna ou de Rama. Toute la nuit ils participaient à ce simple rituel qui les gardait en l’Esprit.

Les occidentaux sont souvent surpris de voir que ces peuples vénèrent non pas la beauté de la voix de l’interprète mais la qualité de l’Esprit qui l’anime. C’est lorsque la musique est devenue profane, qu’elle est apparue comme une forme de satisfaction sensorielle. Autrefois elle était une méthode pour communier avec l’Esprit – ce que l’on peut trouver Ici et Maintenant.

Une certaine forme de bhajan s’appelle kirtan ; c’est la répétition chantée des saints Noms de Dieu. Le plus connu en Occident est sans doute :

HARE KRISHNA HARE KRISHNA KRISHNA KRISHNA HARE HARE

HARE RAM HARE RAMA RAMA RAMA HARE HARE

Hare peut se traduire par Seigneur et Rama ou Krishna sont les noms des incarnations de Dieu.

La mélodie des kirtan est en général très simple, et par un grand nombre de répétitions on s’éveille en l’Esprit ; on chant souvent trois heures durant. Cette élargit peu à peu notre conscience vers l’éveil total.

Exercices.

« Dieu me respecte quand je travaille mais il m’aime quand je chante.

— Tagore.

« Aimez-moi, mes frères, car je suis infiniment superficiel, et votre amour doit être comme le Sien, issu ni de votre besoin, ni de mon mérite mais d’une totale bonté. Béni-soit-il.

— C. S. Lewis.

« Bhakti, ou l’amour de Dieu, est l’essence de toute discipline spirituelle. Par l’amour, on développe naturellement le renoncement et la discrimination.

— Ramakrishna.

« Ô toi qui cherches à découvrir les merveilles de l’amour dans les carnets de note de le raison, je crains fort que tu n’y comprennes jamais rien.

— Hafiz.

« Savourer dans nos cœurs de manière certaine et chercher à éprouver dans nos âmes la puissance de la Présence divine et la douceur de la gloire céleste, et ceci, non seulement après la mort mais déjà au cours de cette existence… véritablement, cela est boire à la jaillissante fontaine de la Joie de Dieu.

Institution des Premiers Moines.

« L’amour sans l’attachement c’est la lumière.

— N. O. Brown.

« Seul Dieu est réel et le but de la vie est d’être uni à Lui par l’Amour.

— Meher Baba.

« Avec amour, tout ce que tu feras sera bien.

— T. Merton.

L’Amour dans les Grandes Religions.

Christianisme : « Aimons-nous les uns les autres car l’amour est de Dieu ; tous ceux qui aiment sont nés de Dieu et connaissent Dieu. Celui qui n’aime pas ne connaît pas Dieu car Dieu est Amour. »

Confucianisme : « La plus grande bienveillance, c’est l’Amour de tous. »

Bouddhisme : « Que l’homme cultive un cœur d’Amour envers le monde entier. »

Hindouisme : « Le meilleur culte au Seigneur est l’Amour. »

Islamisme : « L’Amour consiste à te considérer comme étant très petit et Dieu très grand. »

Taoïsme : « Le ciel arme d’Amour ceux qu’il ne veut pas voir détruit. »

Sikhisme : « Dieu régénérera ceux qui portent l’Amour dans leur cœur. »

Judaïsme : « Tu aimeras ton Dieu de tout ton cœur et ton prochain comme toi-même. »

Zoroastrisme : « L’homme es le bien-aimé de Dieu et devrait l’aimer en retour. »

Béhaïsme : « Aime-moi que je puisse t’aimer. Si tu ne m’aimes pas, mon Amour ne pourra t’atteindre. »

Shintoïsme : « L’Amour est le représentant de Dieu. »

Danser

Vers l’Unique

La perfection de l’amour, de l’harmonie, de la beauté

Le seul être

Uni à toutes les âmes illuminées qui forment

Le corps du maître,

L’Esprit qui nous guide.

Le Soufi Ahmed Murad (1896-1971), de l’Ordre Chisti, enseignait à San Francisco où se trouvent la plupart de ses disciples et de ses centres. La danse, les mouvements et les invocations des noms de Dieu sont les principaux véhicules des enseignements du Murshid. La danse a de multiples formes : circulaire, linéaire, dans le sens des aiguilles d’une montre, dans le sens solaire, avec ou sans partenaire, avec ou sans guide, accompagné ou non de musique.

Dans la New Hampshire et New Mexico, nous avons pris part à ces danses, ces mouvements, ces invocations sous la direction du Murshid en suivant pas à pas les mouvements qu’il nous indiquait et nous avons trouvé qu’ils nous permettaient d’atteindre des états extatiques et des expériences d’unité. Ils sont, selon les termes du Murshid, «une preuve réelle de la possibilité d’atteindre des états supérieurs». Les paragraphes qui suivent sont tirés des notes du Murshid sur la «danse spirituelle», ils donneront quelques impressions sur son style et sa méthode.

« La danse spirituelle est ce qui élève la conscience. La danse est le mouvement rythmé du corps ou de l’une de ses parties ; Spirituel veut dire ce qui aide l’homme à réaliser que le corps est réellement le Temple Divin. D’où la nécessité de faire précéder la pratique d’une profonde méditation ou de la récitation de phrases et de mots sacrés. Car il ne suffit pas de l’appeler «danse spirituelle» pour qu’elle le soit. Ce n’est pas une technique particulière ; pas plus un rituel ou quelque chose de si ésotérique qu’il n’y aurait ni communication avec les spectateurs, ni compréhension de la part des danseurs. »

« L’idée du CHEMIN apparaît dans plusieurs religions. Pas seulement dans leurs enseignements mystique. Mais aussi au niveau des rites et des cérémonies. La circumambulation autour de l’autel ou du temple set un aspect important de la dévotion. Le mot lui-même exprime ce qui est parcouru pas à pas. C’est la raison pour laquelle on considère la marche comme une activité à la fois physique et spirituelle : le mouvement et le repos peuvent être considérés comme les choses fondamentales de la vie. »

« Reconnaissons qu’avant de savoir courir, il faut savoir marcher et, de même, avant de savoir marcher, nous devons savoir respirer… car la respiration est la vie. Les mouvements de la respiration ont une importance à la fois énergétique, chimique et mécanique qui est étudiée dans la mystique Soufi et dans les travaux de Rama Prasad. Si l’on s’arrête de respirer, toute les fonctions cessent ; parfois les indiens identifient le souffle, «prana», et la vie elle-même. Notre vie dépend de la respiration. Là, notre volonté n’entre pas en jeu. Ce n’est pas en se dandinant et en sautillant qu’on dégage du magnétisme. Dès le début de leur formation, les talibs du soufisme sont instruits en ce qui concerne la respiration qui accroît le magnétisme et la vitalité. »

« Il suffit d’avoir un but, physique ou mental, pour que la marche unisse tous les magnétismes. C’est une concentration animée. Une personne qui va à la rencontre de son amant, par exemple, est imprégnée d’un esprit vivant qui rend l’action plus facile et fait disparaître la fatigue. Si nous pratiquons «TOWARD THE ONE», quelle que soit l’intention, la marche devient de plus en plus facile. Là aussi, des phrases sacrées peuvent être pensées, répétées, consciemment ou inconsciemment. »

« … On doit se concentrer en respirant avec «TOWARD THE ONE», utilisant la même phrase dans l’inspiration et dans l’expiration. On peut se laisser guider par la respiration, ou faire plusieurs pas à chaque respiration, ce qui est plus difficile. Entre temps, on peut attentif à la musique quand le rythme est prépondérant. En inspirant et en expirant avec cette concentration, toute l’Essence de l’univers pénètre dans l’inspiration et tous les poisons sont dissous dans l’expiration ; par la suite, on peut pratiquer d’autres phrases sacrées mais «TOWARD THE ONE» convient très bien pour un groupe. »

« Un groupe uni rayonne de magnétisme et comme le groupe progresse de la marche au cérémonial et au rituel, et du rituel à la danse, le dynamisme et le magnétisme du groupe et des individus augmentent ensemble, ainsi que la capacité de manifestation de la divine baraka sur la sphère terrestre. »

« … aucun moyen mécanique, aucune loi, aucun rituel, aucune chose contrôlée par l’homme lui-même ne peut libérer l’homme. »

« Les Japonais, en se concentrant sur l’abdomen, débarrasse leur esprit des charges inutiles. Les derviches soufis, en utilisant leurs pieds, font de même. Se débarrasser de ces charges inutiles importe plus que la méthode. Ce dont on a besoin, c’est d’une méthode qui marche et non d’une philosophie de la méthode qui risque d’être confuse. »

Méditation

Le terme méditation est utilisé dans une telle variété de sens qu’il peut vouloir dire rêverie, délibération sur un sujet mental ou discipline de travail spécifique sur l’esprit – qui précise chaque acte du corps et de la pensée. Dans le yoga, méditation a ce sens formel de discipline. En tant que tel, il est différent de réflexion ou de contemplation. Il recouvre deux pratiques : centrer ou concentrer l’esprit et faire cesser totalement le mouvement de l’esprit.

Vivekananda a dit : « L’esprit humain est comme ce singe, incessamment actif de nature, qui s’enivre du vin du désir, ce qui augmente encore son agitation. Après la possession du désir vient la piqûre de scorpion de la jalousie à l’égard du succès des autres et enfin, le démon de l’orgueil pénètre l’esprit et lui apporte la suffisance. »

Tant que l’esprit est prisonnier des sens et toi, prisonnier de l’esprit, tu te gardes dans l’illusion puisqu’en dernière analyse tes pensées créent ton univers. Tu n’atteins l’état de Bouddha ou Illumination que lorsque ton esprit est absolument calme.

« L’âme a la pensée pour moyens. La pensée n’est rien par elle-même. Lorsque la pensée a achevé sa tâche de libération, elle cesse parce qu’elle a fait ce qu’elle avait à faire. »

— Vishnu Parana

Exercices

  1. Les instructions de méditation les plus simples sont données ici par Tilopa (Transmission du bouddhisme tibétain Kagyupa) dans le chant du Mahamudra :

    « Laisse le corps s’imprégner de détente
    Garde la bouche bien close et reste en silence
    Vide ton esprit et ne pense à rien
    Comme un bambou creux
    Mets ton corps à l’aise
    Sans prendre ni donner
    Laisse l’esprit dans son état naturel
    La grande voie est celle de l’esprit qui ne s’attache à rien
    En la pratiquant, tu atteindras le moment venu l’état de Bouddha. »

  2. Les Bouddhistes du sud (Théravadins, Hinayana) pratiquent une forme de méditation appelée Satipatthana Vipassana (Application de l’Attention). Elle commence par un exercice simple : l’Attention Pure. Il consiste à enregistrer simplement les pensées et les états du moment présent. Ce processus ralentit la transition entre la phase réceptive et la phase active de la connaissance. Tu ne développes pas tes pensées, tu les observes tout au plus. Cela entraîne une paisible pénétration pour transcender la pensée conceptuelle.

    Instructions :

    1. Assieds-toi dans un endroit calme où tu ne seras pas dérangé. Pour le purifier au préalable, tu l’auras aspergé d’eau en tournant dans le sens des aiguilles d’une montre. Cette eau aura été imprégnée par le quatrième doigt de la main droite en répétant trois fois le mantra suivant :

      OM APWITRAH PAVITRORWA
      SARVA WASTANG GATOPIWA
      YEH SMARET PUNDARI
      KARKSHAM SABAHYA
      BHUANTARAH SUCHIH

      Ce mantra est utilisé par les sâdhus de la jungle, en Inde, pour purifier le sol.

    2. Assieds-toi confortablement dans une position que tu pourras garder au moins 30 minutes sans désagréments et sans bouger. Il est souhaitable que la tête, le cou et la poitrine soient alignés.
    3. Laisse d’abord ton esprit vagabonder et regarde-le au travail. Ne suis aucune de tes pensées mais observe tranquillement le processus. Pratique environ une demi-heure par jour pendant une semaine.
    4. Développe la conscience du diaphragme, de son mouvement alternatif montant/descendant suivant la respiration. Chaque fois qu’il remonte, pense : «il monte» et chaque fois qu’il redescend, pense : «il descend». Toutes les autres pensées sont écartées par celle-ci : «monte… descend… monte… descend… monte… descend». Applique-toi ! Au début l’esprit s’égare fréquemment. Suis-le dès que tu t’en aperçois, regarde vers quoi il s’égare et reviens aussitôt à «monter… descendre… monter… descendre…».

      Une autre façon de s’appliquer au mouvement du diaphragme est de compter : OM (sur l’inspiration)… 1 (sur l’expiration)… OM (inspiration)… 2 (expiration) etc… Le nombres de deux syllabes ou plus peuvent être divisés entre l’inspiration et l’expiration, qua… torze… etc… Si tu souhaites te donner un but, commence avec 250 respirations et augmente de 50 par jour. Souviens-toi, la seule tâche consiste à noter les mouvements du diaphragme … montant/descendant… montant/descendant… etc…

      Aucune autre pensée n’a place ici mais on ne doit pas essayer de supprimer les pensées parasites ce qui ajouterait une nouvelle pensée ; on doit simplement observer ce qui vient et le laisser aussitôt s’en aller. Après quelques semaines tu connais le calme et le sentiment de paix que peut t’apporter cet exercice.

    5. Après avoir ainsi développé cette habitude d’observation, Ici et Maintenant, tu peux ajouter les autres étapes qui mènent à la libération au-delà de l’illusion ; en particulier la Claire Compréhension. Cette pratique avancée consiste à décrire ce qui se rapporte aux pensées : leur but, leurs correspondances, en quoi elles se rapportent à la pratique spirituelle, ce qu’elles ont de totalement impersonnel. Ces descriptions (qui sont étudiées en détail dans de nombreux livres de méditation bouddhiste) sont de nature à te faire percevoir l’impermanence de la pensée, la façon dont elle perpétue les souffrances et le fait que les pensées n’impliquent en aucune manière l’existence d’un ego ou d’un «je» pensant.

      On peut retirer de grands bénéfices de cette pratique avancée. Avec ces techniques qu’on trouve dans les textes bouddhistes, tu développeras peu à peu un point de vue totalement dépassionné à l’égard des pensées qui remplissent ton esprit.

  3. Tratak.

    Place une bougie devant toi à une distance de 30 cm ; la flamme doit se trouver à la hauteur du point entre les sourcils lorsque tu es assis bien droit, confortablement, avec la tête, le cou et la poitrine alignés. Pratique le mulabandha si tu le peux (en contractant l’endroit situé entre le sexe et l’anus, ce qui ferme les sphincters et fait remonter l’énergie vers le haut du corps). Ne force pas pour y parvenir, avec la pratique cela vient très vite.

    Assieds-toi devant cette bougie pendant 5 min par jour, jusqu’à une heure.

    N’essaye pas de faire mais garde le contact avec la bougie. Laisse toutes tes pensées qui viennent à l’esprit passer comme les nuages dans le ciel. On considère toutes pensées et toutes sensations comme de minuscules insectes voletant autour de la flamme. N’essaye pas d’influencer la flamme ou de te concentrer sur elle… SOIS tout simplement avec elle. Il se peut que tes yeux pleurent – mais s’ils te font mal, arrête-toi aussitôt.

    Après un certain temps, il n’y aura plus que toi et la flamme de la bougie…

    Remarque : Si tu le souhaites, tu peux simultanément faire Japa (mantra sur le nom de Dieu).

  4. Nad Yoga.

    C’est le yoga de l’écoute des sons intérieurs ; il est extrêmement puissant et efficace. Trouve une position confortable où la tête, le cou et la poitrine sont alignés, le menton rentré. Tu peux aussi être allongé pourvu que cela ne te conduise pas au sommeil. Mets des boules dans tes oreilles si les bruits extérieurs te dérangent, mais ce ne devrait pas être utile si tu as trouvé un endroit calme ou si tu pratiques la nuit. Les yeux et la bouche sont fermés.

    À présent sois attentif à n’importe quel son intérieur que tu peux capter, jusqu’à ce qu’il devienne prédominant. Laisse tout autre son et toute pensée s’écouler.

    En permettant à ce son de remplir de plus en plus ta conscience, tu arrives bientôt à te fondre en lui au point de ne plus l’entendre. Alors tu commences à percevoir un nouveau son. Entre en harmonie avec celui-ci et poursuis le processus. Il existe ainsi sept ou dix «paliers» selon la classification.

    Les sept sont décrits par Mme Blavatsky de la manière suivante :

    « Le premier est comme la douce voix du rossignol sifflant un chant d’amour à sa femelle. Le suivant ressemble au son des cymbales d’argent des Dhyanis réveillant les étoiles scintillantes. Il est suivi par la mélodie de l’esprit de l’océan prisonnier d’une conche. C’est ensuite le son de la Vina. Suit la mélodieuse symphonie des flûtes. Puis le son éclatant des trompes, vibrant comme le roulement assourdissant du tonnerre. Le septième absorbe tous les autres ; ils disparaissent et on ne les entend plus.

    Il existe d’autres descriptions : le bourdonnement des abeilles, la foule se pressant dans une gare, les tambours, etc… L’ordre dans lequel ils apparaissent n’est pas important car les différences individuelles subsisteront jusqu’au dernier stade. Tu peux concevoir ces sons comme les vibrations des courants nerveux ou, considérer les nerfs comme les récepteurs miniatures de différents plans vibratoires. Un peu plus tard, tu t’apercevras que chacun de ces sons est associé à une expérience visuelle et kinesthésique particulière concernant un plan astral différent. C’est une technique pour gravir l’échelle du son.

    Remarques : Certains de ces sons, comme ceux des flûtes, sont très attirants et ils peuvent te conduire à un état de grâce. Après quelques jours d’un tel ravissement tu dois aller au-delà.

    En suivant la fréquence la plus haute, tu peux avoir de la fièvre pendant 24 heures ; mais cela n’arrive qu’à un très haut degré de purification. En méditation, la persévérance est avantageuse.

    « Au début, l’esprit du Yogi

    Est pareil à un torrent

    À mi-chemin

    Il s’écoule tranquillement comme le Gange.

    À la fin, il est un vaste océan

    Où la lumière du Fils et de la Mère se fondent dans l’Un. » Tilopa.

Exercices.

« L’attention correcte ravit la perle de la liberté au Dragon du Temps. »

Cœur de la Méditation Bouddhiste.

« On ne tente pas de maîtriser les vagues de pensée en saccageant les organes qui les enregistrent. La tâche est plus difficile… On doit briser la fausse indentification de l’onde de pensée avec l’illusion d’ego. Ce processus exige une transformation complète du caractère, un «renouveau de l’esprit», comme dit St Paul.

— Isherwood.

« Il est indispensable d’avoir un système de méditation qui donne le pouvoir de concentrer l’esprit sur quoi que ce soit.

Yoga Tibétain et Doctrines Secrètes.

« Il n’existe aucun obstacle à la méditation. La seule pensée de tels obstacles est en fait le plus grand obstacle.

— Rama Maharshi.

L’esprit rationnel

L’esprit rationnel de l’homme, instrument qui lui permet de penser aux choses, lui a donné un grand pouvoir. Pouvoir dont il s’est principalement servi pour augmenter son potentiel de survie, son plaisir, sa satisfaction sexuelle et pour renforcer son ego par la domination et le contrôle de son environnement. Visiter une des grandes villes du monde, voir le premier homme sur la Lune en direct, étudier les civilisations actuelles nous remplit de respect pour les œuvres de l’esprit rationnel. Mais en même temps, l’horreur de la vie urbaine avec sa pollution et ses tensions, la guerre et les tueries, la dégradation des équilibres écologiques, les statistiques de la névrose et de la consommation de tranquillisants, le crime et les accidents de la route nous incite à nous demander si l’esprit rationnel de l’homme est réellement capable.

La réponse est non. En regard de l’évolution, l’esprit rationnel nous conduit à un certain point et ne va pas au-delà ; nous devons être capables de le transcender, de prendre d’autres chemins, d’autres véhicules si nous voulons traverser le grand océan.

« Un nouveau type de pensée est indispensable si l’humanité veut survivre et atteindre des plans supérieurs.

— A. Einstein.

Ce n’est pas parce que tu connais les limites de tel outil que tu le rejettes forcément. Tu te demandes plutôt s’il est possible de l’améliorer ou d’en faire un meilleur véhicule. Peut-on utiliser l’esprit rationnel pour qu’il se transcende en lui-même ? la réponse est oui. Cette technique s’appelle Jnana Yoga ou chemin de la connaissance qui atteint son but par le raisonnement et la discrimination.

De même que dans la Sadhana on utilise l’énergie sexuelle, le recours à l’esprit rationnel utilise une grande puissance qui peut aussi bien nous conduire à la liberté qu’à un plus grand esclavage. Pour comprendre le risque du Jnana Yoga, tu dois réfléchir à la limite bien précise de l’esprit rationnel. L’esprit rationnel fonctionne en séparant le sujet et l’objet ; celui-qui-sait de l’objet de connaissance. Il travaille avec les données des sens et du processus analogique de l’intellect (la mémoire). Il opère par analyse, une technique de traitement systématique qui est basée sur les lois de la logique.

Ses limitations résident surtout dans le fait qu’il ne peut pas fonctionner sur des informations paradoxales ou illogiques (par exemple, deux points placés aux extrémités d’un continuum sont confondus, une chose peut «être» et «ne pas être» en même temps) et il ne reconnaît pas les expériences purement subjectives.

À ce sujet il est intéressant de noter dans les comptes-rendus des grandes découvertes que c’est le rôle de l’intuition ou d’une mystérieuse faculté qui a été l’élément déterminant et non pas un procédé systématique d’analyse.

Le philosophe William James a encouragé les recherches vers d’autres types de conscience ou chemins de connaissance qui sont de un : discontinus par rapport à notre esprit rationnel et de deux : qui nous sont masqués par le voile de notre attachement à l’esprit rationnel. Il nous engage à ne pas conclure trop vite et à tenir compte des informations que nous donnent ces autres moyens de connaissance.

Maintenant, si tu comprends sans passion tout ce qui précède, ainsi que la vérité du yoga, ou l’union, et si tu comprends l’essence de la vérité fondamentale qui est l’attachement qui emprisonne l’homme dans l’illusion du moi distinct, tu commences à voir de mieux en mieux comment l’univers fonctionne. Cette étude amène une discrimination plus poussée, une compréhension et une transcendance de tes désirs plus grandes et, par conséquent, une connaissance plus profonde et plus vaste de «ce qui se passe». Ceci est l’activité du «plan causal», associé au sixième shakra (foyer d’énergie situé entre les sourcils).

Finalement, tu arrives presque à tout savoir. Tu es très savant. Tu es très pur… Mais tu peux très bien être tombé dans le dernier piège : le désir de savoir «ce qui se passe» en restant «celui-qui-sait». C’est une impossibilité. Parce que toute connaissance doit disparaître. On peut être l’essence mais on ne peut pas la connaître. Le but est non dualiste ; or, il y a dualité tant qu’il y a la connaissance te le connu.

« Il n’y a qu’un Dieu, et personne d’autre.

— Ancien Testament.

Beaucoup de grands penseurs ont été pris au piège de vouloir être Dieu tout en gardant leur identité propre. Ils s’emprisonnent parce que l’énergie est encore attachée au troisième chakra – celui du désir de puissance.

Afin d’éviter ce piège associé au Jnana Yoga, une discipline rigoureuse est indispensable. D’où la relation dans le bouddhisme Zen entre le Koan (exercice de pensée qui confond l’esprit rationnel) et le Zazen (méditation formelle).

Exercices.

Une des techniques très répandue en Inde fut exposée par Ramana Maharshi ; on l’appelle Vichara Atma (Qui suis-je ?). C’est une méthode qui consiste à tourner l’esprit sur lui-même pour d’abord connaître sa véritable nature puis la réaliser. Le procédé est simple mais difficile à exécuter :

  1. Tu te demandes : «qui suis-je,». Puis, étape par étape, systématiquement, tu te dissocies de tous les éléments que tu identifiais jadis avec «Je».
  2. Tu réponds : «Je ne suis pas le torse ou le corps», puis tu essayes de te sentir comme séparé de ton corps. Pour beaucoup, il est utile de situer le «Je» au milieu de la tête et de le voir comme séparé des autres qui sont nommées successivement.
  3. Tu te dis ensuite : «Je ne suis pas les cinq organes du mouvement : les bras, les jambes, la langue, le sphincter, les parties génitales.» Dissocie «Je» de chaque évocation.
  4. Tu dis ensuite : «Je ne suis pas les cinq organes des sens : les yeux, les oreilles, le nez, la bouche, la peau.» Tu t’arrêtes encore sur chaque organe et le ressens comme différent du «Je».
  5. Dis ensuite : «Je ne suis pas les cinq organes internes : respiration, digestion, excrétion, circulation, transpiration.» Imagine le fonctionnement de chacun de ces organes et fais l’expérience que «Je» en est toujours distinct.
  6. Si tu as suivi exactement ces instructions, il ne reste maintenant que les pensées. Le dernier acte est donc : «Je ne suis pas ces pensées». La merveilleuse difficulté est qu’à ce point la pensée du «Je», placée dès le début au centre de la tête est justement l’une des pensées que tu n’es pas. Aussi, même la pesée du «Je» doit disparaître. C’est un peu comme s’asseoir à l’extrémité de la plus haute branche d’un arbre et la couper.

    « Le corps inerte ne dit pas «je». Conscience-Réalité n’émerge pas. Entre les deux, et limité en fonction du corps, apparaît quelque chose connu pour «je». On appelle cela Chit-jada-granthi (le nœud entre le conscient et l’inerte), ou aussi, esclavage, âme, corps subtil, illusion d’ego, esprit, etc…

    — Ramana Maharshi.

    Si ta discipline est suffisent pour aller jusqu’au bout, tu entres dans le royaume de SAT CHIT ANANDA (réalité-Conscience)… le Moi Véritable où il n’est qu’UNITé.

Exercices.

« Ce qui ne peut être dit, ne peut être dit et ne peut être sifflé.

— Ram Tirtha.

« Tout ce que l’imagination peut imaginer et la raison concevoir et comprendre en cette vie n’est pas, et ne peut être, un moyen d’union directe avec Dieu. »

— St Jean de la Croix.

« …parce que l’esprit de la chair est opposition à Dieu.

— St Paul.

« Tout ce qui est fait semble sans dessein pour l’esprit aveugle parce qu’il en existe plus qu’il n’en cherche. De même pour la grande Danse. On observe un mouvement et il te conduira à travers toutes les formes jusqu’à te sembler être le Maître Mouvement. Et cette impression est juste ; ne laisse aucune bouche le nier. Il semble n’y avoir pas de centre parce que le centre est partout. Béni soit-Il.

— C. S. Lewis Perelandra.

« Tue le doute né de l’ignorance qui est dans ton cœur avec l’épée de la Sagesse. Sois uni en harmonie, en Yoga et élève-toi, grand vainqueur, élève-toi.

— Bhagavad Gita.

« Prends patience. Aspirant, comme celui qui ne craint pas l’échec, et ne brigue pas le succès. Fixe le regard de ton âme sur l’étoile don tu es le rayon, l’étoile incandescente qui brille même dans les profondeurs sans lumière de l’être éternel.

— Blavatsky.

« L’allégeance au vide implique la négation de sa vacuité.

Plus tu en parles, plus tu y penses,

Plus tu t’en éloignes.

Cesse de parler, cesse de penser, il n’y aura rien

Que tu ne comprendras.

Retourne à la racine pour retrouver le sens profond ;

Si tu poursuis la lumière tu en perds la source.

Regarde en toi et triomphe en un éclair de l’apparent et du vide ;

Ils proviennent de vues erronées.

Il n’est pas nécessaire de chercher la vérité.

Cesse seulement d’avoir des opinions.

— Seng T’san.

« Un élève vient à demander à Joshu :

« Si je n’ai rien dans mon esprit, que dois-je donc faire ? »

Joshu répliqua : « Jette-le ! »

« Mais si je n’ai rien comment puis-je le jeter ? » continua l’élève.

Et Joshu : « Bon, alors garde-le.

— Reps.

« Notre existence en tant qu’êtres incarnés est purement temporaire ; qu’est-ce qu’un siècle dans l’éternité ? Mais si nous brisons les chaînes de l’égotisme pour nous fondre dans l’océan de l’humanité, nous partageons alors sa noblesse. Sentir que nous sommes quelque chose, c’est devenir un avec Dieu.

— Gandhi.

« Cesse de chercher Dieu comme extérieur à toi,

À l’univers et à toutes choses.

Cherche-le à l’intérieur de toi-même et connais celui

Qui en toi s’est tout approprié

En-dedans de Lui-même.

Et dis, mon Dieu, mon Esprit, ma Raison, mon Âme, mon Corps et apprend d’où proviennent la tristesse et la joie, et l’amour et la haine, et s’éveiller si on ne le souhaite, et s’endormir quand on le souhaite, et tomber amoureux quand on le souhaite. Si tu examines attentivement les choses, tu Le trouveras en toi, un et plusieurs, comme l’atome ; et ainsi tu auras trouvé, en toi-même, un chemin hors de toi-même.

— Manoimus l’Hérétique.

« Que votre volonté soit une ! N’écoutez pas avec vos oreilles, écoutez avec votre conscience. Non, n’écoutez pas avec votre conscience, écoutez avec l’Esprit. La perception s’arrête aux oreilles, l’entendement se limite à l’intelligence mais l’Esprit est vide et attend toutes choses. La Voie se concentre sur le vide seul. Le vide est le jeûne de l’Esprit. Il est facile de cesser de marcher, plus difficile est de marcher sans toucher terre.

— Chuang Tzu.

« Si donc ton œil est simple, le corps entier sera rempli de lumière.

— Jésus.

« Ce qui voit par l’œil et que l’œil ne voit pas est Âtman.

Mundaka Upanishad.

« Le Soi est le témoin, omniprésent, parfait, libre, unité, conscience, au-delà de l’action, attaché à aucun objet, sans désir, toujours tranquille. Par illusion, il apparaît comme le monde.

Ashtavakra Gita.

« S’il est dit que la Libération comprend trois sortes, avec ou sans forme, alors laissez-moi vous dire que l’extinction des trois sortes est la véritable Libération.

— Ramana Maharshi.

« Qui réalise quoi ? Cela est la Réalisation.

— Hari Dass Baba.

« Puissent tous les êtres réaliser la transparence extatique de leur propre esprit. »

— Karma Lo Tzu.

Temps & Espace

Exercices.

  1. Demande-toi : « Où suis-je ? »

    La réponse est : « Je suis ici. »

    Demande-toi : « Quelle heure est-il ? »

    Répond : « Maintenant. »

    Répète jusqu’à l’entendement.

  2. Fais sonner ton réveil à intervalles, fixe-toi un emploi du temps ou accroche des rappels au mur afin que, plusieurs fois par jour, saisi en pleine activité, tu sois confronté à ces questions :
    1. Où suis-je ?
    2. Quelle heure est-il ? (Réponses en fin de chapitre)

      Essaye chaque fois de ressentir l’immédiateté d’Ici & Maintenant. Commence par remarquer ceci : où que tu ailles et quelle que soit l’heure, c’est toujours Ici & Maintenant. ICI & MAINTENANT. Tu t’aperçois qu’il est impossible d’en sortir. Laisse l’heur faire tourner les aiguilles… la vie suit son cours, mais tu es toujours ICI & MAINTENANT. C’est un exercice pour te conduire à l’ÉTERNEL PRÉSENT… où tout ça se tient.

    3. Ramène toutes tes pensées au présent.

      Ne pense pas au futur

      Sois ici & maintenant

      Ne pense pas au passé

      Sois ici & maintenant

    4. Pense que tu es vraiment Ici Maintenant :
      1. C’est suffisant et…
      2. Tu agis toujours avec un maximum de compréhension à chaque moment donné. Lorsque «plus tard» (le futur) devient Maintenant, tu te trouves dans la position idéale pour agir au mieux. Tu n’as donc plus besoin de t’inquiéter maintenant pour ce qui concerne plus tard.
    5. Réalise que tu peux faire des projets pour le futur, Ici et Maintenant… si, lorsque plus tard est devenu Maintenant, tu es entièrement Ici & Maintenant. Cela paraît paradoxal ? Bien sûr ! réfléchis encore un peu…
    6. « Pense que tu n’es pas encore conçu, pense que tu es dans la matrice, que tu es jeune, que tu es vieux, que tu es mort, que tu es dans le monde au-delà de la grâce, rassemble tout cela à la fois dans ta pensée, en tous temps et en tous lieux… »

      — Hermetica.

      La solution : a) ICI b) MAINTENANT

Exercices.

« L’âme supérieure est avant le Temps, et le Temps, Père de toutes choses, est l’un de ses enfants.

— Emerson.

« La pensée est du temps, et le temps crée la peur. »

« Comment pouvons-nous savoir quand l’esprit est concentré ? Quand l’idée du temps disparaît. Plus le temps passe sans qu’on le remarque, plus nous sommes concentrés… le temps lui-même a tendance alors à se placer dans le seul présent. D’où cette définition : quand le passé et le présent ne font plus qu’un, on dit que l’esprit est concentré.

— Vivekananda »Un étudiant du Zen doit apprendre à perdre son temps consciencieusement.

— Suzuki Roshi.

« Si nous pouvions sentir l’idée du temps lui-même, et toute notre vie étendue dans le Temps, le «Je» momentané du temps qui passe n’aurait pas la même prise sur nous.

— Nicoll.

Upaya Psychédélique

Les chemins qui mènent à l’illumination sont nombreux. Certains mènent le voyageur jusqu’au bout tandis que d’autres ne concernent qu’une partie seulement. Certaines voies abruptes et dangereuses, d’autres lentes et progressives. Tu te rends compte que chaque voyageur rencontré est particulièrement attaché à la méthode qu’il suit. Attaché parce qu’elle lui donne plus de lumière, de bonheur, de connaissance ou un sens de la vie qu’il n’avait pas auparavant.

On connaît bien, en Inde, le piège de l’attachement et de l’accoutumance à une méthode particulière ; qu’il s’agisse du pranayama, de la dévotion ou de n’importe quoi. Pour l’éviter, on répartit ainsi la Sadhana : les vingt premières années de la vie sont consacrées à l’étude, les vingt années qui suivent à une participation sociale et familiale, les vingt années suivantes à l’étude religieuse et à la pratique intense de certaines Sadhanas. Dans les vingt dernières années, cependant, le sadhak délaisse toutes les méthodes. Il devient sanyasi, errant, sans lien de familles, de dogme ou d’école puisque tous les attachements son rompus.

L’utilisation de substances psychédéliques en tant qu’Upaya (méthode) semble d’abord infiniment prometteuse. Avec un peu plus d’expérience, cependant, on découvre les limites. Mais il se peut alors qu’on soit devenu tellement attaché à l’expérience qu’on refuse de poursuivre sa voie en cherchant d’autres méthodes. Alors on se trompe soi-même. Cette conduite peut être une stratégie à court terme mais elle produit aussi des émotions négatives.

« L’homme qui a atteint certains pouvoirs par la médecine, par les paroles ou par la mortification a encore des désirs ; mais l’homme qui atteint Samadhi par la voie de la concentration est libre de tous désirs.

— Vive Kananda.

« Quand le roi entra pour voir ses invités, il vit là un homme qui n’avait pas d’habits de noce. Il lui dit : «Mon ami, comment es-tu entré ici sans habit de noce ?». cet homme eut la bouche fermée. Le roi dit à ses serviteurs : «Liez-lui les pieds et les mains et jetez-le dans les ténèbres extérieures. Il y aura des pleurs et des grincements de dents car beaucoup sont appelés mais peu sont élus».

— Jésus.

Quels sont les psychédéliques ?

Il s’agit d’un groupe de produits chimiques qui peuvent élargir le champ de conscience. Entre autres, on peut citer le LSD, la marijuana, le peyotl, la mescaline, la psilocybine, le DMT, le DET, le haschisch etc… Leur qualité est variable dans la mesure où ils contiennent d’autres composants. Certains produisent des effets secondaires tels l’euphorie, l’agitation, la nausée ou la léthargie.

Est-ce que le speed (amphétamines, méthamphétamines, etc…) est psychédélique ? il peut l’être. Toutefois, il provoque des effets secondaires très violents qui entravent le travail spirituel. Il favorise les boucles de pensée ou le déroulement interminable de vieilles associations. De plus le speed entraîne une certaine accoutumance jusqu’à détruire le corps. Si tu détruis le temple dans lequel tu dois faire le travail avant que le travail soit terminé… tu es perdant.

De quelle façon les dérivés de l’opium (héroïne, morphine, etc…) diffèrent-ils des psychédéliques ? – Les opiacés sont vraiment des drogues, c’est-à-dire qu’ils permettent à l’individu de fuir un environnement déplaisant, qu’il soit physique ou psychologique. À travers eux, tout apparaît sans importance. L’effet est recherché par ceux qui sont accrochés dans la sphère subtile de la jouissance sensorielle. Ils créent des habitudes et une accoutumance physiologique. Pour celui qui réalise, comme l’enseigne le Bouddha, que l’attachement est la cause de la souffrance, l’héroïne et les autres opiacées qui conduisent sûrement à de nouveaux attachements ne semblent pas être le chemin de l’Illumination.

Les psychédéliques sont-ils utiles dans ce travail ?

Favorable :

  1. Pour une personne profondément attachée à une réalité finie qu’elle prend pour l’absolu, une substance psychédélique, prise dans de bonnes conditions, peut servir à briser le modèle de l’emprisonnement créé par son propre esprit. Bien sûr il y a ici un paradoxe : si on veut prendre un psychédélique pour s’en sortir, c’est qu’on pressent déjà un ailleurs ; on pourrait donc s’y engager sans psychédélique. D’un autre côté, si on en prend pour le plaisir ou pour d’autres raisons sans rapport avec la recherche d’une autre réalité, l’expérience peut aussi déclencher un travail spirituel (le choc peut être assez dramatique).

    « Le LSD est comme le Christ en Amérique qui éveille les jeunes du Kali Yuga. L’Amérique est le pays le plus matérialiste, c’est pourquoi Dieu lui a envoyé son Avatar sous la forme du LSD (matière). Elle voulait approcher Dieu par la matière et elle Le reçoit sous la forme du LSD. Si un homme ne goûte pas aux choses considérées comme vraies, comment connaîtra-t-il le goût de ces choses ?

    — Hari Dass Baba.

    « À certains chercheurs sincères, comme toi-même, le LSD a pu servir de moyen pour éveiller la nostalgie spirituelle qui fait entrer en contact avec Meher Baba, mais une fois que ce but est atteint, il devient non seulement dangereux, mais inutile et sans objet. »

    — Lettres d’Inde.

  2. L’utilisation des psychédéliques peut te procurer des expériences qui, dans l’immédiat, affermiront ta foi en l’Illumination, suffisamment pour t’engager dans une purification systématique (qui te conduira, bien sûr, à l’abandon des psychédéliques)…

    Ils ont souvent ce rôle même s’ils ne font entrevoir que des visions de plans astraux inférieurs.

  3. Des sessions psychédéliques bien programmées peuvent avoir une valeur thérapeutique significative en montrant de nouvelles perspectives sur les domaines où l’attachement est puissant. C’est-à-dire qu’une personne prise par exemple dans des habitudes orales ou sexuelles, aura l’occasion de transcender ces habitudes et de faire l’expérience d’autres comportements. L’expérience sera temporaire car il n’est pas certain qu’elle déracine les désirs qui entretiennent ces habitudes en premier lieu. Quoiqu’il en soit, l’expérience peut t’encourager à travailler sur ces champs de force.
  4. Les expériences psychédéliques les plus profondes permettent de transcender les polarités et donc de dépasser la peur de la mort et las sentiments de culpabilité créés par l’attachement à la dualité du bien et du mal.
  5. Les psychédéliques les plus légers sont utilisés par un grand nombre de sâdhus dans le bhakti yoga. Ils fument pour libérer leurs émotions et communier avec Dieu à cœur ouvert. Il en est ainsi de beaucoup de sâdhus errants en Inde. Mais dans la plupart des temples et des ashrams, cette conduite est plutôt mal considérée.

Défavorable :

  1. On redescend toujours. L’expérience n’est pas permanente et la descente entraîne le désespoir.
  2. Parce que le psychédélique est un agent extérieur, son usage renforce en toi l’idée que TU ne suffis pas. Au bout du chemin tu réalises, bien entendu, tu réalises que tu suffisais tout le temps.
  3. L’intensité de l’expérience te rend avide d’arriver avant d’être parti. Tu deviens attaché à l’expérience et c’est un cul-de-sac. Le sens ultime de la Voie n’est pas de se faire monter mais d’ÊTRE haut.
  4. La plupart de ceux qui utilisent des psychédéliques fréquentent surtout des plans astraux où l’ego demeure présent. Par conséquent, ils ont tendance à utiliser les pouvoirs qui s’y trouvent au service de l’ego. On crée ainsi davantage de karma car on agit avec attachement. Beaucoup de trips messianiques sont de cette nature. Certains restent attachés à un plan astral et perdent le contact avec le plan physique. Généralement, en Occident, on place ces gens à l’hôpital jusqu’à ce qu’ils retrouvent le plan physique. En fait, ils ne sont pas allés assez loin. Dans ce cas, le psychiatre qui s’occupe d’eux est attaché au plan physique et ne reconnaît pas l’existence d’autres plans ; tout comme son patient est attaché à son plan astral (et ne reconnaît pas l’existence des autres plans, y compris le plan physique). La réalité est que tous les plans existent simultanément et elle les dépasse à la fois. C’est le paradoxe du Mahamudra, paradoxe du deux-en-un.
  5. L’utilisation de méthodes violentes, comme les psychédéliques forts ou le kundalini yoga* (ou jeûne extrême), etc… produit des perturbations vibratoires dans l’individu. Il en résulte des vagues sur l’environnement parce qu’on n’arrive pas à garder le contact. Tu dois être capable de te souvenir de ton code postal en baignant dans l’extase intergalactique. Il est difficile de tout garder en main.
  6. Les psychédéliques sont pour la plupart illégaux. Pour en faire usage, on doit enfreindre la loi et les risques encourus entraînent souvent l’anxiété et la paranoïa. Or l’anxiété et la paranoïa ne sont pas de bons états d’esprit pour poursuivre la Sadhana. Le fait d’enfreindre la loi te ramène dans la polarité de «nous» et «eux». Seul un être évolué peut le faire sans attachement.

    * kundalini yoga, technique qui doit être entreprise sous la conduite d’un maître compétent.

  7. Il n’existe, à l’heure actuelle, aucune évidence de détérioration physiologique produite par les psychédéliques. La recherche sur les déformations chromosomiques est surtout de nature politique. Mais il semble que la plupart des réactions physiologiques sont en fait psychologiques et sont généralement dues à la peur et à l’anxiété.

Le cours de la Sadhana

La Sadhana a autant de chance de devenir un piège que n’importe quel mélodrame. Il est donc utile d’avoir quelques idées sur la voie pour éviter de rester accroché aux plans qu’on traverse. Ces points peuvent t’aider :

  1. Toutes les étapes que l’on peut qualifier doivent être dépassées. Même celui qui qualifie doit finalement être dépassé. Une personne disant : « Je suis illuminé » ne l’est probablement pas.
  2. La première euphorie provient d’une prise de conscience ; et si petite soit-elle, elle passera dans la plupart des cas, laissant un sentiment de manque, l’idée qu’on a perdu la grâce, ou même le désespoir. « La Nuit Mystique » de St Jean de la Croix, expose cet état.
  3. La Sadhana est un peu comme les montagnes russes, chaque sommet est suivi d’une descente. Le comprendre est une aide pour traverser ces états.
  4. Plus tu te purifies, plus les impuretés t’apparaîtront grossières et nombreuses. Réalise que tu n’en es pas pour cela davantage dans l’illusion mais que tu vois seulement plu clairement. Les lions qui gardent les portes du temple deviennent plus féroces à mesure qu’on s’approche de l’entrée. Mais bien sûr, la lumière y est aussi plus claire. Tout s’identifie avec un rapport croissant d’énergie à chaque étape de la Sadhana.
  5. Tu penses au début que ta Sadhana est un domaine délimité dans ta vie. Tu réalises ensuite que tout ce que tu fais en fait partie.
  6. Un des pièges sur la route est le piège sattvic. Le piège de la pureté. Tu fais consciemment tout ce que tu dois et tu restes émerveillé par ta pureté. En Inde, on appelle ça «La chaîne dorée». Ce n’est pas une chaîne ordinaire mais c’est une chaîne tout de même. Il faudra finalement que tu laisses tomber l’idée de pureté si tu veux réaliser le tout dans cette vie.
  7. Au début du voyage, on se demande si la route sera longue et si on pourra en terminer dans cette vie. Plus tard tu verras que l’endroit où tu vas est ICI, et qu’on y arrive MAINTENANT… aussi n’y pense plus.
  8. Au début, tu essayes. Ensuite, tu fais simplement Sadhana parce qu’il n’y a…rien d’autre «à faire».
  9. À certains stades, tu considéreras ta Sadhana avec le plus grand sérieux. Plus tard, tu comprendras la sagesse de l’enseignement de Jésus : « Les hommes n’ont pas besoin de changer de visage pour chercher le Seigneur. » L’humour cosmique, à ce stade du voyage, tient une place importante.
  10. À certains moments, tu auras l’impression de rester sur place. C’est une dure épreuve. Sache qu’une fois le processus enclenché, il ne s’arrête jamais. Il peut seulement sembler s’arrêter de là où tu regardes ; alors, ouvre les yeux et poursuis. Se demander si «quelque chose se passe» n’a pas grande importance ; en fait, cette pensée est plutôt un autre obstacle.
  11. Tu as pu t’attendre à ce que l’Illumination se produise d’un coup et s’installe de façon permanente ; il y a peu de chances que ce soit ça. Après le premier «tiens, tiens…» l’évolution est graduelle et presque indiscernable. On peut la comparer à la dissolution des couches de nuages, jusqu’au dernier voile le plus fin…
  12. En plus du cycle de «hauts et bas», il existe aussi un cycle «dehors-dedans» ; c’est-à-dire qu’à certaines étapes tu te sens attiré vers un travail plus intérieur et tu cherches alors un endroit calme pour méditer et faire ce travail ; puis il y a des moments où tu te tournes vers l’extérieur et tu cherches la foule. Ces deux aspects font partie de la Sadhana car ce qui t’arrives dans la foule t’aidera dans la méditation et ce qui se passe en méditation doit t’aider pour évoluer dans la foule – sans attachement.
  13. Ce qui t’arrive n’est que mort et renaissance. Ce qui meurt, c’est le chemin par lequel tu as compris «qui tu es» et «comment toutes choses sont»… ce qui renaît est l’enfant de l’Esprit pour qui toutes choses sont nouvelles. Voir l’ego disparaître en même temps que tu renais est assez étrange. Honore celui (toi) qui meurt de même que celui (toi) qui renaît.

Exercices.

« Sur le chemin du Vrai développement, une chose ancienne doit mourir et quelque chose de nouveau doit naître en lui.

— Collins.

« Comment se défaire du moi inférieur : le bourgeon disparaît de lui-même à mesure que le fruit s’épanouit. Ainsi disparaîtra ton moi inférieur à mesure que le divin grandira en toi.

— Ramakrishna.

« Observez le lac à la saison sèche ; goutte à goutte son niveau diminue comme l’illuminé perd graduellement toute notions du moi.

— Ramakrishna.

« L’âme s’enfuit juste à l’instant où nous avons l’impression de tenir sa rayonnante splendeur entre nos mains et, la seule chose qui nous reste, c’est un autre papillon mort à ajouter à notre triste collection.

— Krishna Prem.

« Un jour, tout à coup, ton progrès s’arrêtera et tu te retrouveras pour ainsi dire perdu. Persévère. Tout progrès passe de telles montées et de telles descentes.

— Vivekananda.

« … chaque existence individuelle est rythmée par un pendule que le cœur nomme et définit. Il y a un temps pour l’expansion et un temps pour la contraction ; l’un provoque l’autre et, l’autre aspire au retour du premier… Nous ne sommes jamais aussi près de la lumière que dans la plus profonde obscurité.

— Vivekananda.

« Le disciple doit d’abord passer par la complexité afin d’épuiser toutes les possibilités d’arriver à l’éveil de la conscience, pour parvenir à la simplicité ; s’il veut être capable d’assumer la phase intermédiaire entre son rêve et la réalité.

— de Lubicz.

« Balaye les illusions de la volonté, détruis les pièges du cœur, défais-toi des embarras de la vertu, ouvre les barrières sur la Voie. Les honneurs et la fortune, la reconnaissance et l’autorité, la renommée et le profit, voici les six illusions de la volonté. L’apparence et la tenue, le tempérament et l’attitude, le teint et les traits, voici les pièges du cœur. L’aversion et le désir, la joie et la colère, la douleur et le bonheur, voici les six embarras de la vertu. Rejeter et accepter, prendre et donner, le savoir et l’habileté, voilà les six barrières du chemin. Lorsque ces quatre groupes de six ne bouillonnent plus dans ta poitrine, tu atteins la rectitude ; en étant droit, tu deviens paisible ; en étant paisible, tu es illuminé ; en étant illuminé tu es vide ; en étant vide, tu ne fais rien, et cependant il n’y a rien qui ne soit fait.

— Chuang Tzu.

« Quand la cristallisation est accomplie, renonciations, privation et sacrifices n’ont plus leur raison d’être. Un homme peut alors avoir tout ce qu’il veut. Il ne connaît plus aucune loi, il est la loi en lui-même.

— Ouspensky.

« C’est pourquoi, ayant gravi tous ces degrés d’humilité, le moine arrivera à cet amour de Dieu qui, étant parfait, chasse toute peur. C’est là qu’il commencera à garder sans effort et comme s’ils étaient habituels et naturels, tous ces préceptes qu’il avait jusque-là observés par crainte. Ce ne sera plus dans la crainte de l’enfer mais pour l’amour du Christ. Et, entre une bonne habitude et un délice de vertu, Dieu acceptera de se manifester en l’Esprit Saint dans son disciple maintenant lavé de tous vices et de tous péchés.

Règle de St Benoît.

Je sais Je vois que je connais.

que je sais Je pense

et que je ne sais pas que je connais ce que je vois

mais j’oublie. mais parfois

j’oublie.

Je vois que je suis aveugle Et tout cela

et je vois la lumière aveuglante est comme Cela doit Être.

en toute chose à la fin de chaque oubli

mais j’oublie. je me souviens.

— Lonny Brown.

Fondation

À mesure que tu calmes ton esprit par la méditation ou le mantra, tu deviens plus conscient des forces qui agissent sur toi – des forces aussi bien intérieures qu’extérieures. Il fut un temps où tu cherchais des stimulations continuelles mais à présent, tu t’orientes vers des situations où il s’en trouve de moins en moins. Pour certains, ceux qui sont bien avancés sur la Voie, la caverne – lieu traditionnel des Yogis – devient alors l’endroit de prédilection car ici, le roc est une isolation contre les vibrations qui peuvent déranger les plus sensibles.

« Où se trouve le feu ou l’eau, où la terre est couverte de feuilles sèches, où se trouvent fourmilières en nombre, où sont les animaux sauvages et le danger, où se croisent quatre chemins, où il y a trop de bruit, où les méchants sévissent, le Yoga ne doit pas être pratiqué. »

— Vivekananda.

Pour la plupart des occidentaux qui entreprennent leur Sadhana, une caverne ne serait ni l’endroit désirable ni même une alternative envisageable parce que leur Karma requiert encore le commerce avec les stimulations du monde. Dans de telles conditions, la recherche d’une caverne et l’espoir de vivre comme l’ascète tibétain Milarepa peut n’être du début à la fin qu’une forme subtile d’ego-trip. Il semble beaucoup plus avisé de débuter la Sadhana à l’endroit précis où tu te trouves et de laisser toute modification de ton environnement et de ton style de vie se produire de façon graduelle et spontanée. D’autant plus que durant les premières étapes, chaque vague que tu provoques en pratiquant devient un nouveau karma. Laisse-toi guider par ton appel intérieur pour l’Illumination.

Laisse la lumière t’attirer vers elle comme un papillon de nuit est attiré vers la flamme. Petit à petit, tu chercheras naturellement des environnements de plus en plus purs parce qu’il te les «faut» ; parce que c’est la seule chose que tu puisses faire et non parce que tu te sens obligé de le faire.

Ce que tu es maintenant est la première chose à considérer. Marié ou seul ? enfants ? parents ? engagements ? (sociaux, professionnels, économiques, religieux, nationaux, familiaux etc…). Disponibilité ? Peut-être que le premier pas approprié à ta situation actuelle sera de poursuivre le cours de ta vie quotidienne de façon normale tout en y ajoutant simplement un mantra. Au départ, suivant par exemple le conseil de Maharishi Mahesh pour la pratique de la méditation transcendantale, ce mantra pourra être utilisé pendant un quart d’heure le matin et le soir. Dans ce but, tu peux aussi aménager un coin de ta chambre.

Crée un endroit tranquille… une piste d’envol pour l’infini… un siège de méditation… un autel. Rassemble ce qui est beau et simple : un coussin, une bougie, l’image d’un être réalisé qui te branche – Bouddha, Christ, Ramakrishna, Ramana Maharshi ou Ma Anandamayi ; ajoute des fleurs, de l’encens… Aménage l’endroit de façon que tu puisses t’asseoir tranquillement, le corps droit et souple. Ceux qui ont développé la posture triangulaire de Padmasana (lotus complet) ou Siddhasana (demi-lotus) ou même Sukhasana (la posture facile) le savent déjà…pas de souffrance… ne rien forcer !

À cet endroit tu pourras établir un rituel régulier de purification, pour te réfléchir, pour calmer l’esprit. De même que l’eau peut user la pierre, la Sadhana simple et quotidienne affinera le voile d’avidya (ignorance).

À l’autre extrémité du continuum se situe la discipline totale et permanente de chaque geste et de chaque pensée que suppose la vie monastique d’un Ashram.

Le Centre Zen

— (Tassajara, Californie)

La cloche sonne à 4 h. Tu te lèves aussitôt.

Han (planche de frêne qu’on frappe à l’aide d’un maillet e bois) commence à 4 h 05 et dure 15 min, en trois fois. Tu entres au zendo à la seconde fois.

Zazen (méditation assise) commence à 4 h 20. Durée : 40 min. Le Roshi commence par faire le tour du Zendo. Les participants s’inclinent à son passage (ou plus exactement font Gassho, salutation avec les mains jointes).

La cloche sonne après 40 min. Kinhin va durer 15 min (marche lente en file, les mains jointes sur la poitrine ; un demi-pas par respiration).

Deuxième période de Zazen (40 min).

Le service, à 5 h 50, consiste en 9 prosternations complètes, 3 récitations du Sutra du Cœur, et de nouveau 3 prosternations complètes. Il dure environ 20 min, accompagné de cloches et d’un large tambour de bois. Période d’étude d’une heure, dans une grande pièce où l’hiver brûle un feu de bois. C’est là que le thé est servi. La chaleur te rend somnolant, tu lis divers textes. Un court chant marque le début et la fin de l’étude.

Han – le petit déjeuner commence à 7 h 10 ; il est servi dans le Zendo. Tu t’assieds sur un coussin, en posture de méditation. Chaque disciple possède un oryoki (ensemble de trois bols, une cuillère et des baguettes), une raclette, un setsu (baguette dont une extrémité est en tissus) et trois morceaux de tissus-serviette, torchon pour les bols et enveloppe de l’oryoki complet qui se plie et se noue de façon prescrite.

Les bols sont placés sur une planche devant chaque disciple. Le rituel compliqué de l’oryoki aide à centrer l’attention. Les repas sont une méditation qui se pratique sans parler, avec un minimum de bruit. Chaque repas est précédé d’un chant. Les serveurs entrent. Lorsqu’ils s’arrêtent devant chaque disciple, ils échangent avec lui une salutation. Puis le serveur s’agenouille et remplit le bol, nouveau salut. On chante pendant le service (récitation des noms de Bouddha et Boddhisattvas) et au départ des serveurs (rappel : d’où vient cette nourriture ? Ma pratique lui fait-elle honneur ?).

Aussitôt le repas terminé, les serveurs apportent de l’eau chaude, annoncés par un nouveau chant. Cette eau est versée dans les plus grands bols et de là dans les plus petits ; les bols sont nettoyées et essuyés. Une partie de l’eau est bue, l’autre sert à arroser les plantes. Les oryokis sont noués et rangés à côté de chaque disciple.

Après une salutation, le Roshi et les prêtres quittent la salle, suivis des disciples qui saluent les cuisiniers en sortant du Zendo.

Courte période (environ 20 min) consacrée à la toilette. Tu mets tes vêtements de travail. Tambour de travail à 8 h 40. Les disciples se réunissent pour l’information et le partage des tâches.

Période de travail jusqu’au han de 11 h 10 : jardin, menuiserie, maçonnerie, toiture, élimination des déchets, ménage, couture etc…

Han à 11 h 10 pour ranger, reprendre la robe et se rendre au Zendo (15 min de han pour doser son temps).

Service (prosternation et récitation du Sutra du Cœur).

Déjeuner (semblable dans la forme au petit déjeuner), composé de soupe, de pain et de légumes.

Après le déjeuner, une période de repos de 30 à 40 min permet de prendre un peu de soleil.

Tambour de travail à 14 h. réunion, partage des tâches.

À 15 h 30, la cloche annonce le thé. Tous les participants se réunissent sur les marches du Zendo (il y a encore un peu de soleil). Le thé est servi après le chant ; puis reprise du travail après un autre chant. La fin du travail est annoncée par un tambour à 17 h. rangement.

Les participants se dirigent vers le bain. En hiver il fait déjà sombre et froid ; aussi les lampes sont-elles allumées dans la grotte de ciment, la vapeur monte de l’eau… Le bain à 50° est l’occasion de se réchauffer en profondeur – sinon il est froid comme une pièce de métal – le sang se met à circuler. Les disciples se prosternent et récitent Ghata avant de sortir.

La cloche sonne à 17 h 35, il reste un quart d’heure avant le souper.

Service du soir.

Souper : riz complet, soupe de miso et légumes. Pas de chant.

Le souper est suivi d’un temps libre. Tu retournes dans ta hutte ou tu vas dans la pièce principale, près du feu de bois.

Han commence à 19 h 30.

Période d’étude ou enseignement à 19 h 45.

L’enseignement – du Roshi, d’un prêtre ou d’un disciple – commence à 20 h.

Zazen à 20 h 35, l’enseignement peut se prolonger. La méditation s’achève par un chant profond et lent du Sutra du Cœur.

Les disciples retournent dans leurs huttes.

Les lumières sont éteintes à 21 h 30.

Les jours en 4 et en 9 (le 4, le 9, le 14 etc…) sont libres dès le petit déjeuner. Au cours des journées en 4 (officiellement libres pour la demi-journée) une discussion ouverte est organisée : questions, point de vue, problèmes personnels, suggestions, tout est alors échangé ce qui est très utile pour permettre aux participants de comprendre où en sont les autres, à quelle sorte de problèmes ils font face, etc… Durant les jours de repos, les participants prennent soin de leurs affaires personnelles, couture, linge, rasage…

La pratique d’automne s’étend sur une période de deux mois ; la pratique d’hiver (ou de printemps) sur une période de trois mois. Chaque période s’achève par un Sesshin de sept jours. Cela consiste en 17 heures de Zazen et Kinhin quotidiens, en comprenant les repas, le bain et une courte période de travail.

Le Centre de Méditation

La France compte déjà plusieurs centres de méditation. Voici une description basée sur notre expérience au centre Kagyu Ling, situé entre Paris et Lyon où enseignent des lamas tibétains depuis deux ans. Nombreux sont les chercheurs spirituels qui ont rallié ou fondé des communautés afin de trouver l’environnement adéquat à leur travail intérieur. Souvent ils ont été découragés par leurs expériences à cause du désordre, de l’instabilité économique, des rivalités et des motivations divergentes des participants. À partir de ces premières expériences communautaires, des tentatives plus structurées ont été élaborées afin de créer l’environnement propice au progrès spirituel. Ces centres sont généralement moins disciplinés que les ashrams orientaux traditionnels, mais ils ont cette vocation d’accueil que les communautés actuelles ne peuvent proposer.

Le centre se compose de deux niveaux ou parties : l’accueil et les retraites. Cela suppose plusieurs bâtiments, ou un certain nombre de huttes en bois à l’écart de la maison principale. Le centre est donc installé sur un terrain assez vaste en pleine campagne.

Les principes de fonctionnement :

  1. La nature du contrat doit être explicite. C’est-à-dire que chaque personne qui partage l’expérience doit en comprendre la forme, l’emploi du temps et les objectifs ; non seulement doit-elle partager les objectifs, mais elle doit aussi sentir que la formule est celle qui convient la mieux pour l’accomplissement d’un but. Cette expérience portera d’autant moins de fruits que le groupe a trop d’idées au départ sur ce qui doit se faire et ne pas se faire. Dans les ashrams traditionnels, il y a en général un gourou ou un maître qui montre la voie ou une structure traditionnelle et officiellement connue de tous ceux qui désirent participer. Ici, le groupe qui s’installa d’abord au château de Plaige avait pris pour objectif l’accueil de lamas tibétains et comme modèle, le fonctionnement du Centre Samye Ling en Écosse. (Une démarche similaire est celle qui se développe dans les Hautes Pyrénées à St Arroman : Karma Dgon)
  2. Tous les résidents du centre ont choisi librement et consciemment de participer à l’expérience. Il suffit d’un nombre réduit de personnes qui ne partagent pas le désir de travailler ainsi sur eux-mêmes pour entraver la bonne marche d’un centre spirituel ; c’est pourquoi une sélection rigoureuse est nécessaire.
  3. Tous les résidents contribuent aux activités tout comme ils portent une part de responsabilité. À certaines occasions un surcroît de travail est nécessaire, il est alors supporté par tout le monde. La maison est d’abord aménagée en fonction de la salle de méditation. L’endroit nécessite également une bibliothèque et une salle de séjour. La cuisine doit également faire l’objet d’une attention particulière pour réduire le passage au minimum afin que la nourriture conserve toute sa pureté.

La maison d’accueil.

Le centre doit pouvoir accueillir plusieurs dizaines de personnes, quelquefois plus à certaines occasions. C’est pourquoi la principale comporte tous les aménagements utiles et les participants sont invités à suivre un horaire commun :

06 h 30 Méditation

07 h 15 Petit déjeuner

08 h Méditation

09 h Travail – Karma Yoga

12 h 30 Déjeuner

14 h Travail

17 h Hatha Yoga

18 h Méditation

19 h Dîner

20 h Enseignement ou étude

Les résidents se répartissent les tâches essentielles : cuisine, achats, jardin, construction, artisanat, etc… aidés par les visiteurs, soit le matin, soit l’après-midi (ceux-ci apportent l’énergie sous une autre forme en participant aux frais de fonctionnement).

La plupart des activités peuvent être accomplies en silence ce qui permet à chacun de garder le Témoin ou de chanter son mantra. Le silence est un élément important du travail. Le bavardage ou la rêverie ont une valeur très limitée dans la percée de l’illusion.

Il vaut mieux réaliser que les rapports sociaux dans le centre n’ont pas grand intérêt. Idéalement la personnalité est transcendée dans l’entreprise commune. Si tu tiens à tout prix à garder ta personnalité, ne t’embarque pas parce que ça n’intéressera personne. Ce qui se rapporte aux relations entre les gens est considéré comme une perturbation (c’est-à-dire que cela capte la conscience du groupe ou de quelques participants). Ces questions peuvent être évoquées au cours d’une réunion de groupe si nécessaire, mais dès qu’un groupe s’enlise dans le mélodrame, il vaut mieux improviser une méditation afin que chacun retrouve son centre. Le mélodrame nous possède sans cesse mais son pouvoir diminue quand il est constamment perçu. En outre, les résidents et les visiteurs peuvent entreprendre des périodes de plusieurs jours de silence ce qui est connu pour être une des méthodes les plus efficace pour transcender l’ego.

Les retraites.

Chaque résident du centre passe un moment en retraite complète. Le temps passé par chacun dépend du nombre de participants et de l’espace disponible. Le temps minimum est de 24 heures (nous préparons à Plaige des retraites de plusieurs mois) et certains visiteurs viennent au centre essentiellement dans ce but. En général un séjour de trois à cinq jours est un excellent baptême. On emporte en retraite un minimum d’affaires : un sac de de couchage, une brosse à dents, un coussin, une couverture, des bougies de l’encens… En dehors du matériel nécessaire à la survie, le séjour doit être envisagé de telle façon qu’on entre dans une chambre vide et qu’on ferme la porte ; le trip le moins exigent peut inclure des livres, un cahier, un bloc à dessin, des promenades en forêt ; seul les livres écrits par des êtres évolués devraient être emportés, seuls des images de Saints ou de sujets spirituels devraient les accompagner.

Chaque jour la nourriture est apportée au retraitant à midi. Un repas par jour, assez copieux suffit d’habitude. Le plateau peut comporter des fruits pour la soirée. Le matériel de survie peut comprendre de quoi faire du thé (ceux qui sont prêts pour une tapasya assez stricte, par contre, peuvent choisir de jeûner pendant leur retraite). La nourriture est laissée à l’extérieur de la hutte par le résident ; aucun contact n’est nécessaire et un mot peut être laissé sur le plateau par le retraitant pour formuler une demande. Les seuls motifs pour quitter la retraite sont les besoins de toilette et d’hygiène et ceux-ci sont accomplis sans rencontrer personne.

En retraite, tu passeras une bonne partie de ton temps à la méditation. Il est préférable d’avoir quelques connaissances et un peu de pratique de la méditation pour t’aider à calmer ton esprit. Au début tu seras absorbé dans la contemplation d’un esprit sauvage et hors de contrôle qui mène sa «vie». Dans ces conditions de stimulation nulle, tu sauras vraiment regarder «faire sa vie».

On prépare généralement une retraite avec un instructeur et celui-ci peut visiter la retraite s’il en fait la demande. L’instructeur ou le maître s’en tient alors strictement aux sujets se rapportant au spirituel. Souvent une simple méditation silencieuse à deux peut suffire à satisfaire le besoin du retraitant.

L’Abbé – le Maître spirituel.

Si le centre n’a pas été fondé autour d’un maître spirituel, la communauté a l’aspect d’un Satsang (assemblée de ceux qui sont engagés sur la voie) ou d’une communauté spirituelle mais ses objectifs pourront être difficiles à garder. La responsabilité spirituelle est une affaire risquée si elle n’est pas assurée par un maître. Cependant, comme au Prieuré du Val St Benoît, il peut s’agir de mettre à disposition un lieu favorable au développement spirituel où chacun vient pratiquer dans la voie où il s’est engagé.

Si le centre est animé par un instructeur spirituel (Kagyu Ling et Karma Dgon sont sous la responsabilité des lamas tibétains) celui-ci se charge alors de conduire les méditations, de recevoir les résidents et les visiteurs en entrevue, d’assurer l’enseignement quotidiennement. Plusieurs lamas vivent au Château de Plaige qui est devenu le monastère principal du Vénérable Kalu Rinpoché.

Ambiance.

Toute cette structure peut sembler pesante, et… elle l’est ; mais un ton joyeux n’est en aucune façon incompatible avec le travail spirituel. La faculté de conserver un certain sens de l’humour cosmique est vitale pour l’efficacité du centre spirituel. La religiosité lourde (surchargée d’évaluations) n’est qu’un mauvais trip.

Il est possible de concevoir une forme modifiée de la communauté – Ashram si tu vis en ville. Une grande maison partagée par des gens qui se sont consciemment réunis dans le seul but de travailler sur eux-mêmes est une bonne fondation. Une ou deux chambres situées dans la partie la plus tranquille de la maison peuvent éventuellement être destinées aux retraites. Une autre sert pour la méditation de groupe (Kagyu Dzong, à Paris).

Une autre solution proposée aux citadins est un Satsang donné chaque soir dans un appartement différent ; méditation, lectures… l’effort doit être porté sur la réduction des conversations et des stimulations qui n’apportent rien au voyage. Même le bavardage cosmique peut retarder ton travail. Enfin chaque membre du groupe bénéficie en rapport direct de l’évolution des autres.

OM MANI PADME HUM

Sadhana familiale

La voie de la Sadhana familiale en Occident, dans les années 70’ est difficile à pratiquer. Par le passé, en Occident comme en Orient, il s’est trouvé plusieurs modèles précis d’une telle pratique, construits autour d’une culture et d’une tradition qui la supportaient. Mais dans la culture occidentale, le support a été anéanti par la révolution industrielle et le système économique qui ont détruit la famille en tant qu’union psychique et spirituelle en obligeant l’un, sinon les deux éléments du couple à devenir des salariés. Ceci les force à des absences quotidiennes du foyer et à recourir aux crèches, aux maternelles et aux écoles pour assurer la base spirituelle des enfants. Or, ces institutions travaillent essentiellement à diriger les enfants dans le rôle de «bon citoyen» d’une société profane dont le seul but est de maintenir le même niveau de conscience. Par conséquent, la famille se trouve dispersée, ses membres isolés, pour ne vivre ensemble qu’une communauté «hôtelière» et économique. La famille se trouve sans aucun centre autour duquel rayonner et sans aucun support psycho-spirituel. Elle est morte. De ce point de vue, c’est plutôt désolant.

Toutefois, les dix dernières années ont témoigné d’une résurgence spirituelle, créée par l’acide lysergique, la bombe, le rock’n’roll, la visite des maîtres orientaux et l’incroyable sentiment de vide et de mort qui en est la toile de fond. Comme la vie a horreur du vide, les temps se sont mis à changer.

ALORS
COMMENT
ON COMMENCE ?

Il faut commencer au commencement. Au commencement est l’Esprit. Esprit vient du latin spiritus qui veut dire souffle. Respire l’esprit, l’esprit qui maintient et qui soutient et sans lequel nous devons mourir à cette forme. Ce rien est la fondation sur laquelle tout doit être basé. La vie doit être consacrée à l’esprit seul car ainsi qu’il a été dit : « Cherchez d’abord le royaume des cieux et le reste vous sera donné par surcroît. ». Alors dans la Sadhana familiale, il en est comme dans toutes les sadhanas, c’est ici qu’il faut commencer. La famille dans tout ce qu’elle est, fait et représente devrait n’être consacrée qu’à l’esprit.

Ensuite : Une prise en considération bien terrestre des réalités du plan physique. Nourriture, abri et vêtements. Un examen des besoins réels. Pas de désirs, pas de fantaisies, mais vous savez… : combien de pantalons ? Quelle espèce de nourriture ? Quel genre d’abri ? De quelle taille ? Pour qui ? Où ? Et puis ?

COMMENT ?

MAINTENANT.

Pouvez-vous vous permettre de décrocher ? Pouvez-vous vous permettre de ne pas le faire ? Pouvez-vous et voulez-vous lâcher les choses, les valeurs, les trips auxquels vous êtes accrochés ? Si vous arriver à adapter votre façon de vivre actuelle à votre travail spirituel, ça va, vous êtes dans le ton (voir chapitres Gagner sa vie et Être en paix). Si vous ne pouvez pas, il va probablement falloir que vous introduisiez une transformation radicale dans votre vie. Essayez de faire de l’économie de subsistance. Débrouillez-vous sans trop ni trop peu, juste ce qu’il faut pour vous en sortir. Achetez une ferme abandonnée (il y en a encore beaucoup), ou branchez-vous sur l’artisanat. N’ayez pas peur de faire des erreurs mais ne tentez pas le diable pour autant.

Pourquoi la ferme ou l’artisanat ? Pour une simple raison : la famille peut «être» ensemble. Dans une telle situation chacun des membres de la famille peut trouver sa place. Le travail est clairement défini. Jésus était charpentier et Gandhi filait de la laine. La préoccupation quotidienne de subsistance sur le plan matériel doit être réduite et simplifiée. C’est dans la mesure où le travail se partage, dans le temps et l’espace (et reste basé sur l’esprit) que la famille évolue ensemble. Il s’y crée alors une relation de confiance, une ouverture, un organisme psychique se développe. À ce niveau, les possibilités sont inépuisables : ferme artisanat, magasins de produits naturels, épiceries, restaurants, crèmeries, journal parallèle, librairie. Branchez-vous sur la réalité.

Nous avons donc un environnement et la base pour la pratique. Appliquez le trip dans lequel vous êtes à l’aménagement de cet endroit tout entier. Essayez d’accorder votre rythme quotidien ; méditez ensemble, offrez chaque action à l’esprit, offrez toute nourriture à l’esprit, faites la cuisine avec amour et pour l’amour, gardez la maison propre et calme, que le Seigneur Bouddha pourrait y entrer et s’y sentir chez lui. Entretenez le corps comme un temple, lavez-le, nourrissez-le, soignez-le, ayez de la compassion pour lui, aimez-le. Se discipliner à suivre un emploi du temps est d’abord assez pénible mais vous en sentirez bientôt les résultats. Ça marche en automatique. N’y pensez pas. Remplissez-vous la tête de l’esprit. SOYEZ ! Soyez ensemble dans l’amour en étant ensemble dans l’esprit. C’est toujours faire l’amour. Faites l’amour dans la beauté, dans la joie, en vous regardant dans la vérité, choisissez le modèle de votre mariage : le Soleil, la Lune, le ciel et la terre, yab-yum, Shiva-Shakti, Siva et Parvati, les compagnons éternels, les noces alchimiques, Mohammed et ses femmes, Adam et Êve, le Christ et son épouse.

Que l’homme adore la femme comme Dieu, la Saint Mère, la Divine Shakti, la manne, la nourriture de la vie, la portée de l’Être, Isis, Astarte, la bonne Terre, la terrible Kali et elle-même. Tout cela. Elle est tout cela.

Et que la femme adore l’homme comme Dieu, le Fils, le Soleil, le Père, la Lumière de sa vie, le Créateur, le Pourvoyeur, Jésus, Ram, Shiva, Krishna, tous, et Lui-même.

Ô Saint Famille.

Ceci est le cœur de la pratique.

Et quand viennent les enfants, qui sont le fruit de cette union, considérez-les comme des avatars divins, des êtres saints venus récemment de notre vraie DEMEURE pour enseigner. Soignez-les et nourrissez-les comme ils vous nourrissent. Écoutez le son de leur voix, trouvez leurs penchants afin de les aider à accomplir leur destinée, donnez une matrice à leur conscience. Il faudra faire preuve de circonspection toute particulière pour les guider sur ce plan. Choisissez soigneusement les impressions initiales qu’ils vont enregistrer, tout comme vous choisissez leurs aliments. Ils sont l’espoir et la destinée de l’univers. Respectez-les et honorez-les. Guidez-les avec clarté. Gardez la demeure calme et à l’écart des données chaotiques. Que l’amour brûle dans toutes les lampes. Et à travers tout cela, faites face et maniez les difficultés avec souplesse. Il y aura sur la femme une grosse attraction de l’élément terre et les enfants sentiraient la moindre retraite psychique de sa part. Elle doit trouver un endroit retiré pour la méditation profonde. Quand ils se réveillent et vous voient méditer, expliquez-leur clairement ce que vous faites. Lisez-leur des histoires saintes pour les introduire à la vie spirituelle de façon à ce qu’ils s’en souviennent. Si votre pratique est régulière, elle ne pourra pas perturber vos enfants. N’allez pas trop loin ni trop vite, sinon un déséquilibre psychique anéantirait des mois de travail. Ne sacrifiez pas vos rapports avec les enfants pour ce que vous considérez comme des nécessités spirituelles. Tout est Sadhana. Chantez les mantras ensemble. Le premier mot d’un enfant ici était Allah (Dieu). Les enfants adorent bhajan ; ils n’arrêtent pas de chanter : Bhaja Shri Krishna Chaitanya, ou Om Sri Ram Jai Lai Ram. Faites-les entrer. Chantez ensemble.

Pour les hommes, c’est presque toujours un trip astral ; des voyages dans des pays radicalement autres, partis au point que les connections lâchent et qu’ils aient besoin de quelqu’un pour les comprendre. Alors, c’est Drame, Drame, Drame au lieu de Ram, Ram, Ram ; les hommes se débattent avec la mort, la renaissance et la peur ; c’est dur à assumer tout seul et être ensemble le rend parfois plus facile et plus difficile. La clef de tout cela est une reddition totale et absolue à l’esprit. Ensuite tout est possible.

La véritable difficulté de la Sadhana familiale peut être de maintenir la discipline pendant longtemps. La plupart des autres Sadhanas se repose ouvertement ou tacitement sur une sangha. Mais une famille, dans quelque région que ce soit, n’y trouvera pas grand monde pour se joindre à elle. La plupart des gens sont sur leur propre chemin spirituel. On peut dire qu’ils constituent tous ensemble une sorte de sangha, mais le caractère particulier de la Sadhana familiale ne facilite pas l’intégration. Une bonne alternative serait donc de se grouper et de former une communauté spirituelle. C’est-à-dire, une communauté constituée dans le seul but de la spiritualité.

« Parcourant ces années-lumière Pourquoi tant de mystère
en sa seule compagnie si la vie est amour ?
on ose apprendre à être, La danse conduit nos pas
à vouloir, à se taire, en cent huit mille détours
quand le mirage est vide à travers la souffrance
on peut s’en retourner. que le paisible ignore.
Cheminant depuis quelques siècles La cause n’est pas secrète
Pour déchiffrer karma quand on passe au-delà
qui me fait apparaître on se croise aujourd’hui
à l’endroit de mon choix, mais d’avant se connaissent
pour n’avoir su donner. Et la femme, et la mère, et l’enfant. »

— Guy Skornik

Sadhana en Solitaire

Naturellement tu auras plus de temps et plus de souplesse pour pratiquer Sadhana si tu vis seul. Tu peux te lever très tôt le matin, chanter tes mantras à haute voix, allumer des bougies, brûler de l’encens, faire sonner des clochettes et utiliser tout ce qui te rapproche de l’Esprit sans déranger personne. Si tu jeûnes, ça ne gêne personne ou tu peux adopter sans compromission le régime qui te rendra léger et te rapprochera de l’Esprit.

Puis il y a le silence. Si tu préfères un univers tranquille, sans radio, sans télévision, sans musique tu peux, en vivant seul, filer tranquillement ton cocon de quiétude.

Tu peux aimer développer la pratique du témoin à haute voix : « Et maintenant il se dirige vers le réfrigérateur… il hésite… il décide de faire pranayama à la place… ». une pratique pareille, même si elle ne remplace pas le compagnon de chambre idéal, t’aidera efficacement à garder le témoin.

D’un autre côté, en vivant seul, tu n’as pas l’occasion de développer le sens du service qui résulte des échanges de la vie courante. Tu pourrais alors chercher à retrouver les autres, ne serait-ce qu’un peu, pour préserver cet équilibre. Recherche des situations suivies où les échanges pourront être profonds plutôt que mondains et sociaux ; ton travail peut consister à enseigner dans un centre communautaire ou prendre la responsabilité d’un groupe de jeunes etc… Les situations les plus prenantes, celles qui tendront le plus à te captiver, éprouveront mieux ta capacité de garder ton centre et la vigilance du témoin.

Travailler avec les autres te donnera aussi l’occasion de voir comment le fait de perdre ou de retrouver son centre est perçu par ceux qui t’entourent.

Enfin, la solitude veut-elle vraiment dire que tu vis seul ? Même s’il te semble que tu vis seul ? Tu sais qu’en fermant la porte et en faisant le noir, tu vois en toi la porte ouverte et la lumière allumée et que «quelqu’un est dans ta chambre… l’ombre d’un oiseau s’envole, s’envole, s’envole…»

Mourir

On doit vivre avant de mourir mais on doit mourir avant de pouvoir vivre.

Vis consciemment ! Meurs consciemment !

Gandhi, le saint homme politique indien, fut tué en sortant de chez lui par un assassin qui lui tira quatre balles en plein corps. On entendit Gandhi prononcer le nom de Rama en tombant. Les rishis (sages indiens) enseignent que mourir en prononçant le nom de Dieu vous mène directement «au-delà de l’au-delà» sans plus d’effort.

Pratiquer la Mort.

  1. Fais l’expérience de ta propre mort :

    La mort rituelle a été pratiquée à travers le monde durant des siècles. Plusieurs exercices de méditation bouddhiste peuvent te diriger à travers ta propre mort. Les ascètes chrétiens éprouvent leur mort par la contemplation afin de parvenir à une vision de la vie sub specie aeternitatis (en tant qu’éternel présent). Lis par exemple les recommandations de Saint Ignace de Loyola dans ses Exercices Spirituels.

    Laura Huxley demande aux participants de ses stages de faire psychologiquement l’expérience de leur propre mort. Par exemple :

    « Assombris doucement la chambre.

    Couche-toi sur ton lit, sur un divan ou par terre.

    Laisse aller ton corps. Imagine que la vie t’a quitté. Ne parle pas. Ne bouge pas.

    Imagine que tu viens de mourir. Ton corps est passif, sans vie, inutile. Ton corps est préparé pour les funérailles qui vont avoir lieu.

    Abandonne ton corps. Laisse-le là comme une chose qui ne t’appartient plus. Suis jusqu’à la limite le sentiment d’être solitaire, abandonné, privé d’amour – ni vivant, ni mort. Crie, hurle, jure si l’envie t’en vient. Va à la limite de ce que tu sens. Puis, quand tu auras crié, hurlé, juré, quand tu seras épuisé et vide, tu t’arrêteras pour écouter.

    Ceci est ta dernière fête. Parle à tous ceux qui sont là, dis-leur tout de toi, tes erreurs et tes souffrances, ton amour et tes aspirations. Tu n’as plus besoin de te protéger, plus besoin de cotte de maille. C’est ta dernière fête ; tu peux exploser, tu peux être misérable, pitoyable, insignifiant ou détestable. Tu peux être toi-même à tes funérailles.

    Et puis c’est une bonne occasion : fais ce que les autres ont manqué de faire. Tournes-toi vers le mal-aimé, le plus misérable, c’est l’occasion pour toi de faire acte d’amour envers celui qui en manque. C’est l’occasion pour toi de faire justice là où l’injustice intentionnelle ou involontaire a été commise. C’est l’occasion pour toi de donner chaleur et courage à celui qui ne ressent que solitude, froideur et mort.

    Laisse couler tes larmes les plus sincères. Laisse ton amertume partir avec elles. Quand l’amertume sera épuisée, tes larmes seront douces et bonnes. Prends la main de ce corps sans vie qui est le tien, prends-la dans tes mains et amène-la à tes lèvres pour un baiser d’amour et de respect.

    Reviens ensuite doucement dans ton corps vivant.

    Avec ce sentiment d’amour et de respect, tu reviens à ton corps vivant et tu laisses le sentiment demeurer en toi. Laisse-le pénétrer chaque nerf, chaque muscle, le long de chaque artère et de chaque veine. Laisse ce sentiment d’amour et de respect se répandre en toi à travers ton organisme entier puis, laisse-le rayonner à tout ce qui t’entoure : les objets, les animaux, les humains, tout cela fait partie de ta vie. Tu sais que le sentiment d’amour et de respect circule en toi avec la force de la vie elle-même ; laisse-le dans ton sang, laisse-le dans l’air que tu respires. Sens-le, accepte-le, donne-le.

    — Une recette de You are Not The Target de Laura Huxley.

    Le Livre des Morts tibétain est aussi un manuel pour pratiquer la mort et la renaissance, comme il y en eut plusieurs dans l’antiquité (ex. : Le Livre des Morts égyptien). Leur but est de guider le mourant à travers les différentes figures de cette transformation d’énergie que nous appelons la mort.

    Ces manuels ont été réédités récemment pour servir de programmes pour l’expérience de la mort et de la renaissance à l’aide des substances psychédéliques (cf. The Psychedelic Experience).

    Chaque fois que nous arrivons à «laisser aller» – nos buts, les combinaisons de nos représentation de l’ego, nos besoins de contrôle, de «forcer» – afin d’être plutôt que faire, nous mourons (en tant qu’ego) pour renaître (en tant que Soi ou Bouddha). Utilise un signal (le nom de Rama, une phrase, un mantra, une image, un mandala) pour déclencher une telle mort chaque fois que tu sens ton corps coincé dans ses tensions et ses désirs ; tu sens alors ta respiration se distribuer le long du corps, le diffusant, l’allégeant à mesure que tu meurs au désir, à l’ego, et alors «ce n’est pas moi, mais lui qui vit en moi».

    Le suicide, il faut le rappeler, est une forme de mort tout à fait différente puisqu’on reste attaché à l’ego. Plutôt qu’une libération, c’est une manifestation de servitude ; voilà pourquoi il a été condamné par les êtres évolués de tous les temps.

  2. Fais l’expérience avec quelqu’un d’autre.

Être avec un mourant, partager la conscience avec lui, l’aider à mourir consciemment, voilà une des plus belles manifestations du rôle de Boddhisattva. On peut le rechercher.

Quelques questions pour pratiquer ce yoga :

Méditez ensemble ou séparément comme vous le sentez. La méditation vous aide à demeurer dans l’éternel présent où rien ne se passe et elle vous aide à servir avec amour, avec un engagement total sans aucune trace d’attachement.

N’enseigne que par l’exemple en étant ce que tu enseignes. Si tu restes centré, ta présence calme contribuera à libérer tous ceux qui sont prêts.

Dis la vérité comme tu la vois… seulement quand on te la demande. Ne dis que la vérité. Ne regarde, dans le mourant, que ce qui est éternel sinon tu ne verras qu’un autre tour de magie de la Divine Mère. Toutes les formes que tu vois chez les autres ne sont, après tout, que les manifestations de ton propre désir. Quand un être évolué regarde, il ne voit aucune chose sinon toutes les choses simultanément ; il les connaît alors pour être toutes semblables.

Lis à voix haute ou à voix basse les paroles de Ceux Qui Savent.

Peut-être un jour aurons-nous, dans ce pays, des centres pour mourir et renaître, des endroits situés dans les montagnes ou près de l’océan où tous ceux qui le veulent pourront trouver la présence d’êtres conscients pour cet événement crucial. Des guérisseurs, des aides et des guides pourraient assister le mourant tout au long de son chemin, quel qu’il soit, religieux, métaphorique, yogique, ou psychédélique – à chacun de choisir.

Nous mourons tous à chaque instant et nous renaissons tous à tout moment ; en vérité… que cette mort/renaissance soit considérée comme physique ou psychologique. Toutes les suggestions faites plus haut peuvent être appliquées à tous moment de chaque journée et dans chaque échange avec les autres pour se rappeler et rester consciemment dans cette vérité.

« Légèrement ma chérie, avec le pied léger. Même quand on en vient à mourir. Rien de recherché, de prétentieux ou de grandiloquent. Pas de rhétorique, pas de trémolos, pas de personnage trop conscient de lui-même en train de jouer les jeux célèbres du Christ, de Gœthe ou de Little Nell. Et bien sûr, pas de théologie, ni de métaphysique ; juste le fait de mourir et le fait de la Claire Lumière. Alors jette tes bagages et vas-y. autours de toi des sables mouvants sucent tes pieds, ils tentent de t’aspirer dans la peur, les apitoiements et le désespoir. Voilà pourquoi il te faut marcher légèrement… »

« La Lumière, dit la voix enrouée, la Claire Lumière. Elle est là ; avec la douleur, malgré la douleur. »

« Et toi, où est-tu ? »

« Là-bas, dans le coin. Je me vois là-bas. Et elle voit mon corps sur le lit. »

« Plus claire », la voix murmure, à peine audible, « plus claire », et un sourire de bonheur intense au point de s’exalter, transfigura son visage.

Le docteur Robert lui sourit à travers ses larmes.

« Alors tu peux tout laisser ma chérie ». Il caressa ses cheveux gris.

« Maintenant tu peux tout laisser. Laisse-le. » ; il insista, « Laisse aller ce pauvre corps vieilli. Tu n’en as plus besoin. Laisse-le tomber. Laisse-le là comme un tas de vieux linge… Vas-y, continue dans la lumière, dans la Paix, dans la Paix de la Claire Lumière. »

— Aldous Huxley. Island.